V La soirée médicale J’appelai à mon aide tout mon courage : le soir était venu, le soleil se retirait du ciel brusquement et d’une façon menaçante ; j’avais froid, j’avais peur, j’avais honte ; l’approche d’un crime ne m’eût pas troublé davantage. Je me suis fait une théorie en matière criminelle qui pourrait fournir le sujet d’un gros livre. J’imagine que, si tous les hommes pouvaient habiter de vastes appartements, ils seraient bien moins accessibles au crime, bien plus sujets aux remords. Nous avons tout rétréci de nos jours. Un homme s’enterre dans un espace de six pieds de long sur six pieds de large qu’il appelle sa maison ; il amoindrit cet espace, déjà si étroit, par des tableaux, par des livres poudreux, par des statues d’après l’antique ; il s’étouffe sous le luxe et sous le p