Chapitre 6

1754 Words
Logan  J'avais suivi Brigitte dans l'ascenseur et ce dernier avait immédiatement commencé sa marche. Je me tournai vers Brigitte et son expression faciale m’alerta. - Brigitte, vous allez bien ? Elle hocha nerveusement la tête sans me jeter le moindre regard. Pff, quelle prétentieuse cette fille ! Je me demandais parfois pourquoi je prenais encore la peine de lui adresser la parole. Je décidai à mon tour de l'ignorer quand je l'entendis parler d'une voix entrecoupée. - Mon Dieu ! Que se passe-t-il ? hurla-t-elle en lâchant sa mallette quand l'ascenseur fit une brusque secousse et s'arrêta. Les femmes ! Toujours à faire un drame pour trois fois rien ! Il n'y avait vraiment pas de quoi en faire un plat, l'ascenseur repartira certainement d'ici peu. - Brigitte, vous êtes sûre que vous allez bien ? demandai-je néanmoins. À cet instant précis, les lumières s'éteignirent. Je patientai un petit instant et n'obtint aucune réponse de Brigitte. Pff ! Je patientai encore un petit moment, mais l'ascenseur ne reprit pas sa course. - Il devrait repartir d'un moment à l'autre, dis-je pour faire la conversation, le silence commençait à devenir lourd dans l'habitacle. Toujours pas de réponse, mais je pouvais tout de même percevoir sa respiration qui me sembla accélérée. Je décidai de prendre mon téléphone dans ma poche pour nous éclairer, mais surtout pour trouver le bouton de téléalarme. La faible lueur de mon téléphone me permit de trouver facilement le bouton. Étrangement, Brigitte ne se rapprocha pas, ni ne s’intéressa à ce que je faisais. - Ça commence à trainer là, je pense qu'il serait mieux d'appeler les secours, dis-je tout de même à Brigitte. Bonjour, dis-je dès que j'entendis la voix de l'autre bout après que la sonnerie ait retenti une dizaine de fois. Nous sommes bloqués dans l'ascenseur. - Bonjour monsieur, pouvez-vous me donner le numéro identifiant de l'ascenseur ? - C'est le numéro ... - Combien de personnes y'a t-il dans l'ascenseur ? demanda la voix au téléphone. - Nous sommes deux, répondis-je. - Ok, restez calmes. Nous ferons de notre mieux pour résoudre le problème le plus vite possible. - Je vous remercie, répondis-je. C'est bon, ça devrait repartir d'ici peu, dis-je en me tournant vers Brigitte. N'obtenant aucune réponse, je braquai la lumière de mon téléphone dans la direction de Brigitte et son expression faciale m'inquiéta. Elle semblait au bord d'une crise de nerfs et respirait de manière saccadée. Son regard semblait vide et le faisceau de lumière en plein visage ne semblait pas l'incommoder. - Brigitte, que se passe-t-il ? dis-je en me rapprochant d'elle. Elle ne réagit pas et j'osai poser une main sur son épaule. Toujours pas de réaction. Sa poitrine se soulevait activement au rythme de sa respiration. Je réalisai à ce moment que quelque chose ne tournait pas rond. - Brigitte, Brigitte, dis-je d'une voix douce. Restez calme, vous n’êtes pas seule. Elle ne réagit toujours pas. - Brigitte, on va essayer de s'asseoir tout doucement. Vous serez plus à l'aise assise. Toujours pas de reaction. Je lui pris doucement la main et l'aida à s'asseoir à même le sol. Je fis de même et me mis face à elle. Je posai l'index sur son menton - Brigitte, regarde-moi dans les yeux. Tu vas faire exactement ce que je te dis, d'accord ? J'étais naturellement passé au tutoiement. La situation était tellement insolite que je trouvais déplacé de continuer à la vouvoyer. Elle hocha simplement la tête comme une petite fille. Je pris ses mains dans les miennes et lui donnai des instructions sans la lâcher du regard. - Prends une grande bouffée d'air, dis-je avec douceur en attendant qu'elle exécute, expire tout doucement, lentement jusqu'à vider complètement tes poumons. Elle le fit en maintenant ses yeux dans les miens. - On va répéter le même exercice à plusieurs reprises, dis-je doucement d'une voix encourageante. Elle se mit à faire des inspirations et expirations profondes et après quelques minutes, elle commença à respirer de manière plus ou moins normale. - Tu sais, je suis curieux de savoir ce que tu as prévu de présenter à madame Atsama tout à l'heure, dis-je en lui faisant un sourire encourageant. La diversion sembla fonctionner, car elle me fit un léger sourire. J'avais vu juste. Elle adorait son travail et en parler l'aiderait à surmonter sa peur. - Cette mini-cité sera la plus belle de toute la ville. Les chambres seront toutes spacieuses et très lumineuses et ... Elle se mit à me raconter un projet que je connaissais déjà par cœur, car nous l'avions conçu du début jusqu'à la fin. Elle était tellement belle quand elle parlait de son travail, son visage était tout à coup lumineux. Elle lâcha mes mains pour me représenter ce qu'elle avait en tête. Une sensation de vide m'envahit quand nos mains se séparèrent. - Wow, je suis sûr que madame Atsama va adorer nos idées et nous signerons notre contrat aujourd'hui même. J'en étais en effet convaincu et j'aurais aimé le fêter avec elle, même si je savais que cela relevait de l'impossible. Je la connaissais depuis presque trois ans et j'avais essayé quelques fois de l'inviter à prendre un verre et j'avais été simplement ignoré. - Oui, je le pense aussi, dit-elle en me souriant enfin. Notre