Liam
Je me réveillai des heures plus tard et m'aperçus que Lucile était encore endormie. Je me perdis dans mes pensées et très vite, elles me portèrent vers la personne qui se trouvait dans la chambre d'en face. Un sentiment de honte m'envahit immédiatement. Il fallait vraiment que j’essaie d'avoir une discussion avec elle. Il me fallait m'excuser pour ce geste déplacé de ma part. Je n'avais aucunement le droit de l'embrasser. Il est bien vrai que le regard de Tiziana assombri par le désir ne m'avait pas facilité la tâche, mais je ne pense pas qu'elle se serait jetée sur moi si je ne l'avais pas embrassée en premier.
Je me dégageai délicatement des bras de Lucile et me rendis aux toilettes. Je fis une douche rapide et m'engageai dans le couloir. Il me fallait affronter maintenant le regard de Tiziana. J'entendis les voix de Caroline et Tiziana depuis la cuisine. Je fis une grande inspiration et me décidai à ouvrir la porte après avoir toqué de brèves secondes.
- Bonsoir les filles, lançai-je d'un ton que j'espérais désinvolte.
Je cherchai inconsciemment du regard Tiziana. Nos regards s'accrochèrent pendant de brèves secondes et cette dernière baissa immédiatement la tête, j'eus cependant le temps de voir une infinité d'émotions dans ses yeux.
- T'es rentrée depuis longtemps ? demandai-je en portant mon regard sur Caroline.
- Eh oui, je me suis arrêtée au marché Mokolo faire quelques achats avant de rentrer. J'ai promis à Tiziana de lui faire goûter du poulet DG en Italie sans jamais avoir le temps de le lui préparer.
- Mais où puises-tu toute cette énergie ? lui demandai-je en riant, même si je me sentais tellement embarrassé. Nous avons tous passé la même journée hier.
- Haha, que veux-tu ? Peut-être la course de l'Europe, ce n'est pas facile d'étudier et de jobber en même temps, répondit Caroline en éclatant de rire.
Je tournai la tête vers Tiziana et cette dernière évitait soigneusement mon regard.
- Bon beh, je vais vous laisser continuer alors, lançai-je avant de sortir.
Je poussai un ouf de soulagement en refermant la porte. Apparemment Tiziana avait tu notre b****r à Caroline et j'en étais soulagé. Qu'aurait pensé ma sœur de moi si elle avait été au courant ? Elle amène son amie dans ma maison et je me permets de l'embrasser ayant une copine de longue date connue de tous. Elle aurait peut-être pensé que je n'étais qu'un pervers qui avait envie de "goûter" à la peau blanche et le fait que Tiziana soit son amie n'avait apparemment pas suffi à m'arrêter. Je n'étais aucunement ce genre d'homme !
Je m'installai au salon et allumai le téléviseur. Une demi-heure plus tard, je fus rejoint par Lucile.
- T'es debout depuis ? demanda Lucile en se lovant contre moi.
- Pas très longtemps, t'es-tu bien reposée ?
- Oui, assez, j'en avais vraiment besoin, dit Lucile en s'étirant.
Caroline sortit de la cuisine sur ces faits.
- Salut Lucile, lança Caroline en apprêtant la table.
- Salut Caroline, répondit Lucile.
Caroline retourna à la cuisine et en ressortit près de dix minutes plus tard suivie de Tiziana. Quand mon regard croisa celui de Tiziana, un énorme sentiment de honte m'envahit immédiatement. J'avais presque envie de me libérer de l'étreinte de Lucile.
- C'est prêt, lança Caroline en s'installant.
Tiziana fit de même pendant que Lucile et moi nous levions pour les rejoindre.
- Bonsoir Tiziana, dit Lucile en s'installant à table.
- Bonsoir Lucile, répondit Tiziana.
Elle avait le visage totalement rouge et de l'embarras s'y lisait aisément. Je me demandais si j'étais le seul à m'en apercevoir.
On mangea dans la bonne humeur, bref pour Caroline et Lucile.
- Dès demain, je commence les visites à la famille. Je pense aller passer le weekend à Kribi avec Tiziana et on reviendra la veille de son retour.
- D'accord, répondis-je simplement.
Le dîner prit enfin fin. Caroline et Tiziana se chargèrent de débarrasser la table tandis que Lucile s'installait sur le divan avec son meilleur ami en main, c'est-à-dire son téléphone. Pff cette fille, il y avait vraiment du chemin à faire.
Caroline et Tiziana nous rejoignirent quelques minutes plus tard, mais Tiziana prit immédiatement congé de nous, en prétextant un mal de tête atroce, mais je savais bien que c'était toute cette situation qui la mettait mal à l'aise.
Lucile décida de passer la nuit chez moi. Nous nous levâmes tôt le lendemain matin et chacun vaqua à ses occupations.
Quatre jours étaient passés depuis le fameux b****r. La situation ne s'était pas vraiment améliorée avec Tiziana. Elle m’évitait comme la peste et passait la majeure partie de son temps enfermée dans la chambre et moi aussi de mon côté, j'avais passé deux nuits chez Lucile.
J'étais revenu un peu plus tôt aujourd'hui à la maison. J'avais besoin de parler à Tiziana. Je tenais à lui présenter mes excuses vu que demain matin très tôt, elle et Caroline avaient le bus en partance pour Kribi, une magnifique ville balnéaire du Cameroun. Elles reviendraient dimanche soir et Tiziana retournerait en Italie le lundi matin. C’était le moment ou jamais. Je la savais seule à la maison. Elle avait essayé de suivre Caroline pendant ses différentes visites aux membres de la famille, mais y avait très vite renoncé parce qu'on s'exprimait principalement en dialecte et elle ne participait donc pas à la conversation. Caroline revenait généralement le soir et elles en profitaient pour se faire un "Yaoundé-by-night". Il arrivait parfois que je les accompagne, mais je me sentais de trop, surtout que je me rendais bien compte que Tiziana n'était pas très à l'aise en ma présence.
J'ouvris la porte de la maison et Tiziana ne se trouvait pas au salon. Je décidai d'aller toquer à la porte de la chambre qu'elle occupait avec caroline. Je sentais mon cœur battre avec frénésie dans ma poitrine pendant que j'entendais des pas se rapprocher de la porte. Cette dernière s'ouvrit enfin et mon regard se perdit dans les prunelles sombres de Tiziana et j'eus tout à coup de la peine à respirer. Elle était la tentation personnifiée. Sa lèvre inférieure se mit à trembler et mon cerveau me sembla hors usage. Je me rendis compte tout à coup que Tiziana me regardait avec incompréhension.
- Euh, euh, balbutiai-je comme en adolescent, réalisant qu'aucune phrase cohérente ne me venait à l'esprit.