CHAPITRE X Le tournebride Pour se consoler de l’absence de son maître, Bertrand avait fait monter chez lui le portier de la maison. C’était un vieil Allemand nommé Schtrack, qui était venu en France pour faire des culottes, et, ayant trouvé une place de portier, passait son temps à boire, à fumer et à battre sa femme. M. Schtrack était du reste peu en état de soutenir une conversation, même avec une cuisinière, mais il buvait sec et écoutait avec un flegme imperturbable le récit des campagnes de Bertrand, et des détails que l’ancien caporal se plaisait à répéter souvent pour la vingtième fois, ce qui n’empêchait pas Schtrack d’avoir l’air d’y prendre le même intérêt, l’œil fixé sur le narrateur, remuant la tête ou fronçant le sourcil lorsque l’affaire devenait chaude, et enfin lâchant un