Liam
Les filles étaient allées dormir et j'étais resté au salon avec Bertrand et Lucile.
- Bon, je vais y aller, dit Bertrand en se levant.
- Merci beaucoup Bertrand. Je n'avais aucunement l'intention de prendre la route de l'aéroport tout seul, surtout après la fatigue de la journée. On va sortir ensemble, je vais en profiter pour raccompagner Lucile, dis-je en prenant mes clés de voiture.
- Euh, je pensais passer la nuit ici, lança Lucile d'un air innocent.
- Lucile, je suis extrêmement fatigué et j'ai besoin de repos, répondis-je d'une voix légèrement irritée.
- Je suis fatiguée moi aussi et je t'évite ainsi un voyage en pleine nuit. De toute façon, je compte me lever très tôt demain, j'ai une cliente qui a demandé des tresses. Je dois être au salon à 7 h.
- D'accord, cedai-je à contrecoeur.
Je sortis raccompagner Bertrand à sa voiture.
- Ça va ? demanda Bertrand en me regardant attentivement.
- C'est compliqué man, soupirai-je.
- C'est quoi le problème exactement ?
- Je ne sais pas. Je ne sais que te repondre. Depuis un certain temps, je me pose beaucoup de questions concernant ma relation avec Lucile.
- Et pourquoi donc ? demanda Bertrand sans me quitter du regard.
- En fait, Lucile et moi sommes en couple depuis près de six ans comme tu le sais très bien. Lucile a ouvert son salon de coiffure il y'a deux ans et s'était prise une chambre à louer moins de deux mois après l'ouverture de son salon. Je lui avais fait savoir par le passé que c'était assez imprudent de sa part. C'était trop tôt et elle n'avait pas la moindre idée des revenus que lui rapporterait son salon de coiffure pour s’offrir déjà un loyer.
- Je vois, répondit simplement Bertrand.
- Elle m'avait fait comprendre qu'elle ressentait déjà ce besoin d'indépendance. Qu'elle en avait marre de toujours justifier ses faits et gestes à sa mère. Qu'elle serait libre de me rendre visite à sa guise et vice-versa. Je n'avais plus beaucoup insisté, car le loyer n'était pas exorbitant.
- Mais mec, t'es encore fâché pour une histoire vieille de deux ans ? demanda Bertrand interloqué.
- J'y arrive Bertrand. J'y arrive. Il y a six mois de cela, elle m'avait confié avoir l'intention de déménager pour un appartement plus grand. Je 'y étais opposé, car d'un côté, nous avions parlé de rencontrer sa famille pour parler de la dot. J'avais dû demander un prêt bancaire pour financer le voyage de Caroline pour l'Italie et Lucile était au courant. J'ai fini il y'a peu de payer les traites et je pensais enfin me présenter officiellement devant sa famille pour faire les choses comme il se devait.
- Elle était au courant de cela ? demanda Bertrand.
- Mais bien sûr, lui répondis-je avec véhémence. Grande est ma surprise quand Lucile m'appelle un soir il y a un mois de cela me demandant de la rejoindre. Elle me communique le nom d'un quartier. J'y suis allé sans me poser la moindre question et elle m'informa sur place que c'était son nouveau chez-elle.
- Comment as-tu réagi ? demanda Bertrand.
- Je suis simplement sorti et je m'en suis allé. Non seulement, elle me met devant le fait accompli, malgré mon désaccord, mais en plus, nous avons des projets de vie commune et elle agit comme si mon avis ne comptait pas.
- Oui et en plus, si vous comptez vous installer ensemble, à quoi bon s'installer dans un nouvel appartement ? demanda Bertrand d'un air ahuri.
- Elle me dit que sa chambre était devenue trop petite pour elle, qu'elle avait l'impression d'étouffer...
- Pourquoi ne pas s'installer chez toi alors ?
- Elle dit qu'elle est contraire au "viens, on reste" (la cohabitation avant mariage), expliquai-je à Bertrand.
- Et depuis un mois, ça ne s'est pas amélioré entre vous ?
- Disons qu'au départ, je ne voulais absolument pas la voir, mais là, ma colère s'est un peu estompée. Je crois aussi qu'elle a compris qu'elle est allée trop loin et essaie de faire profil bas.
- Mec, ce sont les problèmes de couple, ça ne manque jamais. Essaie d'en parler avec elle et trouvez une solution ensemble. Six ans ce n'est pas rien, me conseilla Bertrand.
- Je sais mec, si je suis encore là, c'est pour les bons moments que nous avons passés ensemble, ripostai-je en soupirant.
- Je vais y aller, lança Bertrand en me serrant la main.
- Bonne route mon frère et merci encore.
Je retournai sur mes pas et entrai dans mon appartement et ne la vis pas au salon. Elle s'était certainement déjà rendue dans la chambre. Je fis un saut rapide aux toilettes pour me débarbouiller avant de me rendre dans la chambre.
J'arrivai et je trouvai Lucile dans une pose lascive. Elle avait une nuisette transparente qui ne laissait pas de place à l'imagination. Elle se mit à ramper sur le lit en venant à ma rencontre.
- Chéri, qu'est-ce que tu attends pour me dévorer ? murmura-t-elle en venant encore plus près.
Elle arriva à ma hauteur et se colla à moi. Son parfum monta rapidement à moi.
- Hum bébé, j'ai envie de toi, chuchota Lucile en me léchant le lobe de l'oreille.
