Chapitre 11

1291 Words
Tiziana Je me rendis à la porte et l’ouvris le cœur battant. Giorgio se présenta devant moi et sa carrure envahit entièrement mon champ de vision. Mon regard croisa le sien et j’eus l’impression qu’il était un lion prêt à déchiqueter sa proie. - Où est-il ? s’écria Giorgio en me bousculant et en rentrant dans l’appartement. - Pardon ? demandai-je d’un ton stupéfait. - Où est-il ? cria à nouveau Giorgio avec le regard qui lançait des éclairs. Il se rendit dans ma chambre en grandes enjambées. Je le suivis le cœur en ébullition. Il parcourut la chambre rapidement des yeux et s’approcha de l’armoire qu’il ouvrit brusquement. Il le ferma et ouvrit frénétiquement la porte fenêtre qui menait au balcon et y jeta un bref regard. Il referma la porte et retourna au salon en me bousculant. - Je suis certain que tu n’étais pas seule quand je t’ai eue au téléphone tout à l’heure ! tonna Giorgio. Avec qui étais-tu ? dit-il en se rapprochant de moi d’un air menaçant. - Euh euh, je t’ai pourtant dit que j’étais toute seule, dis-je d’une voix tremblante. - Et moi, je ne te crois pas ! tonna Giorgio. Tu n’étais pas seule. Il était maintenant face à moi et me regardait d’un air fixe. On aurait dit qu’il voulait sonder mon âme. - Tiziana, je vais te le demander une dernière fois, AVEC QUI ÉTAIS-TU ? scanda Giorgio en saisissant énergétiquement mon poignet. Il le serra fort en maintenant son regard féroce ancré au mien. - Euh, euh, balbutiai-je sans oser ajouter un mot. C'était bien la première que Giorgio usait de sa force physique avec moi. Il se contentait généralement de manifester ouvertement son mécontentement et si j'osai m'obstiner, cela finissait en grosse dispute. Je fis une grimace de douleur quand il resserra sa prise sur mon poignet. - Tu vas me répondre tout de suite, ne me fais pas perdre patience, hurla Giorgio en me poussant violemment contre le mur. Je grinçai les dents sous l'effet de la douleur et cela ne sembla l’émouvoir pour rien au monde. - J'ATTENDS, reprit Giorgio cette fois en me coinçant contre le mur. Il se rapprocha de moi. L'expression de ses yeux me fit frémir. - Euh, euh, j'étais avec la voisine d'en face, lâchai-je finalement en levant des yeux vers lui. Je devais admettre qu'il me faisait peur. C'était la première fois que j'avais affaire à cette version de Giorgio. Il semblait dans un état second. - Quoi ? Quoi ? Que t'ai-je dit à propos de cette fille ? demanda Giorgio avec fureur en se saisissant à nouveau de mon poignet et en le serrant plus fort. - Mais Giorgio, tu ne la connais même pas ? m'exclamai-je. En plus, c'est elle qui est venue à moi. - Que voulait-elle ? demanda-t-il en maintenant son air sévère. Tu n'avais pas à la laisser entrer ! - Que devais-je faire ? Elle s'est présentée toute souriante à ma porte avec un petit présent. Elle est venue juste pour une salutation rapide, rien de plus. D'ailleurs, elle n'avait pas beaucoup de temps, elle devait se rendre au travail. - Tu ne devais pas la laisser entrer ! Elle n'avait rien à faire ici ! - Mais Giorgio, que racontes-tu ? m'écriai-je. Je suis chez moi et jusqu'à preuve du contraire, je suis libre d'inviter qui je veux. - Pardon, s'écria Giorgio en se rapprochant dangereusement. Je me recroquevillai comme une enfant, prête à recevoir des coups. J'attendis de longues secondes avant de lever timidement la tête. Je croisai le regard effaré de Giorgio. Il sembla revenir à lui et réaliser tout à coup l'ampleur de sa bavure. