CHAPITRE 14

479 Words
J'ai regardé à droite, à gauche, il devait y avoir dix autres bêtes autour de moi, j'avais dix paires d'yeux qui me fixaient sans osciller. J'entendais des bruits inhumains, des bruits qui n'étaient même pas ceux des animaux, on aurait dit qu'ils communiquaient entre eux, comme s'ils étaient tous liés, la question qu'il devait se poser était de savoir ce qu'il allait faire de moi. La question à un million. Allaient-ils me dévorer ? Me déchiqueter ? Était-ce un comportement typique de ces bêtes ? Je veux dire, je n'y connaissais pas grand-chose en comportement animalier, mais de ce que j'avais pu voir dans les reportages téléviser le dimanche, assise sur le sofa jaune vieillot de ma mère, était tout autre. Les animaux communiquent entre eux, mais ils ne réfléchissent pas, seul le leader, l'alpha a le pouvoir décisionnel sur les autres membres de la meute. Ce qui veut dire que je devais trouver l'alpha parmi eux, pour pouvoir prévoir mon futur. Les autres ne bougeaient pas tant que lui n'aurait pas bougé. Enfin, c'est ce qui était dit dans le reportage. J'espérais que ce soit vrai. Ils étaient en rond autour de moi, ce paysage était aussi beau qu'effroyable, la lune, la pleine lune nous éclairait de toute sa beauté, je voyais des brides seulement de ces bêtes, c'étaient des loups, j'en étais sûre. Mais il ne ressemblait pas aux loups que j'avais pu voir dans des parcs animaliers, ou des espaces protégés, ceux-là étaient bien plus grands, bien plus imposants et donc, bien plus dangereux. Depuis quand Portland abritait de tels monstres ? je n'en n'avais jamais entendu parler ! Je ne savais pas comment réagir, je crois que, face à un loup, on ne devait jamais détourner le regard ? Ou peut-être que si, justement, on ne doit surtout pas croiser son regard ? À moins que ce soit valable que pour les ours ? Putain, dans tous les cas j'étais morte. Je ne trouverai jamais l'alpha. Je ne disposais que d'un bref instant avant qu'il se décide. Je ne comprenais pas vraiment, comment j'avais choisi de partir de chez moi pour venir dans cette forêt en pleine nuit, seule, j'avais l'impression de ne pas avoir été décisionnaire de mon propre choix, l'impression d'avoir été forcé. Mais, ce genre de chose n'existe pas ? J'ai réalisé que j'étais sous une emprise, véritable, réelle, je ne sais pas de quelle sorte, mais je sais qu'à ce moment-là, j'ai compris, ce genre de chose existe, je l'ai compris dans cette forêt sombre, dans cette forêt noire, maudite. À cet instant précis, j'adressais mes dernières prières à ma mère, un enfant ne devrait pas mourir avant un parent. Je voyais déjà les gros titres le lendemain dans la presse : "Une étudiante dévorée par les loups" "Les loups sont de retour à Portland" "Couvre-feu obligatoire" "Permis de chasse accordé"
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