Erreur Judiciaire

Chapitre 2

C'était tout simplement stupéfiant ! Kenzie venait de réaliser, avec une pointe d'incrédulité, qu'elle se trouvait dans la somptueuse demeure du célèbre pianiste de Manhattan. Encore sous le choc, elle tentait de s'habituer à l'idée que cet homme extraordinaire lui avait ouvert les portes de son univers. Damon Sinclair, l'artiste adulé par des milliers de fans à travers le monde, avait insisté pour qu'elle accepte de passer quelques temps dans sa propriété, le temps de se trouver un nouveau logement. Kenzie n'avait jamais imaginé que sa vie prendrait un tel tournant. Lorsqu'on lui avait annoncé qu'elle était enfin libre, après des mois d'incarcération injuste, elle avait pleuré de joie et de soulagement. Mais à cet instant précis, elle s'était sentie plus seule que jamais, et cela lui avait arraché un sourire amer alors qu'elle se précipitait vers la sortie du pénitencier.

— Je passerai seulement une nuit ici. Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité, précisa-t-elle d'une voix empreinte de gratitude, tout en dardant sur Damon un regard à la fois reconnaissant et gêné.

Damon afficha un sourire bienveillant.

— Kenzie, vous m'avez fait comprendre que vous n'avez nulle part où aller. Vous savez combien il est difficile de trouver rapidement un logement à Manhattan, surtout dans votre situation. Alors je vous en prie, restez. Ne vous sentez pas gênée d'habiter avec moi dans cette propriété. Je vous dois bien cela après tout ce qui s'est passé.

Kenzie était décontenancée par cette générosité inattendue de la part d'un homme aussi éminent que Damon Sinclair. Elle aurait pu chercher une chambre d'hôtel, mais il semblait insister pour des raisons qui lui échappaient encore.

— Je ne suis pas habituée à ce qu'un homme comme vous me fasse une telle proposition. J'aurais pu me débrouiller pour trouver un endroit où loger, vous savez ? dit-elle d'une voix empreinte de timidité, n'osant pas remettre en question cette opportunité incroyable qui s'offrait à elle.

Damon laissa échapper un soupir, déçu par sa résistance.

— Kenzie, vous oubliez les journalistes. Ils finiront par vous retrouver, comme vous l'avez vous-même souligné. Tant que vous serez ici, dans ma propriété, ils n'oseront pas vous approcher. Je m'en assurerai, car désormais, vous êtes ma priorité.

Le terme "priorité" prononcé par Damon la déconcerta. Pourquoi se sentait-il si redevable au point d'en faire d'elle une priorité ? Il ne lui devait rien, même si le fait d'avoir été injustement accusée à sa place avait bouleversé sa vie de manière irréparable.

— D'accord, je vais rester, finit-elle par céder, submergée par un mélange de reconnaissance et d'inquiétude face à cette nouvelle tournure des événements.

Le sourire satisfait qui éclaira le visage de Damon témoignait de sa gratitude et de sa satisfaction. Kenzie ne pouvait s'empêcher d'être troublée par cette réaction positive de Damon. Elle ne l'avait jamais vu d'aussi près, malgré avoir assisté à plusieurs de ses concerts. L'admiration qu'elle éprouvait pour lui était indéniable, mais jamais elle n'avait eu le courage de l'approcher. Damon avait toujours semblé être un homme inaccessible, entouré de sa renommée et de son talent incontesté. Trois ans auparavant, bien avant sa rencontre avec Derrick, Kenzie avait secrètement nourri l'espoir de le rencontrer, de partager ne serait-ce qu'un instant avec lui.

Chaque fois qu'elle l'observait jouer du piano, il y avait quelque chose de magique en lui, une aura spéciale qui captivait son attention. Ses mélodies exerçaient une séduction envoûtante sur elle, et sans s'en rendre compte, elle avait assisté à de nombreux concerts dans l'espoir de saisir la moindre occasion de le rencontrer.

Jamais elle n'aurait pu imaginer que cette rencontre tant espérée se déroulerait dans des circonstances aussi déroutantes, la poussant jusqu'à être condamnée à la place de quelqu'un d'autre. Les événements s'étaient précipités à une vitesse folle, la plongeant dans un tourbillon d'émotions contradictoires.

— Monsieur Sinclair... commença-t-elle, incertaine de la manière dont elle devait l'appeler dans cette intimité inhabituelle.

Damon l'interrompit avec douceur.

— Je vous en prie, appelez-moi par mon prénom.

Kenzie hésita un instant, puis prononça son nom d'une voix timide.

— Damon... comment pourrais-je vous remercier?

Damon lui adressa un regard sincère.

— C'est plutôt moi qui devrais vous remercier, Kenzie. Vous m'avez sauvé la vie. Si vous n'étiez pas intervenue avant l'arrivée des secours, je ne serais probablement plus ici aujourd'hui.

Kenzie tenta de minimiser son rôle dans cette situation.

— Je n'ai vraiment pas fait grand-chose, vous savez...

Damon posa une main rassurante sur son épaule.

— Vous m'avez apporté un réconfort inestimable cette nuit-là. Votre présence a été pour moi une source de courage et d'apaisement. Ne sous-estimez pas l'importance de ce que vous avez fait.

