Chapitre 5

1457 Words
Brigitte  Je réalisai à l’instant où je démarrais ma voiture que je n’avais aucune idée du lieu où se trouvaient les locaux de Logan. Nous avons eu à collaborer à plusieurs reprises et il était celui qui avait toujours fait le déplacement. >, envoyai-je simplement via SMS. > Au Cameroun, bien que toutes les rues aient un nom, nous ne les utilisions pas comme référence pour les déplacements, mais nous avions plutôt tendance à nous référer à des édifices importants se trouvant dans la zone (banque, église, supermarché, etc). Je garai devant la clinique en question et décidai de l’appeler. - J’y suis ! dis-je simplement. - Nous sommes dans le bâtiment blanc juste après la clinique, vous pouvez garer à l’intérieur, il y a de la place. Clic, il avait raccroché ! Je redémarrai en pestant tout en suivant ses indications. Je jetai un regard de dédain autour de moi. C’était à la limite de l’insalubrité ce lieu. Les murs étaient croulants et la peinture avait vraiment connu des jours meilleurs. Avec mes vêtements de luxe, je me sentais comme un poisson hors de l’eau. J’entrai et un jeune homme vint à ma rencontre. - Bonjour madame, je suis Stephane Bell, l’assistant de Mr Etoundi. J’eus envie d’éclater de rire à ces propos. Mais attends, du haut de son taudis “Monsieur l’arrogant” avait même un assistant. - Veuillez prendre place, je vous en prie, il vous recevra d’un moment à l’autre, continua Stéphane en m’indiquant une chaise. Je regardai la chaise en question en me demandant si je ne risquais pas d’effilocher ma jupe en soie en m’y asseyant. - C’est bon, je vais attendre debout. J’étais une habituée à des hauts talons, du coup, ce n'était pas vraiment un problème pour moi de l’attendre en restant debout. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que Logan comptait me faire attendre longtemps. - Il ne s’est pas encore libéré monsieur Etoundi ? demandai-je à Stéphane après avoir attendu près d’une demi-heure. Je sentais déjà tirer dans mes mollets. - Pas encore madame, mais cela devrait être le cas d’ici peu, me répondit Stéphane en jetant un coup d’œil à l’horloge murale. J’attendis encore dix minutes et un petit doute commença sérieusement à s’insinuer dans mon esprit. - Où se trouve le bureau de monsieur Etoundi ? demandai-je avec de la rage contenue dans la voix. - Celui juste en face de vous. Je vais aller voir s’il… - Ce n’est pas la peine, le coupai-je sèchement en me dirigeant résolument vers le bureau de l’enfoiré. J’ouvris la porte avec fracas et le cher monsieur était gaillardement adossé à son fauteuil et conversait allègrement au téléphone - Espèce d’enfoiré, criai-je avec rage. Je suis là à vous attendre pendant que vous êtes là à ne rien foutre. - Écoute mec, je te rappelle tout à l’heure. J’ai un petit problème à régler, dit-il en raccrochant calmement son téléphone. “ Un petit problème à régler ?” C’était moi son “petit problème à régler” ? Pour qui se prenait ce couillon ? - Espèce d’arrogant, lui dis-je avec colère. Pour qui vous prenez-vous ? - Et vous ? Pour qui vous êtes-vous prise la dernière fois dans votre bureau ? me demanda-t-il sur le même ton en se levant et se rapprochant de moi. - Je vous rappelle que vous êtes arrivé en retard la dernière fois, mais moi, j’étais ponctuelle et vous n’aviez pas le droit de me faire attendre ainsi. - Dix minutes de retard ! Dix petites minutes de retard ! - Et alors ? J’avais d’autres rendez-vous après vous ! Et en plus, si vous n’aviez pas perdu du temps à flirter ouvertement avec la réceptionniste, vous auriez gagné quelques minutes. - Bon sang, vous continuez avec cette histoire ? Je vous le répète, j’étais à peine arrivé quand vous êtes sortie de votre bureau. Nous étions face à face, le regard lançant des éclairs comme deux chiens en faïence. On resta ainsi à se fixer à l’infini et je ne saurai dire ce qui se passa, mais l’atmosphère devint lourde. Une certaine gêne s’installa dans la pièce et j’eus de la peine à continuer à maintenir son regard. - Écoutez, il est inutile de se prendre la tête, dit-il enfin rompant ainsi l’embarras qui s’était installé dans la salle. Prenez place, je vous