travail est génial et ... Wow, elle était simplement magnifique quand elle souriait ! C'était bien la première fois que je la voyais avec un regard autre que strict. Des petites fossettes se formaient au creux de ses joues lui donnant un air tellement séduisant. J'avais l'impression que découvrir son sourire mettait mon cerveau hors-jeu. Je voyais ses lèvres remuer sans réussir à saisir le sens de ses mots. Inconsciemment, je me mis à les fixer et des idées pas très catholiques affluèrent à mon cerveau. - Logan, vous allez-bien ? me demanda Brigitte. C'était vraiment un comble. C'était maintenant elle qui s'inquiétait pour moi. - Non, je ne vais pas bien. Je meurs d'envie de vous embrasser. Le regard interrogateur de Brigitte me fit comprendre que je ne m'étais pas exprimé à haute voix. Elle semblait attendre ma réponse. - Oui, je vais bien. Vous allez mieux ? lui demandai-je à mon tour d'une voix douce. - Oui, même si j'irai vraiment bien quand je serai sortie de ce p****n d'ascenseur, répondit-elle en souriant. Brigitte qui disait un gros mot ! Je n'étais décidément pas au bout de mes surprises. - Oui, on est là depuis plus d’une heure. Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que la lumière emplit l'habitacle de l'ascenseur et ce dernier recommença lentement sa marche vers le haut. - Logan, ça bouge. Je crois que c'est bon, hurla Brigitte en se jetant dans mes bras. Je la réceptionnai et lui fis un large sourire. On se mit à se fixer longuement et tout à coup, l'atmosphère se chargea d'électricité. Nous semblions seuls au monde. Je n'arrivais plus à détacher mon regard du sien et pour la première fois dans ma vie, j'eus l'impression que Brigitte était attirée par moi. En fait, c'était la deuxième fois après la scène dans mon bureau. La sonnerie de l'ascenseur tinta et ce dernier s’arrêta. Brigitte se détacha brusquement de moi avant que les portes ne s'ouvrent. J'eus une fois de plus un sentiment d'abandon quand son corps se détacha du mien. Purée, que m'arrivait-il ? - Merci, dit sèchement Brigitte. Elle se courba et récupéra sa mallette qui était restée au sol et sortit de l'ascenseur. Pff, "la reine de glace" avait repris ses droits. Je la suivis en maugréant. - Brigitte, Logan, mes chers, je suis vraiment désolée de cet incident. Ainsi nous accueillit madame Atsama à notre sortie d'ascenseur. - Brigitte, vous allez bien ? continua-t-elle avec sollicitude tout en touchant délicatement du bras l'épaule de Brigitte. - Oui, madame, ne vous inquiétez pas, répondit Brigitte d'une voix forte et calme. - Et vous Logan ? dit madame Atsama en tournant un regard bienveillant vers moi. - Je vais bien madame, je vous en remercie. - Suivez-moi mes chers amis, rétorqua madame Atsama en prenant le couloir qui menait à son bureau. J'étais toujours impressionné quand j'y entrais. Tout objet dans cette pièce criait le luxe. Le bureau était fait en bois massif. Les fauteuils étaient un vrai appel à la relaxation. Madame Atsama était une femme extrêmement riche, mais ce que j'appréciais le plus en elle, était sa simplicité et son humilité. - Je tiens une fois de plus à vous réitérer mes excuses. Ces ascenseurs sont soumis à des contrôles rigoureux et nous déboursons chaque année une fortune pour leur maintenance. - Vous n'avez pas à vous en excuser madame, cela reste après tout une machine, et malheureusement, peut être sujette a des dysfonctionnements. - Nous pouvons repousser la séance d'aujourd'hui si vous ne vous sentez pas bien, dit madame Atsama en se tournant vers Brigitte qui était restée silencieuse jusqu'à présent. - Non, ce ne sera pas nécessaire. Nous pouvons d’ailleurs commencer, répondit Brigitte avec son calme habituel. - Bien, dit madame Atsama. Je vous écoute madame Mballa. - Je vous remercie. Après notre dernier entretien, nous avons... Brigitte détailla longuement toutes les modifications apportées au projet. Je fis de même, juste après elle. Nous étions maintenant silencieux en attente d'un signe de madame Atsama. Elle sembla encore pensive un petit moment avant qu'un large sourire ne s'étire sur ses lèvres. - Je suis vraiment satisfaite de vos présentations. Je pense qu'il est temps de passer à l'étape suivante. Elle prit le combiné du téléphone et appela sa secrétaire. - Francoise, apportez les contrats. Quelques instants plus tard, nous entendîmes deux coups frappés à la porte et la secrétaire fit son entrée quelques secondes après. - Les voilà, dit-elle en posant deux dossiers sur la table. - Madame Mballa, ceci est le vôtre. Tenez monsieur Etoundi, dit-elle en se tournant vers moi. Nous prîmes connaissance dudit contrat et chacun de nous parapha au fond de la page pour signifier son accord. - Bien, bien. Que diriez-vous si nous allions déjeuner pour fêter notre collaboration. Ce sera aussi pour moi l'occasion de m'excuser pour l'incident de tout à l'heure. - Ce sera avec plaisir, répondis-je. - Je vous remercie madame Atsama, mais ce sera pour une prochaine fois, répondit Brigitte au même instant. - Bah voyons Brigitte, j'y tiens. - D'accord, accepta Brigitte visiblement pas de gaieté de coeur. Madame Atsama nous amena dans un restaurant à quelques pâtés de maison de ses locaux.
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