IV - La Morgue

2010 Words

IV La Morgue J’avais beau m’abandonner corps et âme à ces horribles distractions, j’avais beau dénaturer toutes choses sans pitié ni miséricorde, faire du beau le laid, de la vertu le vice, du jour la nuit, c’était en vain ; plus mes progrès dans l’horrible étaient rapides, et plus je me sentais découragé et malheureux. Il me restait toujours, au fond de l’âme, je ne sais quel regret, sinon un remords. À la vie nouvelle que je m’étais imposée il manquait un but, une héroïne ; il manquait la jeune fille de Vanves. – Par un malheur inespéré, je la retrouvai un matin au détour de la rue Taranne, près de la fontaine, où elle regardait couler l’eau. Sur sa tête vous eussiez vainement cherché l’honnête chapeau d’une paille fanée, sur ses joues le coloris et l’animation des beaux jours, sur ses

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