Je dus faire un effort surhumain pour ne pas la renverser sur le lit et m'enfoncer sauvagement en elle. Je soufflai un long moment avant de saisir fermement les deux mains de Lucile. J'ancrai mon regard au sien avant de me décider à parler d'une voix ferme.
- Lucile, ça ne marche pas ainsi. Tu ne peux pas vouloir utiliser le sexe pour m'amadouer. Je pense que s'il y a un problème, la solution serait avant tout de dialoguer.
Elle baissa honteusement la tête et libérant ses mains des miennes. Elle alla s'asseoir sur un angle du lit avant de tourner le regard vers moi.
- Liam, je te demande sincèrement pardon chéri, je suis allée trop loin. Je réalise seulement maintenant à quel point tu as dû te sentir blessé par mon comportement.
Pour la première fois depuis le début de ce différent qui nous opposait, j'eus l'impression que Lucile était sincère.
- Viens, on va essayer de dormir, il se fait tard et nous devons tous les deux nous lever tôt demain, surtout toi. Je vais un moment aux toilettes. Je m'y rendis pour me débarbouiller et vider ma vessie.
Cela faisait près de deux semaines que Lucile essayait de se faire pardonner. La dernière fois, elle m'avait carrément jeté à la figure que " Je ne sais pas pourquoi tu en fais tout un plat, ce n'est pas comme si c'était toi qui me payais le loyer". J'avais vu rouge à ces mots. Je lui avais hurlé à mon tour " Très bien, je dois parler seulement si je te paie le loyer, c'est ça ?", elle s'était par la suite confondue en excuse et avait essayé de s'approcher de moi, mais je l'avais tenue à distance par mon regard froid et j'étais ensuite sorti de chez elle en claquant la porte.
Je ne l'avais plus revue ni entendue depuis ce jour d'où ma surprise quand je l'ai trouvée ce soir chez moi.
Je ressortis des toilettes en essayant d'éloigner ces pensées sombres de mon esprit. J'entrai dans la chambre et trouvai Lucile profondément endormi. Je m'allongeai près d'elle et la pris tout de même dans mes bras. Je pense qu'avec la discussion de ce soir, mon cœur s'était un peu ramolli.
Je me sentais épuisé, mais étrangement le sommeil ne me gagnait pas. Je pensais à la dure journée qui m'attendait demain, ou tout à l'heure, devrais-je dire vu qu'il était déjà presque deux heures du matin. Je devais travailler en matinée, car j'avais pris une demi-journée au travail et je devais ensuite aller chercher maman à la station des bus. Elle venait avant tout pour accueillir Caroline, mais aussi pour le mariage de notre cousine qui avait lieu dans trois jours. J'y étais invité avec Lucile.
Je fus tiré de sommeil quelques heures plus tard par Lucile qui sautait hors du lit comme une guêpe et se rendait aux toilettes. Je l'entendais s'affairer dans la chambre, mais l'état de fatigue dans lequel j'étais ne me permettait pas d'interagir avec elle.
- Bonne journée bébé, murmura-t-elle doucement en me faisant un léger b****r aux lèvres.
- Bonne journée, répondis-je en prenant son visage en coupe et en approfondissant le b****r, signe que ma colère était passée.
Je relâchai enfin ses lèvres sous son regard ébahi. Elle me regarda longuement avant qu'un large sourire ne s'étire sur ses lèvres.
- Je t'aime, lança-t-elle en me faisant un bisou de la main avant de sortir de la chambre.
Je l'entendis par la suite refermer délicatement la porte de la chambre. Je restai un long moment les deux fermés espérant m'endormir ne serait-ce qu'une demi-heure.
J'eus de la peine à retrouver le sommeil. Je jetai un bref coup d’œil à ma montre et m'aperçus qu'il était déjà presque l'heure de me lever. Ma montre marquait 6 h 55 et mon reveil était réglé pour 7 h. Je commençais le boulot généralement à 8h et j'avais besoin de près d'une demi-heure pour rejoindre mon lieu de service.
Je décidai de me lever afin de me préparer pour le boulot. J'ouvris négligemment la porte de ma chambre et me retrouvai face à face à Tiziana qui sortait de leur chambre. Nos regards se croisèrent à cet instant précis et j'eus l'impression d'avoir tout à coup de la peine à respirer. On se mit à se fixer dans les yeux sans articuler le moindre son. Je me mis à la parcourir inconsciemment du regard. Elle avait enfilé un pyjama deux pièces, la culotte lui arrivait à mi-cuisses. Je relevai ensuite lentement la tête et mon regard se perdit dans le sien.
- Euh, euh, priorité aux dames, j'imagine que tu allais aux toilettes, balbutiai-je.
Elle était carrément rouge pivoine et n’arrêtait pas de fixer mon torse. Je me rendis compte que j'étais vêtu d'une simple culotte. Je m'étais levé précipitamment oubliant complétement que j'avais des invités à la maison.
- Oui, mais je t'en prie, vas-y toi, murmura-t-elle d'une voix embarrassée.
- Hors de question, dis-je en me courbant galamment. Après toi.
Je retournai immédiatement dans ma chambre et me laissai tomber lourdement sur le lit. Que venait-il de se passer ? Je n'avais donc pas imaginé cette espèce d'alchimie entre nous hier à l'aéroport. Cela avait été tellement fugace que j'avais pensé que mon imagination m'avait joué un mauvais tour.