Caroline
Je me levai très tôt le samedi matin et je me mis à charger les différents cartons dans ma voiture. Je me mis ensuite en route et quelques minutes plus tard, je garais au pied de l'immeuble qui abritait mon nouveau chez-moi.
Je descendis de voiture en portant péniblement mes affaires quand j'entendis une voix derrière moi.
- Bonjour, avez-vous besoin d'un coup de main ?
Je tournai la tête et vis une jeune-femme blanche, menue, cheveux bruns, assez frêle. Nous avions sensiblement le même âge.
- Euh, je vous remercie, mais ça devrait aller, dis-je avec un faible sourire.
- Je suppose que vous êtes la nouvelle voisine, répliqua la dame en répondant à mon sourire. Je suis Tiziana, j'habite l'appartement juste en face du vôtre.
- Enchantée, Caroline, répondis-je en lui tendant la main.
- Vous êtes certaine de n'avoir pas besoin d'aide ? insista Tiziana en regardant mes cartons.
- Euh oui, merci bien, acceptai-je finalement son offre bien que me demandant dans quelle mesure elle pouvait m'être utile.
Elle me semblait tellement fragile que j'avais peur qu'elle ne se rompe l'échine avec un de mes cartons.
- Vous pouvez prendre celui-ci, repris-je en lui indiquant un de mes cartons les plus légers.
- D'accord, répondit Tiziana en soulevant sans difficulté le carton en question.
J'eus de la peine à masquer ma surprise.
- Haha, je fais toujours cette impression, lança Tiziana d'un ton hilare. Ne jamais se fier aux apparences, continua-t-elle en me faisant un sourire sibyllin.
Elle monta les marches sans difficulté en tenant le carton dans ses bras et s’arrêta quelques minutes plus tard devant la porte de mon appartement.
- Vous pouvez le déposer là, dis-je en lui indiquant un angle de mon minuscule salon. Merci encore.
- Il n’y a vraiment pas de ...
Tiziana dut interrompre sa phrase à cause de la sonnerie de l'interphone.
- Un moment s'il vous plaît, dis-je en me rendant à l'interphone. Qui est-ce ? demandai-je d'une voix surprise.
- C'est moi Caroline, Alessandro.
Mais que faisait-il là ? Je lui avais pourtant dit que je n'avais pas besoin d'aide. Je soupirai et me résignai à ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble depuis l'interphone.
- Tout va bien ? demanda Tiziana.
- Euh oui, merci, répondis-je sous son regard inquisiteur. Elle avait dû percevoir mon trouble.
- Euh, j'y vais. Je suis dans l'appartement juste en face, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez surtout pas.
- D'accord et merci encore pour tout à l'heure.
Je l'avais dit en la suivant dans le couloir. Alessandro déboucha à ce moment et arriva très rapidement à notre hauteur. Il jeta un regard surpris vers Tiziana avant de le reporter sur moi.
- Bonsoir, désolé de débarquer ainsi à l'improviste, je passais dans le coin et j'ai pensé à te faire un coucou et aussi pour savoir si tu avais besoin d'un coup de main.
- C'est très gentil de ta part, répondis-je. Au fait, je te présente ma voisine. Alessandro, Tiziana. Tiziana, Alessandro.
- Buonasera, piacere Alessandro (Enchanté, Alessandro), dit Alessandro en tendant la main à Tiziana.
- Piacere mio, Tiziana (moi de même, Tiziana), répondit Tiziana en acceptant la main d'Alessandro. Je vais vous laisser, bonne soirée à vous, poursuivit Tiziana en s’éloignant vers son appartement.
- À vous de même, nous répondîmes en chœur Alessandro et moi.
Après le départ de Tiziana, je me tournai pour faire face à Alessandro, le regard interrogateur. Je n’étais pas certaine d’apprécier sa visite.
- T'as fini ? demanda Alessandro pour rompre le malaise.
- Euh, pas vraiment. J'ai encore quelques effets dans la voiture.
- Qu'attendons-nous ? Allons-y, dit Alessandro avec un sourire embarrassé. Il avait dû percevoir mon malaise.
Nous descendîmes et transportâmes les cartons en près de trois tours.
- Où veux-tu que je mette ce carton ? demanda Alessandro.
- Dans la cuisine, répondis-je en le suivant.
Je déballai immédiatement le carton qu'Alessandro avait à peine déposé dans la cuisine et sortis tous les ustensiles de cuisine. Je commençai à ranger et Alessandro me donna un coup de main.
Je regardai ma montre et me rendis compte avec stupéfaction qu'il était déjà 19 h.
