III Les systèmes De ce jour seulement je devins triste, ou plutôt, j’en ai bien peur, je me fis triste. Il faut dire que le moment était bien choisi pour renoncer ainsi, de gaîté de cœur, à toutes les joies de mes vingt ans. Joies innocentes, joies printanières, que je retrouvais chaque matin à mon réveil, et qui m’accompagnaient de leurs doux éclats de rire jusqu’à l’heure tournoyante du sommeil. Mais, à mon insu, déjà une grande révolution s’était opérée dans la vieille gaîté française. La nouvelle poésie envahissait tous les esprits ; je ne sais quel reflet ténébreux d’une passion à la Werther me saisit, moi aussi, tout à coup, mais je ne fus plus le même jeune homme. Jadis gai, jovial et dispos ; à présent triste, morose, ennuyé ; naguère l’ami de la joie, des gros éclats de rire et