Kenzie, submergée par les émotions, enveloppa Damon d'un regard empreint d'une curiosité mêlée d'admiration. Elle se demandait si Damon ressentait réellement une certaine culpabilité à son égard, au point de faire d'elle sa priorité. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il y avait plus derrière cette gratitude apparente.

— Allez, je vous laisse vous reposer, déclara Damon en se dirigeant vers la porte. Nous nous retrouverons pour le dîner. Et une dernière chose, Kenzie... Faites comme chez vous.

Kenzie esquissa un sourire sincère, touchée par l'accueil chaleureux de Damon. Lorsqu'il referma la porte derrière lui, Kenzie posa son petit sac, contenant ses papiers et son portefeuille, sur une table. Elle prit un moment pour s'imprégner de son nouvel environnement. La demeure était à la fois élégante et accueillante, reflétant le goût artistique de Damon. Les murs étaient ornés de tableaux et de photographies, témoignant de sa vie artistique et de ses rencontres avec d'autres personnalités renommées.

Kenzie sentit un frisson d'excitation la parcourir. Elle se rendit compte qu'elle avait désespérément besoin d'une bonne douche après avoir passé tant de temps enfermée entre quatre murs, avec pour seul confort un seau d'eau froide et un savon irritant. L'idée de se plonger dans un bain chaud, de se relaxer dans une baignoire confortable, lui semblait presque irréelle.

Elle suivit les indications de Damon pour trouver la salle de bains attenante à sa chambre. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle fut émerveillée par l'élégance et le raffinement de l'endroit. Un grand miroir encadré d'or trônait au-dessus d'un lavabo en marbre. Une baignoire à pieds trônait fièrement au centre de la pièce, entourée de bougies parfumées et d'étagères remplies de produits de bain luxueux.

Kenzie se déshabilla lentement, laissant ses vêtements froissés tomber sur le sol carrelé. Elle entra dans la baignoire et ferma les yeux, savourant la chaleur de l'eau qui enveloppait son corps. Les tensions accumulées pendant son incarcération commencèrent à se dissiper, remplacées par une sensation de calme et de détente. Elle prit le temps de se laver soigneusement, de laisser l'eau apaiser chaque parcelle de son être.

Alors qu'elle se prélassait dans la baignoire, les pensées se bousculaient dans sa tête. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à la soirée fatidique où tout avait basculé. Le destin avait joué un rôle étrange en la faisant se retrouver face à Damon Sinclair, un homme qu'elle avait admiré de loin pendant des années. Jamais elle n'aurait pu imaginer que cette rencontre tant espérée se déroulerait dans de telles circonstances, l'entraînant dans une spirale d'événements complexes et dangereux.

Elle se sentait à la fois chanceuse et vulnérable. Damon avait ouvert sa porte et son cœur pour l'accueillir, offrant sa protection contre les journalistes avides de scoops. Kenzie savait que sa liberté était fragile et que les médias ne laisseraient pas tomber si facilement. Mais ici, dans cette demeure, elle pouvait retrouver un semblant de paix et de sécurité.

Une fois sa toilette terminée, Kenzie sortit de la baignoire, enveloppée dans une serviette moelleuse. Elle contempla son reflet dans le miroir, s'interrogeant sur les défis qui l'attendaient.

Kenzie se sécha rapidement et s'enroula dans une robe de chambre douce et confortable. Elle sortit de la salle de bains et se dirigea vers sa chambre, où elle se glissa sous les draps frais du lit. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête, ne lui laissant aucun répit. Elle se demandait ce que l'avenir lui réservait, quelles épreuves et quels défis elle devrait affronter.

***

— Qu'est-ce qui vous prend, Hector ? Comment avez-vous pu le laisser envahir ma sécurité ? Nous avions établi des règles claires, n'est-ce pas ? s'exclama Damon, visiblement contrarié.

Hector baissa la tête, honteux de son échec.

— Je suis désolé, monsieur. J'ai eu peur. Il m'a menacé avec une arme, et j'ai pensé que vous deviez être informé de la situation. Peut-être devrions-nous appeler la police...

Damon, conscient du danger qui le guettait à l'extérieur, se mit à réfléchir intensément. Il savait que l'homme qui avait tenté de l'assassiner auparavant était déterminé à finir le travail. Il n'avait pas le choix, il devait agir avec prudence et ingéniosité.

— Écoutez, Hector, je comprends votre inquiétude, mais faire intervenir la police ne résoudra pas notre problème. Nous savons tous deux qu'ils n'ont pas eut le cran de l'arrêter malgré mon témoignage contre lui, et son père, influent et corrompu, ferait tout pour le protéger. Nous devons trouver une solution alternative.

Hector hocha la tête, comprenant les enjeux complexes de la situation. Il était prêt à soutenir Damon, quelles que soient les décisions prises.

Damon se dirigea vers un coffre-fort dissimulé dans son bureau et en sortit une boîte en métal. À l'intérieur se trouvaient des gadgets de défense personnelle, minutieusement rangés. Il avait pris ces précautions après l'attentat précédent, conscient qu'il devait être capable de se protéger lui-même.

Damon s'approcha de la fenêtre de son bureau et scruta l'extérieur. Il aperçut l'ombre de Mickaël. Il était clair que cet individu était déterminé à mener à bien son désir de vengeance. Cette fois-ci, il n'allait pas se laisser faire.