- Je pensais faire des pâtes à la tomate, ça te dirait ? demandai-je à Alessandro.
- Volontiers, répondit-il avec un large sourire.
Trente minutes plus tard, nous étions confortablement installés au salon à dévorer notre repas.
- Merci Caroline, s'exclama Alesandro en s'adossant à une chaise.
- Merci à toi, merci pour tout, répondis-je avec le sourire un sourire reconnaissant.
- T'as déjà tout emporté ? demanda Alessandro.
- Non, mais je n'ai plus grand-chose.
- D'accord, alors rendez-vous demain matin ici à 9 h.
- Mais, Alessandro ! Ce n'est vraiment pas nécessaire.
- J'insiste Caroline, affirma Alessandro d'une voix ferme.
Je soupirai simplement et lui lançai finalement un regard reconnaissant.
Tiziana
La nouvelle voisine avait aménagé il y a près de deux semaines de cela. J'avais eu l'idée de faire un petit gâteau pour lui souhaiter la bienvenue.
J'étais actuellement devant sa porte avec un petit plateau contenant ledit gâteau. Elle m'avait semblé sympa. Toutes les fois que nous nous étions croisées, nous avions échangé des cordialités et le courant semblait bien passer entre nous.
Je soupirai un moment en pensant à ma vie ces trois dernières années. Elle se résumait au boulot et à Giorgio. Je ressentais le besoin de sortir de ma zone de confort et de faire de nouvelles rencontres.
Dans ma ville natale à Palermo, même si je n’étais pas la personne la plus mondaine du monde, j’avais tout de même quelques amis et une vie sociale.
J’étais certaine que Giorgio n'allait pas apprécier mon initiative, mais j'en avais un peu marre de cette vie de recluse.
J'appuyai sur le bouton de sonnette où était inscrit : Caroline Nganso.
La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard sur Caroline qui me jeta un regard surpris, mais accueillant.
- Bonjour Tiziana, s'exclama Caroline avec un large sourire.
- Bonjour Caroline, ceci est pour toi, dis-je en lui tendant mon plateau. C'est juste pour te souhaiter la bienvenue.
- Wow, merci, c'est très gentil de ta part, s'exclama Caroline avec un sourire émerveillé. Viens rentre, ne reste pas là ! m'invita Caroline en se mettant sur le côté pour me permettre d’accéder à son appartement.
J'entrai et elle m'invita à prendre place.
- Je te sers quelque chose à boire ?
- Un verre d'eau merci, répondis-je un peu embarrassée, me sentant tout à coup comme une intruse.
Caroline apporta de quoi boire, quelques friandises et mon gâteau. Une petite gêne s'installa entre nous. Nous n’avions pratiquement rien à nous dire.
- T'habites ici depuis longtemps ? demanda Caroline pour rompre le malaise.
- Oui, pratiquement depuis mon arrivée à Brescia, c'est-à-dire trois ans. En fait, je suis venue à Brescia pour...
Je lui racontai les raisons de ma venue dans le nord de l'Italie et elle me raconta un peu de sa vie en Italie depuis près de cinq ans. Nous avions pratiquement le même âge, elle 27 ans et moi 25.
La soirée se déroula paisiblement jusqu'à ce que je ne reçoive l'appel de Giorgio. Un sentiment de panique m'envahit avant que je ne cherche à le dominer. Je ne faisais rien de mal après tout.
- Ne réponds-tu pas ? demanda Caroline en me regardant avec curiosité.
- Euh, je vais le rappeler plus tard. C'est Giorgio, mon petit ami.
- D'accord, répondit-elle sans me lâcher du regard. Comme je te disais tout à l'heu...
Caroline dut interrompre sa phrase car mon téléphone se remit à sonner incessamment.
- Tu devrais répondre, ça ne me dérange aucunement, lança Caroline.
- Euh, je vais y aller, il commence à se faire tard, rétorquai-je plutôt en me levant brusquement.
Caroline me regarda avec les yeux hébétés.
- D'accord ma belle et merci encore pour la visite, souffla Caroline avec un sourire un peu crispé.
- Il n’y a pas de quoi, dis-je précipitamment en sortant de son appartement presque au pas de course en tenant mon téléphone en main qui n’arrêtait pas de sonner.
J'entrai chez-moi et étais sur le point de décrocher quand la sonnerie fut interrompue. J'étais sur le point de le rappeler quand mon téléphone recommença immédiatement à sonner. Je décrochai le cœur battant.
- Où étais-tu bon sang ?! Et pourquoi ne répondais-tu pas à ton téléphone ? hurla Giorgio à l'autre bout de la ligne.