Liam
Nous étions arrivés il y a peu à l'aéroport de Yaoundé Nsimalen. Je ne saurai décrire le sentiment qui m'animait à cet instant. J'étais heureux du fait qu'elle s'en aille car elle représentait une véritable tentation pour moi, mais en même temps, cela me procurait un petit pincement au cœur de savoir que je ne la reverrais plus jamais.
Tiziana avait payé à l'aéroport les frais phytosanitaires, car elle avait ramené beaucoup d'aliments du Cameroun. Elle avait énormément apprécié notre variété culinaire.
Nous étions maintenant tous les trois debout en plein milieu de la salle aéroportuaire. Tiziana comme à son habitude, évitait de croiser mon regard. Il fallait aussi admettre que nous nous étions très peu vus ces derniers temps. Après notre entrevue qui s'était clôturée par un b****r torride, elle était immédiatement sortie avec Caroline. Elles étaient revenues et Tiziana s'était immédiatement enfermée dans sa chambre et le lendemain matin, je les avais accompagnées à la station de bus en partance pour Kribi.
Caroline avait décidé de passer le week-end à Kribi avec Tiziana afin de lui permettre de découvrir cette magnifique ville balnéaire. Elles en étaient revenues dimanche soir, c'est-à-dire hier soir. J'étais allé les récupérer à la gare de bus. Nous avions ensuite dîné et Tiziana s'était immédiatement retirée dans la chambre, car elle avait le vol très tôt ce matin.
- Tu vas me manquer ma belle, s'écria Caroline en serrant Tiziana dans ses bras.
- Toi aussi ma chérie, répondit Tiziana d'une voix émue.
J'étais en retrait tout en les observant. Tiziana se tourna enfin vers moi. Nos regards se perdirent d'un dans l'autre pendant de brèves secondes.
- Aurevoir Liam et encore merci pour tout, dit Tiziana en évitant mon regard.
- Il n'y a vraiment pas de quoi. Tu fais un très bon voyage et prends bien soin de toi, chuchotai-je à son oreille tout en la serrant contre moi.
Je la relâchai enfin et elle tira son trolley, nous fit une salutation de la main et s'éloigna rapidement. Je restai à la regarder un long moment. Je ressentais un petit pincement au cœur.
- C'est how bro ? (que se passe-t-il? en francanglais, langage courament utilisée au Cameroun ), s'exclama Caro en me bousculant d'un air moqueur. On dirait que tu es plus triste que moi du départ de ma pote.
- Haha, c'est une fille sympa en tout cas, répondis-je d'un ton léger.
Nous étions actuellement sur le chemin de retour de l'aéroport. Caroline était assise près de moi dans la voiture. Je ne saurais expliquer cette petite tristesse qui m'habitait en ce moment. Mais pourquoi avais-je l’impression tout à coup qu’il me manquait quelque chose ? Bah, ça me passera, pensai-je avec désinvolture.
- Tu la connais depuis longtemps ? demandai-je tout de même à Caro.
- Qui ? répondit-elle d'un air ailleurs.
- Bah qui d'autre ? Tiziana bien-sûr.
- Près de six mois, répondit Caroline.
- Depuis peu de temps alors. Comment se fait-il que vous ayez décidé de passer des vacances ici ?
- C'est compliqué Liam. C'est compliqué. Disons qu'elle traversait un mauvais moment et j'ai voulu l'aider.
Le reste du trajet se fit dans le silence, chacun perdu dans ses pensées.
J'avais à peine accédé au salon que mon regard se posa sur le canapé où Tiziana et moi avions été sur le point de f***********r. J'avais parfois l'impression que tout dans cette maison me la rappelait. J'avais passé le week-end ici tout seul après leur départ pour Kribi et j'avais revu en boucle nos moments.
N'y tenant plus, j'avais décidé d'appeler Lucile et de faire un saut chez elle.
