Tiziana
Flash-back (suite)
Après mon entretien, je décidai de me balader dans la ville et vers 15 h 30, je repris le métro pour retourner à la gare. Je pris place dans le petit café à l’intérieur de la gare et commandai un sandwich, je n'aurais plus l'occasion de manger une fois que mon train aura quitté la gare de Brescia.
J'étais actuellement assise dans le train et nous étions au niveau de la ville de Bologne quand mon téléphone me signala l'arrivée d'un message.
" Bonjour Tiziana, j'espère ne pas vous déranger. "
Mon cœur se mit à battre quand je réalisai que le message provenait de Giorgio, le monsieur que j'avais connu ce matin à la gare. Je devais admettre qu'il était vraiment bel homme et ne m'avait pas laissée indifférente malgré l'appréhension de ce matin pour mon entretien.
" Bonjour Giorgio, et non, vous ne me dérangez pas. Je suis d'ailleurs dans un train et un long voyage m'attend."
" Vous n'êtes donc plus à Brescia ? "
" Non, j'y venais juste pour quelques heures. En fait, j'étais là pour un entretien d'embauche."
" Je vois, pour quel poste avez-vous postulé"
" Sage-femme"
Je lui racontai brièvement mon entretien de ce matin.
" J'espère que vous serez retenue, en tout cas, je vous le souhaite"
Je parlai avec Giorgio pendant une bonne partie de mon voyage. Il m'informa qu'il travaillait dans une banque de la place. Il n'habitait pas très loin de la gare et préférait se déplacer avec le métro pour aller au boulot afin éviter les bouchons le matin.
Ce jour marqua le début de notre amitié. On s'appelait et s'écrivait très souvent, presque quotidiennement. J'avais l'impression qu'il était, lui aussi, intéressé par moi. J'étais désormais au courant de tout ce qu'il faisait de ses journées et lui des miennes.
Je reçus une semaine après mon entretien l'appel de la clinique m'informant que j'avais été retenue.
Je décidai de l'appeler pour l'en informer. Non seulement, j'avais besoin de trouver un logement le plus vite possible, mais en plus, nous étions devenus pratiquement des amis.
- Je suis vraiment embêtée là, je dois venir signer le contrat de travail dans quinze jours et je devrais commencer d'ici un mois. J'ai commencé à jeter un coup d’œil sur le net pour me trouver un logement. J'ai même déjà contacté quelques agences, mais jusque-là, rien de concluant.
- Je vois, je vais éplucher moi aussi les annonces et si je trouve quelque chose de bien, je te fais signe"
- Merci infiniment Giorgio.
Giorgio m'envoya par la suite des annonces d'agences immobilières. J'appelai les numéros inscrits sur les annonces et optai à la fin pour trois appartements que je visiterai quand je viendrai pour signer le contrat de travail.
Je fis exactement la même chose que la fois précédente. Train de nuit et arrivée en matinée dans la ville. Je signai rapidement mon contrat d'embauche. J'étais en train de sortir de la clinique quand je reçus un appel de Giorgio.
- Ciao bella, dove sei ? (salut ma belle, où es-tu ? )
- Je suis à peine sortie de la clinique.
- Envoie-moi ta localisation et je te rejoins, dit Giorgio.
- Tu ne devais pas bosser cet après-midi ? demandai-je à Giorgio.
J'étais désormais au courant de presque tous ses faits et gestes.
- J'ai pris ma demi-journée, je voulais t'accompagner à tes rendez-vous.
Je rougis de plaisir à ces mots. Il me plaisait énormément cet homme et cette manière gentille et prévenante vis-à-vis de moi me conquérait.
- Je suis dans la voiture rouge en face de toi, m'informa Giorgio au téléphone quelques minutes plus tard.
J'allai vers la voiture et il baissa la vitre à mon approche. J'ouvris la porte et m'assis sur le siège passager. Je tournai ensuite le regard vers lui et une vague d'émotions me gagna. On resta un bref moment à se fixer dans les yeux. Giorgio sembla se reprendre le premier.
- Buongiorno cara (bonjour ma chère), lança-t-il d'une voix détendue, rompant ainsi l'enchantement.
- Buongiorno Giorgio, répondis-je d'une voix embarrassée.
On se rendit au premier rendez-vous.
- Ce sera tout, l'appartement nous semble assez bien, mais nous vous reviendrons quand nous aurons pris une décision, dit Giorgio à l'agent immobilier.
