Chapitre 5

2319 Words
_ Non pas du tout. À vrai dire, Chase était mon meilleur ami. _ Oh..., fut tout ce que je pus dire. J'étais surprise car je ne m'attendais pas à apprendre ça. Petit à petit le puzzle se formait mais n'en demeurait pas moins flou et complexe. Chaque porte qui s'ouvrait était une nouvelle énigme qui se révélait à moi. Je découvrais des informations inattendues. Quel sombre secret cachait encore la mort de Chase ? Décidément West-Sosa était pleine de surprises. Je savais que Darren devait connaître Chase vu l'étroitesse de la ville. Mais de là à être son meilleur ami... _ C'est pour ça que tu paraissais si nostalgique quand tu étais venue chez moi la nuit dernière n'est-ce-pas ? Cette maison te manquait. Il acquiesça en me réveillant que depuis le décès de Chase, il n'a plus osé s'en approcher. Darren ajouta qu'en quelques sortes, je lui avais donné le courage d'y remettre les pieds. _ Pourquoi ne m'as-tu rien dit hier ? _ J'ignorais que ça t'intéresserait de l'apprendre. Et puis je ne voulais pas t'ennuyer avec ces histoires. _ Ça ne m'aurait pas ennuyé une seule seconde, au contraire... Je suis sincèrement désolée, ça a dû être un coup dur pour toi et pour Abraham. _ En ce qui concerne ce dernier je n'en serai pas si sûr si j'étais à ta place, cracha-t-il. _ Pour quelle raison ? Pourquoi tu ne sembles pas apprécier Monsieur Gallagher ? _ Tu as vu juste, je ne l'apprécie guère. Il est responsable de- _ Shérif Myers ! Le blond s'arrêta au beau milieu de sa phrase et tourna la tête en même temps que moi dans la direction d'où provenait la voix gutturale. Un homme géant et à la barbe bien fournie s'approcha de notre table. Il salua Darren et lorsqu'il se tourna enfin vers moi, je devinai son œil borgne sous sa casquette. Je reconnus aussitôt le mari de Lucianna la voyante, celui-là même que j'avais failli bousculer en quittant précipitamment la tente de cette dernière. Il fit comme s'il ne m'avait pas reconnu et me salua froidement pour ensuite discuter avec le shérif. Je prêtais attention à ce qu'ils se disaient tout en sirotant mon verre d'eau. Je crus alors comprendre que lui et sa femme allaient rester dans les environs encore quelques jours. Il voulait savoir si le shérif n'y voyait aucun inconvénient. C'était ma chance si je voulais demander de l'aide à Lucianna. J'osais croire que c'était à cause de moi qu'ils restaient dans les environs. Après tout, la voyante avait dit que je pouvais revenir. Darren lui dit qu'ils étaient libres de s'établir aussi longtemps qu'ils le voulaient. Cependant il lui conseilla aussi d'aller voir Mills pour ça car lui, il n'était pas habilité à leur donner cette autorisation. Il n'était que le shérif chargé du maintien de l'ordre public. Darren chercha à savoir s'ils souhaitaient un logement et leur proposa la pension que gérait sa mère. L'homme dont le prénom était Rick déclina l'offre en ajoutant que la caravane était assez spacieuse pour lui et Lucianna. Après un bref salut de la tête, il s'en alla d'une démarche lourde. Quel homme étrange, m'étais-je dit en le regardant disparaître au loin après avoir passé la porte du restaurant. _ As-tu fini ? Darren me demanda subitement en me ramenant une fois de plus à la réalité. _ Oui-Oui. _ Alors on y va. Il se fait tard. Son humeur avait immédiatement changé et je ne comprenais pas pourquoi. Était-ce parce que je lui avais rappelé de mauvais souvenirs ? En plus on avait pas fini de discuter car il était sur le point de me dire quelque chose à propos d'Abraham mais je dicidai d'abandonner vu son humeur actuelle. Le chemin de retour nous prions deux fois plus de temps qu'à aller car nous avions fait un détour pour nous rendre snack-bar de Violet. J'aurai voulu qu'il ne me dépose pas si tôt chez moi. J'aurai peut-être dû lui proposer d'aller autre part. J'avais tellement peur de me retrouver à nouveau seule dans cette maison tard dans la nuit. Mais j'avais assez abusé du temps de mon compagnon de ce soir. Lui demander de m'en accorder encore plus aurait sûrement parut malpolie. Avant de me laisser sortir, Darren m'attrapa la main pour y déposer un doux b****r. Je le laissai faire mais non sans surprise. _ J'ai passé une bonne soirée. _ Vraiment ? Je dirai qu'elle s'est plutôt terminée sur une note froide. _ Désolé d'avoir été de mauvaise compagnie, s'excusa-t-il sincèrement. Je n'aime juste pas me remémorer les circonstances de l'accident qui m'a arraché Chase. _ Je comprends, avais-je en me