- Coucou bébé, je suis super prise là. Te rappelles-tu du mariage dont je t’ai parlé il y’a quelques semaines ? Eh bien, c'est ce week-end.
Lucile m'avait en effet parlé du mariage d'une dame qui habitait près de son salon de coiffure et cette dernière l’avait réquisitionnée pour la coiffer et la maquiller durant les différentes cérémonies du mariage, ce qui impliquait d’être présente même durant la soirée.
- C'est pas grave bébé, avais-je répondu d'un ton conciliant. Demain alors.
- Ce n'est pas possible demain non plus. Je dois coiffer les filles d'une cliente à l'occasion de leur première communion. Je te fais signe tout de même demain quand j'ai fini.
Samedi soir, j'étais sorti avec quelques potes et étais rentré aux environs de minuit. J'étais sorti dimanche matin très tôt pour un peu de jogging. J'étais ensuite rentré à la maison et après une bonne douche, Lucile m'avait fait signe et nous avions passé une soirée paisible.
Nous étions à peine revenus de l'aéroport et Caroline s’était rendue dans sa chambre. Pour une fois, elle semblait à court d’énergie. Je me rendis dans la mienne pour me préparer pour le boulot. Une fois prêt, j'allai toquer à sa porte.
- Caro, je vais y aller, à ce soir.
- D'accord, à ce soir, hurla-t-elle de la chambre.
Je me rendis au travail et bossai tant bien que mal. Je décidai de rentrer un peu plus tôt que prévu vu mon état de fatigue. Nous avions dû nous lever très tôt ce matin pour aller à l’aéroport. Sur le chemin de retour, je décidai de rendre visite à Lucile.
J'appelai deux fois sans succès. J'étais déjà près de chez elle. Je décidai d'y aller tout de même. Je montai rapidement les marches qui menaient à son appartement.
Je toquai à plusieurs reprises et la voix de Lucile m'arriva de l'autre côté de la porte.
- Qui est-là ? demanda Lucile.
- C'est moi, répondis-je simplement.
La porte s'ouvrit enfin après quelques minutes et Lucile apparut dans mon champ de vision. Elle me fit un b****r rapide et m'invita à entrer.
- Viens bébé, dit-elle en ouvrant la porte. Je ne t'attendais pas là.
J'entrai dans le salon et eus la surprise d'y trouver son amie Véronique avec un monsieur d'un certain âge. À le regarder attentivement, je pouvais dire sans grand risque de me tromper que cet homme était dans la soixantaine bien révolue. Je tournai un regard interrogateur vers Lucile.
- Je te présente André, l'oncle de Véronique.
Je ne saurai m'expliquer le motif, mais j'avais l'impression que les deux filles n'étaient pas très à leur aise.
- Bonjour jeune-homme, me salua l'oncle en question en me tendant la main.
- Bonjour monsieur, répondis-je en prenant sa main.
Un bref s'installa dans la pièce.
- Euh, je vais vous laisser les jeunes, dit l'oncle en se levant.
- On va ensemble tonton, tu pourrais me laisser au niveau du stade Omnisport.
- Pas de problème, répondit l'oncle avec un sourire.
Les deux se levèrent et prirent congé de nous.
- Wow chéri, quelle surprise! s'exclama Lucile avec un large sourire.
- Oui, je passais dans la zone et j'ai pensé faire un saut. Je t'ai d'ailleurs appelée à plusieurs reprises pour te prévenir.
- Je vois, j'avais oublié le téléphone dans la chambre. Viens, assois-toi bébé, dit Lucile avec un large sourire.
Je m'installai sur le canapé et Lucile pris place dans mes bras.
- Que faisaient Véronique et son oncle ici ? demandai-je.
- Ils étaient salués une tante qui a perdu son mari dans mon quartier, ils en ont profité pour me faire un coucou, répondit Lucile.
- Je vois, répondis-je simplement.
Je restai dîner avec elle et on passa une soirée paisible.