Tiziana
J'avais dû décrocher le téléphone sous le regard inquisiteur de Caroline. J'y avais clairement lu de la méfiance.
- Allô, avais-je parlé d'une voix tremblante après avoir soigneusement refermé la porte de ma chambre.
- Que fais-tu ? Et avec qui es-tu ? avait hurlé Giorgio d'une voix altérée.
- Euh, j'étais aux toilettes, je n'avais pas entendu le téléphone sonner.
- Tu te fous de ma gueule ? hurla Giorgio, tu te fous de ma gueule ?
- Mais que racontes-tu Giorgio ?
- Tu veux te moquer de moi ? De toute façon, ne réponds rien, j'arrive ! s'écria Giorgio avant de me raccrocher le téléphone au nez.
Je posai le téléphone sur le lit et m'y assis le cœur battant la chamade. Il fallait que je fasse sortir Caroline de mon appartement le plus tôt possible. Giorgio s'énervera encore plus en disant que je lui ai menti. Je me rappelle encore de sa réaction quand il m'avait appelée quand je me trouvais dans l'appartement de Caroline. J'avais décidé par la suite de prendre mes distances avec elle.
Flash-back
- Où étais-tu ? hurla Giorgio au téléphone, ça fait près de dix minutes que je t'appelle.
- Euh Giorgio, euh, euh, en fait...
- Parles bon sang, s'exclama Giorgio d'une voix étouffée par la colère.
- Euh, en fait, j'étais chez la voisine d'en face, la nouvelle, tu te souviens que je t'ai parlé d'elle, marmonnai-je d'une voix tremblante.
- Quelle voisine ? Pourquoi lui rendre visite ? D'où la connais-tu ? s'écria Giorgio.
- Euh, justement, c'était pour faire connaissance avec elle, rétorquai-je.
- Mais pourquoi donc ? Pour quoi en faire ? Elle pourrait être dotée de mauvaises intentions, s'exclama Giorgio.
- Mais Giorgio, tu ne l'as jamais vue, tu ne peux pas la juger sans la connaitre, m'exclamai-je.
- Tu n'as pas besoin d'elle de toute façon, nos amis nous suffisent, affirma Giorgio.
Tes amis, eus-je envie de répliquer, mais je préférai me taire avant que les choses ne dégénèrent vraiment.
- Je ne veux plus que tu ailles chez elle, ordonna Giorgio d'un ton ferme. Il faut éviter de te lier aux inconnus.
Un petit silence embarrassant s'installa sur la ligne pendant un bref moment.
- Alors, ta journée a été ? demanda Giorgio d'une voix douce cette fois.
- Oui, tout s'est bien passé, répondis-je d'une voix morne.
- S'il te plaît bébé, ne te fâche pas, tu sais que je suis aussi protecteur parce que je t'aime, dit Giorgio d'une voix amoureuse.
- Oui, je le sais, mais je trouve tout de même que tu exagères, tu ne la connais même pas, elle m'a vraiment l'air sympa, répondis-je d'une petite voix.
- Tu as bien dit l'air sympa, tu ne sais rien d'elle Tiziana, répliqua Giorgio d'une voix forte cette fois, complètement en contradiction avec le ton amoureux qu'il avait adopté il y a peu. Il faut toujours se méfier des inconnus. Je ne veux pas te voir avec elle.
- D'accord, répondis-je d'une voix désabusée.
- Je vais te laisser bébé, je t'aime bébé, dit Giorgio.
- Bonne nuit Giorgio.
J'avais raccroché et m'étais ensuite laissée tomber sur le divan au salon, le cœur battant. La réaction de Giorgio était certes excessive, mais il fallait admettre que je m'y attendais un peu. Chaque fois que j'avais voulu sortir de ma zone de confort, faire quelques rencontres, cela s'était toujours terminé en grosse dispute.
Je restai un long moment à fixer le plafond. Je repensai à Ernesto, et même à Anselmo, mes ex, ils avaient tous près ou plus d'une dizaine d'années de plus que moi et j'avoue m'être toujours sentie en sécurité avec eux. Ils avaient certes eu cette tendance à vouloir un peu me dicter ma conduite, mais je pense que c'était toujours dans la limite du supportable. Ils me conseillaient d’ailleurs généralement, mais la décision finale m'était toujours revenue.
J'avais évité pendant toutes ces années des motifs de conflit et je m'étais imposée cette vie recluse dont je n'étais plus sûre me convenir.
Je repensai une fois de plus à la proposition de Giorgio de nous installer ensemble. J'avais toujours eu des réticences à propos et je pense que ce comportement possessif de sa part en était l'une des raisons.
Fin de Flash-back
Je sortis enfin de la chambre avec un sourire forcé aux lèvres et mis pratiquement Caroline à la porte.
Je débarrassai rapidement la table et lavai le verre que Caroline avait utilisé et jetai les amuse-gueules qu'elle n'avait pas eu le temps de consommer. Je me précipitai par la suite à l'interphone pour déverrouiller la porte d'entrée de l'immeuble. J'entendis toquer à ma porte quelques minutes plus tard et j'ouvris le cœur battant.