CHAPITRE 13

598 Words
J'allais retourner dans mon lit quand je vis au loin, si loin que j'ai cru rêver dans un premier temps, deux points rouges qui me fixaient, je crois que, non, je suis sûre que c'était la bête de mon rêve. Je mis la main sur la vitre pour être sûr de ce que je voyais, et l'ouvrit pour me pencher offrant ainsi, à la vue de qui le voulait, la vision de ma nudité. Je suis certaine cette nuit-là d'avoir vu cette bête sourire, je ne sais pas comment l'expliquer avec mes mots, mais je suis sûre qu'il a retroussé ses babines. A cet instant j'ai fait quelque chose que je ne me pensais pas capable de faire, aujourd'hui encore je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, enfin si, mais c'était plus fort que moi, une force invisible, un épais brouillard, une bulle envoutante. Mon sang n'a fait qu'un tour lorsque que j'ai vu que la bête ne bougeait pas et me regardait toujours, il fallait que j'aille voir, il fallait que je sois certaine de sa présence. Ma mère est devenue folle, je ne voulais pas devenir comme elle, je voulais me protéger, je voulais voir, tout simplement voir si j'étais folle comme elle ou bien saine d'esprit. Quitte à ne trouver personne dans cette forêt, au moins j'en rigolerais. C'est idiot je sais, c'est drôlement bête mais à cet instant j'étais sûre que c'était la meilleure décision, vous auriez pu me mettre les meilleurs orateurs devant moi, avec les meilleurs arguments j'aurais maintenu ma version, je me serais battue, j'étais certaine de faire le bon choix, non même, le meilleur choix possible. Je pris le premier vêtement que j'avais sous la main, un tee-shirt oversized et je claquais la porte de mon appartement. J'étais en train de courir vers la bête qui n'avait pas bougé d'un pouce quand j'ai senti le froid glacial sous mes pieds, en voulant comprendre pourquoi et en baissant ma tête j'ai trébuché et je suis tombée par terre. J'avais la paume de mes mains arrachées et du sang commençait doucement à s'échapper, mes genoux étaient écorchés mais je ne sentais rien, j'étais en transe totale, je n'ai jamais pris de drogue (du moins pas volontairement, merci maman) de toute ma vie mais j'étais sûre que c'était l'effet de la drogue, j'étais excitée, hors de mon corps. J'étais arrivée à la lisière de la forêt, à mesure que j'avançais les yeux rouges reculaient, comme si depuis le début, j'avais le sentiment que cette bête était toute proche, mais qu'en réalité, elle était si loin que je devais m'enfoncer dans la forêt. Était-ce intentionnel de sa part ? Aucune idée. Voulait-elle que je vienne à sa rencontre ? Irréel. Était-ce une bonne idée, finalement ? Putain. Je n'en savais rien, tout ce que je savais sur le moment, c'est que je n'étais pas folle, j'avais froid, je mourrais littéralement de froid, je ne sentais plus mon corps, je ne savais même pas comment je faisais pour continuer à avancer, mais ce n'était pas grave, parce que, je n'étais pas folle, je n'étais pas comme elle, comme ma mère. À tel point que je me suis écroulé par terre, fesses contre terre pour reprendre mon souffle. C'est là que j'ai réalisé que je n'étais pas seule, enfin que nous n'étions pas seulement deux. Au moment où je suis tombé à terre, c'est comme si la bulle qui était autour de moi était restée en l'air, j'ai eu le sentiment de m'en être libéré, et de faire face à la réalité, la véritable réalité.
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