sentant un peu égoïste et injuste envers lui. Et non, tu n'as pas été de mauvaise compagnie. Moi aussi j'ai aimé cette sortie. _ J'aimerais te revoir, histoire de rattraper le coup. _ Je..., hésitai-je en battant nerveusement des cils. _ Ne te force à rien, prends ton temps. Tu as mon contact alors si tu souhaites de prendre l'air où si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle Super-Darren. Il m'arracha un rire. Je dus le surprendre lorsque je me penchai pour lui embrasser la joue car il me fixa un peu hébété. Je sortis de la voiture et après un signe d'au revoir, je rentrai chez moi. À peine avais-je refermé la porte pour me retourner qu'une imperceptible et grande main s'empara férocement de ma gorge en me faisant suffoquer. Chase... La maison était toujours plongé dans le noir et je n'y voyais absolument rien. Mais était-ce vraiment important ? De toute façon, même si la lumière avait été présente, je n'aurai pas distingué mon assaillant. Dehors, la voiture de Darren démarrait en vrombissant. Lui seul pouvait m'aider alors je devais lui faire un signe. Malheureusement pour moi, une grande main s'abattit sur ma bouche afin d'étouffer le cri de détresse que je m'apprêtais à lancer. Je tentais de hurler, je gesticulai en vain, Darren partit sans savoir que j'étais en danger. La peur jaillit de nouveau dans mes veines et mon cœur s'affola dans le mauvais sens du terme. Clouée à la porte, je fus soulevée en l'air. Je ne voyais pas la personne qui m'asphyxiait mais sa poigne était aussi féroce que impitoyable. On ne m'avait jamais brutalisé de la sorte. Je voyais la mort venir, mon souffle s'éteignait, mes membres me lâchaient. Ma vision commençait à s'obscurcir et à devenir floue. La seule question qui tourbillonnait dans mon cerveau en manque d'oxygène c'était : pourquoi Chase veut-il me tuer? Mes pieds battaient faiblement dans le vide et mon visage rougi devenait douloureux en même temps que ma gorge me brûlait. Allais-je vraiment mourir ? En sortant de chez moi tout à l'heure, je n'aurai jamais imaginé vivre cela. Et s'il voulait m'ôter la vie juste pour que je le rejoigne dans l'au-delà et que je sois éternellement à lui ? Je refusais de mourir. Pas comme ça, pas entre les mains de Chase. Avec le peu d'air qu'il me restait, j'ai alors essayé de la raisonner en priant pour qu'il m'écoute. Chaque seconde était précieuse mais aussi dangereuse car j'approchais de la fin. C'était la sensation la plus horrible qu'il m'ait été donné de vivre. _ Chase, avais-je murmuré d'une voix quasiment éteinte et enrouée par la boule brûlante qui enflammait l'intérieur de ma gorge. Avec ma main, j'essayais en vain de desserrer la sienne qui demeurait invisible. Les larmes me montèrent aux yeux. Pourquoi faisait-il ça ? Je n'aurai jamais pu penser qu'il puisse devenir dangereux à ce point. _ Chase pitié ! Ma phrase s'acheva avec une horrible quinte de toux qui vida un peu plus le peu d'oxygène que j'avais. La fin était proche. Mes yeux demeuraient fixé sur l'endroit où devait être le visage de mon meurtrier invisible. Même si je n'avais plus d'énergie, même si mes efforts semblaient être inutiles, je continuais de jouer le tout pour le tout. _ Ne...ne fais pas...ça. Mes paupières se fermèrent malgré moi et au moment où je croyais être sur le point de sombrer dans un coma profond, il écouta ma prière et me lâcha. Je tombai lourdement au sol en manquant de me casser la figure comme une merde. Je ne pensais qu'à une chose : j'étais en vie. Je n'avais jamais été aussi heureuse et reconnaissante d'avoir accès à de l'oxygène. Mais j'eus à peine le temps d'avaler une bouffée d'air bienfaitrice que je ressentis à nouveau sa poigne mais dans mes cheveux. Il m'attrapa violemment par la racine et me projeta au loin avec une force inhumaine. Je traversai quelques mètres et heurtai le mur à plein fouet. J'entendis vaguement des objets tomber et des choses en verre se briser. Je sentis un liquide rouge s'échapper de mon nez douloureux. J'avais mal. Tout compte fait, il aurait dû m'achever tout à l'heure. Je pressentais qu'il s'apprêtait à me crucifier et à supplicier mon corps. Allongée sur le sol, je touchai ma gorge à la recherche du réconfort qu'était la croix. Elle avait disparu, avais-je constaté avec effroi. Où était-elle tombée ? Malgré l'obscurité, je tentai de me relever et de ramper en direction des marches de l'escalier mais Chase m'attrapa les chevilles et me tira vers lui. Un cri strident s'échappa