J’avoue que j'étais assez surprise par le comportement de Giorgio. Il avait en effet pris congé de l'agent immobilier sans me demander si j'avais des questions à poser, ni demander mon avis par rapport à l'appartement en question.
Nous nous rendîmes aux deux autres rendez-vous et Giorgio se comporta exactement de la même manière.
- Tu devrais prendre cet appartement, lança Giorgio d'une voix autoritaire une fois retournés à sa voiture. Tu devrais d'ailleurs l'appeler dès demain pour le lui confirmer avant qu'il ne te file entre les doigts.
Je convenais parfaitement avec lui que le dernier appartement que nous avions visité correspondait parfaitement à mes attentes, mais c'était cette manière qu'il avait de prendre les devants qui me désarçonnait un peu.
- Euh oui, je vais y réfléchir encore un peu, ripostai-je tout de même.
- Oui, mais tu devrais te dépêcher si tu ne veux pas le perdre. Si tu veux, je peux les appeler à ta place demain.
- D'accord, répondis-je finalement.
Il avait raison en fin de compte. Je risquai de perdre cet appartement si je ne me décidais pas immédiatement, en plus, je n'avais pas trop de temps à ma disposition et trouver un logement n'était pas toujours évident.
J'étais reconnaissante et je me sentais flattée que Giorgio ait pris son après-midi au boulot afin de m'accompagner visiter les appartements.
- Que fait-on maintenant ? demanda Giorgio d'une voix gentille. À quelle heure as-tu ton train ?
- 20 heures, j'ai préféré prendre ce train-là pour ne pas avoir de pression durant les rendez-vous.
- Je vois, répondit Giorgio avec un large sourire. Il est 18 heures là, nous pourrions manger un morceau dans un bistrot sympa près de la gare et tu pourras ensuite prendre tranquillement ton train.
- Ça me va, lui répondis-je avec un sourire.
On se rendit dans le bistrot en question et on passa un bon moment en compagnie l'un de l’autre. Giorgio n’arrêtait de me regarder d'un air qui me donnait des fourmillements dans tout le corps. J'avais parfois eu de la peine à soutenir son regard et la lueur qui y dansait me donnait des idées pas très catholiques.
- On devrait y aller, dit Giorgio en regardant sa montre.
Je fis de même et me rendis compte que mon train partirait dans quinze minutes et nous étions heureusement à deux pas de la gare. Je m'étais tellement perdue dans ses yeux pénétrants que je n'avais pas vu le temps passer.
On se rendit au pas de course au quai et mon train y était déjà.
- Euh, euh... balbutiai-je tout à coup embarrassée en me tournant vers Giorgio.
- Bon beh ... dit Giorgio en me fixant dans les yeux.
Nos regards se perdirent encore l'un dans l'autre et comme mus par une force surnaturelle, on se jeta dans les bras de l'autre pour une étreinte pleine d'émotion.
Le coup de sifflet du personnel ferroviaire nos fit nous séparer brusquement.
- Tu fais un bon voyage, murmura Giorgio en me fixant d'un air languide.
- Merci, répondis-je timidement et montai précipitamment dans le train. Je m'assis et soufflai un long moment. J'avais le cœur qui battait à vive allure.
Giorgio m'appela quelques minutes après le départ du train et on resta en ligne une bonne partie du voyage.
Deux semaines plus tard, je débarquais une fois de plus à la gare de Brescia, mais cette fois, pour m'y installer définitivement. Ma relation amoureuse avec Giorgio commença dès mon arrivée à Brescia et continua tant bien que mal jusqu'à ce jour.
Fin de flash-back
En repensant avec du recul à tout cela, je me rendais compte que je ne connaissais presque personne dans cette ville. Je n'avais même pas réussi à établir de relations amicales avec mes collègues de travail, malgré leurs invitations constantes à sortir dîner de temps à temps. Giorgio s'y était toujours opposé et j'avais toujours cédé. Ma collègue Maura avec qui j'entretenais d'excellents rapports de travail m'avait réitéré une fois de plus invitation pour un apéritif et j'avais fini par accepter après de nombreux refus de ma part. Giorgio m'avait appelée ce soir-là et je lui avais simplement envoyé un message lui disant que je le rappellerai plus tard, car j'étais de sortie avec ma collègue. J'étais bien consciente qu'il ne l'aurait pas apprécié, mais j'avais préféré être sincère. Il en avait fait tout en plat et tout s'était terminé en grosse dispute. J'avais préféré éviter de renouveler l'expérience et ma vie à Brescia se résumait désormais à métro-boulot-dodo et Giorgio.