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux et eut une expression tout à coup honteuse au visage. - Pardonne-moi bébé, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis vraiment désolé, s'écria Giorgio d'une voix pleine de remords. Je restai à le regarder sans émettre le moindre son. Je n'étais pas en mesure d'articuler. J'avais la gorge nouée par la peur et l'appréhension. - Je suis désolé bébé, s'excusa Giorgio une fois de plus avec une expression affligée au visage. Tu sais, je n’ai rien contre elle, mais je pensais que notre cercle d'amitié nous suffisait. J'ai mal pris le fait que tu veuilles te lier à d'autres personnes, poursuivit Giorgio d'une voix penaude. Je restai à le regarder avec le cœur qui battait de manière effrénée. J'avais l'impression de le voir pour la première fois. Il n'était jamais allé aussi loin dans ses crises de colère. - Bébé, pardonne-moi, pardonne-moi, je t'en prie, s'exclama Giorgio en faisant mine de se rapprocher de moi. J'eus un brusque mouvement de recul et levai un regard effaré vers lui. Giorgio s’arrêta brusquement, vit volte face et alla s'asseoir sur le divan. Il se prit ensuite la tête entre les mains dans une position qui exprimait un profond désespoir. Nous restâmes ainsi dans le silence le plus absolu pendant de longues minutes. Je me laissai choir et m'assis à même le sol. - Giorgio, t'es-tu jamais posé la question de savoir si je n'avais pas besoin d'avoir mes amis à moi ? demandai-je enfin d'une petite voix. - Je pensais que tu appréciais mes amis, dit Giorgio. - Giorgio, soupirai-je, j'essaie de te faire comprendre que je ne connais personne ici à part les tiens, je ressens aussi le besoin de me faire mes amitiés à moi, me créer mon petit monde à ... - Mais tu n'en a pas besoin Tiziana, m'interrompit Giorgio, tu n'en as pas besoin. Je suis là moi, si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, je saurais t'orienter d'accord ? Je hochai simplement la tête en me demandant dans quoi je m'étais fourrée. J'avais l'impression que Giorgio ne comprenait pas mes motivations. - Bébé, je t'aime tellement et tu es toute seule ici loin de ta famille, je me sens en quelque sorte responsable de toi et je veux t'éviter de mauvaises rencontres, tu comprends ? Je hochai à nouveau la tête. Après quelques minutes, j'essayai de me relever en prenant appuis sur mes mains. Je ressentis tout à coup une vive douleur dans le poignet que Giorgio avait serré avec force. Je me mis à le secouer délicatement pour essayer d’alléger la douleur. Le regard de Giorgio s’obscurcit à cet instant. Il se leva promptement de la chaise et essaya de se rapprocher de moi. Il me regarda d'un air désolé et essaya de me prendre dans ses bras. J'eus un autre mouvement de recul, mais Giorgio appliqua un peu de force et vainquit ma résistance. Il me serra à me rompre les os. J'éclatai en sanglots à cet instant. - Désolé chérie, je ne sais pas ce qui m'a pris, s'excusa Giorgio d'une voix contrite. Pardonne-moi bébé. Je pleurai de plus belle à ces mots. - Pardonne-moi bébé, pardonne-moi bébé, pardonne-moi bébé, répétait incessamment Giorgio pendant que mes larmes ne voulaient pas tarir. Je réussis enfin à me calmer après de longues minutes et Giorgio me guida avec douceur vers le fauteuil au salon. - Attends-moi une minute, je reviens, dit Giorgio en se rendant vers la cuisine. Il revint quelques minutes plus tard avec un morceau de glaçon recouvert par une étoffe. Il le posa délicatement sur le poignet endolori en me regardant avec les yeux doux. - Ça ira mieux, tu verras, désolé encore bébé, dit-il en alternant le glaçon et des baisemains sur le poignet endolori. Il passa l'après-midi chez moi à me demander pardon et s'en alla plus tard dans la soirée. Je restai assise sur la même place à fixer le vide. Que venait-il de se passer ?
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