de ma gorge alors que mes ongles griffaient le parquet en bois ciré. Je vivais un cauchemar. La maison était éloignée des autres et je n'avais pas de voisins alors personne n'aurait pu venir à mon secours. Il me trimballa et me traîna à terre ainsi sur plusieurs mètres. Les débris d'une lampe qui avait dû se briser lorsqu'il m'avait balancée contre le mur m' écorchèrent les genoux sur mon passage. Je geignis de souffrance mais ça ne l'arrêta pas. J'allais sûrement en garder des cicatrices à vie. Le salon ne m'avait jamais parut aussi grand. Ma voix se cassa à force de m'époumoner. Que comptait-il me faire ? J'eus rapidement la réponse lorsqu'il arrêta de me tirer. Deux mains se glissèrent sous ma robe et s'accrochèrent à mon string avant de la tirer vers le bas. Je compris immédiatement ce qu'il avait en tête et je me remis à gesticuler. Je bataillais dans le vide car il était plus fort. Il me neutralisa en enserrant à nouveau ma gorge. Cette fois-ci il y alla moins fort mais quand-même assez pour me faire haleter. Trop occupée à chercher de l'air, je ne représentais plus une gêne pour lui. J'étais comme un chaton qu'on tenait par la peau du cou, je ne bougeais plus, je ne me débattais plus, j'attendais mon sort. Il retira rapidement le sous-vêtement et m'écarter les jambes avec brusquerie. J'avais l'impression qu'il était doté de plusieurs mains. Ma gorge toujours emprisonnée dans sa grande main que je pouvais juste sentir, je perçus son autre main sur ma peau. Elle me caressait, il me torturait. Et moi dans tout ça, je vivais un enfer. Une larme roula sur ma joue et tomba sur le sol suivi d'une autre. Puis ce fut un torrent intarissable. Des sanglots silencieux franchissaient la barrière de mes lèvres tandis que les doigts de mon violeur s'immiscèrent dans les chairs de ma féminité asséchée de dégoût. Aucune femme normale n'aimait être abusée mais là, je vivais cette expérience traumatisante avec un esprit. Qui aurait pu me croire si j'en avais parlé ? On m'aurait internée. Mon cœur s'était pétrifié à cause de la crainte. De la morphine circulait dans mes membres en les paralysant. Même si j'avais pu m'échapper, il m'aurait rattraper. Je fermai donc les yeux et me résignai en priant pour que le cauchemar passe. Sentant mon abandon, il délaissa enfin mon cou. Je serrai les poings lorsque ses mains agripper les hanches. Mes jambes étaient toujours écartées pour lui. J'ouvris subitement les yeux en sentant un souffle chaud sur mon visage. Je détournai ma face mais il la rattrapa violemment et me força à regarder dans sa direction. Je ne voyais pourtant rien, je ne distinguais aucune forme humaine. Par la suite, des lèvres se poser sur les miennes et une langue força leur barrière avec une rudesse qu'aucun homme ne m'avait encore témoigné. Ses doigts me fouillaient avec hargne en me faisant mal. Il me brutalisait. Je n'aurai pas été étonnée de voir mon intimité aussi ensanglantée que mon nez ou mes genoux écorchés. Chase m'embrassa avec une fougue farouche et dominatrice comme pour tatouer dans mon cerveau que j'étais à lui... Puis je compris. Il faisait ça par jalousie. M'avoir vu avec son meilleur ami avait dû le blesser. Il s'était senti rejeté par nous deux alors il déversait sa haine sur moi. Il ne supportait pas que je préfère Darren. Chase était jaloux du fait que ce dernier soit vivant contrairement à lui. Il savait que c'était un écart et un gouffre qu'il n'était pas prêt de combler. Darren avait une énorme longueur d'avance sur lui et ça le rendait plus que furieux. J'avais raison de penser que Chase pouvait s'en prendre à Darren. Peut-être qu'il s'était contrôlé pour ne pas lui faire du mal et il avait préféré me prendre pour un bouc émissaire. Si c'était le cas, j'acceptais de subir tout et n'importe quoi. Pourvu qu'il ne touche pas à Darren. Plongée dans mes pensées, je ne sus pas à quel moment les doigts violeurs s'extirpèrent hors de mon entre. La bouche de Chase n'était plus sur la mienne, le poids écrasant de son corps fantomatique non plus. Il était parti une fois de plus, me laissant seule. Je n'arrivais même pas à me sentir soulager, j'étais trop ébranlée pour ça. Je me sentais abusée et sale. Une colère engendrée par la profanation de mon corps m'aveugla. Même si c'était une bataille perdue d'avance, j'étais plus que jamais décidée à me débarrasser de Chase McKay avant qu'il ne devienne inarrêtable et invincible.
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