Caroline
J'étais actuellement couchée dans la chambre chez Liam. Il était sorti pour aller bosser après notre retour de l'aéroport. J'avais besoin de repos, mais étrangement, je ne réussissais pas à trouver le sommeil. J'avais esprit en ébullition. Après que Tiziana m'ait confié avoir pensé à redonner une énième chance à Giorgio, je m'étais sentie très mal. J'avais l'impression qu'elle courrait un grand danger à se remettre en couple avec cet homme qui usait apparemment de la violence soit physique que psychologique envers elle. Tiziana n'avait pas d’amies à part moi et il ne fallait pas être un devin pour réaliser que Giorgio avait contribué pour beaucoup à cette vie de reclus qu'était la sienne. Tiziana était d'ailleurs une fille ouverte d’esprit, la preuve, elle avait décidé de me suivre presque aveuglément dans mon pays. J'espérais vraiment que notre dernière sortie avant le weekend à Kribi ait créé un déclic chez elle.
J'étais extrêmement fatiguée, mais j'avais de la peine à trouver du repos. Je décidai de rendre visite à ma cousine Gabrielle, la nouvelle mariée.
J'étais installée dans le salon de ma cousine et nous étions en train de papoter avec son mari Paul.
- Ma sœur ne fait jamais dans la dentelle, lançai-je à ma cousine d'un ton malicieux quand son mari s'était éloigné pour rapporter des boissons. Le gars est sexy, le gars est mignon, le gars est musclé, haha s'il te plait, on trouve le genre de mec-ci où ? S'il te plait, donne-moi le nom de la boutique, je vais m'en procurer en dizaine.
- Haha, je ne livre pas mes secrets aussi facilement. En plus, ma sœur, tu reviens d'Italie. Avec les beaux mecs sexy et élégants comme nous voyons souvent dans les films, tu veux me faire croire que tu n'as rien trouvé sur place ?
J'eus immédiatement une pensée pour Alessandro à ces mots. Une vague de tristesse m'envahit immédiatement. Bon Dieu, j'étais vraiment dans une impasse.
- Qu'y a-t-il ? demanda Gabrielle d'un ton alarmée. Thomas en fait toujours des siennes ?
- Pas vraiment, je l'ai bloqué de toute façon, répondis-je. En fait, j'ai connu quelqu'un d'autre, mais c'est un peu compliqué.
- C'est du sérieux ? demanda-t-elle.
Je ne sus que répondre à cette question. Du côté d'Alessandro, j'étais certaine que oui, du mien, c'était simplement la catastrophe.
J'étais sur le point de lui répondre quand son mari retourna au salon. Je fus soulagée de son interruption. Expliquer mes raisons équivalait à exposer ma mère et c'était la dernière chose que je voulais.
Je passai une bonne soirée en leur compagnie. Ma cousine et son mari étaient vraiment en parfaite harmonie et je pensais qu'elle avait trouvé chaussure à son pied. Serait-ce un jour le cas pour moi ?
Je rentrai à la maison malgré tout l'esprit en tumulte. La situation avec Alessandro me pesait énormément et j'espérais y trouver une solution le plus vite possible. Ma santé mentale en dépendait.
La vibration de mon téléphone me tira de mes pensées. Je vis que l'appel provenait d'Alessandro. Je soufflai un bon moment avant de décrocher.
- Bonjour Alessandro.
- Bonjour, répondit Alessandro en soupirant.
C'était désormais ainsi, plus de mots doux. Ma froideur depuis que j'avais rejoint ma terre natale semblait l'avoir découragé.
- Tiziana a déjà pris son vol ? demanda Alessandro.
- Oui, je suis à peine revenue de l’aéroport.
- Tu vas bien ? demanda Alessandro d'une voix désabusée.
- Oui merci et toi ?
Il soupira encore un petit moment.
- Caroline, que se passe-t-il ? Depuis que tu es rentrée dans ton pays, tu as énormément changé. Déjà que tu ne semblais pas particulièrement enthousiaste depuis le début de notre relation, mais maintenant, j'ai l'impression de m'imposer à toi. Tu ne m'appelles jamais, ne cherches jamais à prendre de mes nouvelles.
Il fit un longue pause avant de reprendre la parole.
- As-tu changé d'avis ? demanda Alessandro d'une voix peinée.
J'eus un nœud à la gorge à ces mots. Cette situation que j'avais créée me pesait tout autant qu'à lui. Je ressentais sa douleur au plus profond de mon âme. J'aimais cet homme, mais j'avais l'impression que c'était un amour impossible.
- Ale, nous en reparlerons à tête reposée quand je serai de retour en Italie.
- Je vois, murmura Alessandro.
Un long silence s'imposa sur la ligne.
- Euh, je vais te laisser, fais-moi savoir s'il y a des changements sur ton vol de retour.
- D'accord, marmonnai-je.
Aucun de nous ne raccrocha cependant. On resta encore en silence pendant un temps qui me semble une éternité.
- Je vais essayer de me reposer un petit moment, bonne journée.
- Merci, répondit simplement Alessandro et il raccrocha enfin.
Je restai couchée sur le lit, le regard perdu dans le vide. Que faire bon Dieu ? J'avais l'impression d'être dans une impasse. Je devais passer le reste de mon séjour au village avec maman. J'essayerai d'en discuter une fois de plus avec elle. La suite de ma relation avec Alessandro dépendra de maman. Je n'avais aucunement l'intention de la décevoir, elle avait tout sacrifié pour nous, sa vie de femme y compris, elle ne s'était jamais remariée après le décès de mon père afin de se consacrer à nous, Liam et moi. J'espérais du fond du cœur qu'elle me comprendrait et me donnerait sa bénédiction, j'en avais besoin.