en prie, continua-t-il en me désignant une chaise. Je lui jetai tout de même un regard noir avant de prendre place. Il toucha son clavier et l’écran de veille de son ordinateur disparut. - J’ai tenu à vous rencontrer pour vous faire part des petites modifications que j’avais en tête d’apporter. Cela ne devrait pas impacter tant que cela ce que vous aviez déjà prévu. L'enfoiré avait maintenant pris un visage tout sérieux, j'avais de la peine à croire que c'était lui qui m'avait fait le coup de tout à l'heure. - Comme je vous le disais la dernière fois ... Nous avions travaillé pendant près de deux heures. Avec toutes les modifications qu'il avait apportées, j'en avais pour toute la soirée, et peut-être même une partie de la nuit. - Je crois que nous avons fait le tour, dis-je en m'étirant. Je me sentais toute courbaturée. La lueur dans le regard de Logan me fit suspendre mon mouvement. Son regard parcourut ma poitrine avant de descendre lentement sur mes courbes. Je me sentis tout à coup mal à l'aise. Mon visage se ferma à l'instant. Je me levai prestement et rangeai mes effets. - Je vais y aller, lui dis-je froidement. - D'accord. À demain. Je sortis de son bureau et rentrai directement à la maison. J’ôtai simplement mes talons et me mis immédiatement au travail. J'avais aménagé un petit bureau chez moi. Je m’arrêtai pour grignoter un petit morceau et me remis à la tâche. Ouf, j'avais enfin fini. Je me redressai de mon fauteuil et me rends compte qu'il était déjà 2 heures du matin. J'avais droit à moins de 6 heures de sommeil, car nous avions rendez-vous avec madame Atsama à 10 heures et je comptais tout de même me lever à huit heures pour jeter un dernier coup d’œil avant d'y aller. Oui, je le sais, je suis une bête de travail, mais que voulez-vous ? C'était la seule chose qui ne décevait jamais. Plus tu en donnais, plus il en demandait, et plus tu en recevais en retour. Je regardai les bâtiments de la société Atsama tout en garant ma voiture aux pieds de son immeuble. Il était imposant. Je m'étais relancé dans l'architecture au Cameroun il y a cinq ans et j'avais déjà entendu parler de cette société en pleine expansion. Mais en 5 ans, son évolution avait été exponentielle. J'étais heureuse de pouvoir collaborer avec elle, car, je savais que si elle avait été pleinement satisfaite de mes services, beaucoup d'autres contrats suivraient. Je rentrai dans les bâtiments et exactement la même scène de la dernière fois se reproduisit. "Monsieur l'arrogant" qui attendait patiemment l'ascenseur. Je pestai intérieurement. Ce n'était vraiment pas de bol ! - Bonjour, dis-je froidement quand j'arrivai à sa hauteur. - Bonjour, répondit-il simplement. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent à cet instant et nous y entrâmes. Logan appuya sur le bouton de l'étage de madame Atsama et l'ascenseur commença lentement son ascension. Je me mise une fois de plus à fixer un point imaginaire et à compter mentalement tout en priant que l'ascenseur rejoigne le plus vite possible le quinzième étage. À un moment, l'ascenseur émit une petite secousse et je crus que mon cœur allait arrêter de battre à cet instant précis. Je me mis à serrer très fort mes mains. J'étais seule au monde. J’étais seule dans ma petite bulle de terreur. - Brigitte, vous allez bien ? La voix de Logan me sembla bien lointaine. Je fis un effort surhumain pour lui répondre, mais à la fin, je préférai me contenter d'un simple hochement de tête. L'ascenseur continua son ascension avant cette fois d'interrompre brusquement sa course me projetant contre la paroi du fond. - Mon Dieu ! Que se passe-t-il ? hurlai-je en laissant tomber ma mallette à même le sol et en posant mes mains sur ma poitrine. J'avais l'impression que mon cœur allait exploser tellement il battait vite. J'essayai de faire des exercices pour calmer ma respiration. J'inspirais et expirais fortement sans réussir vraiment à me calmer. - Brigitte, vous êtes sûre que vous allez bien ? La voix de Logan résonna cette fois comme un écho. La lumière se coupa à cet instant et je me sentis au bord de l'apoplexie !
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