Erreur Judiciaire

Damon se dressa vivement de son siège en entendant la poignée de porte tourner. Il avait attendu plus qu'une heure dans le bureau du juge, les nerfs à vif. Lorsque le juge entra enfin, Damon souffla un grand coup. — Monsieur le juge, s'exclama-t-il. Je suis ravi que vous soyez finalement là. Le juge lui adressa un sourire. — J'imagine que l'attente a été longue, dit-il en s'asseyant derrière son bureau. Damon hocha la tête, réprimant l'envie de lui dire que cette évidence était une excuse bien maigre pour justifier une telle absence. Ce n'était pas le genre de chose qu'on pouvait dire à un juge. Il se devait d'être professionnel. — Je suis heureux que vous ayez survécu à cette terrible tragédie. C'est un véritable miracle, fit remarquer le juge avant de s'installer dans son siège. — En effet, admit Damon. — Cette femme qui vous a tiré dessus, j'ai veillé à ce qu'elle finisse ses jours en prison. Elle s'obstine toujours à clamer son innocence bien que toutes les preuves soient contre elle, déclara le juge d'un ton moqueur. — Cette femme a raison de clamer son innocence. — Comment ? S'exclama le juge avec stupéfaction. Il se redressa de son siège tandis qu'une surprise se peignit sur son visage. — Vous avez condamné injustement une inoncente. Cette femme n'est pas coupable. — Comment pouvez-vous en être sûr, Damon ? Les preuves sont accablantes contre elle. Nous avons retrouvé ses empreintes sur l'arme du crime. Damon essayait tant bien que mal de rester impassible face à cette déclaration. Des empreintes sur l'arme du crime ? Avaient-ils osé se baser uniquement sur ces empreintes pour lui coller perpette ?. — Monsieur le juge, je comprends que les empreintes digitales soient une preuve importante, mais avez-vous enquêté sur la possibilité d'une manipulation ultérieure de l'arme du crime ? Le juge soupira, agacé. — Nous avons examiné toutes les preuves de manière approfondie et nous sommes convaincus de sa culpabilité. — Vous vous êtes trompé. Vous devez immédiatement la libérer, exigea Damon. — Impossible, lança le juge. Nous n'allons pas nous baser sur les paroles d'une personne qui vient à peine de sortir du coma et qui n'a sûrement pas les idées claires. Nous ne pouvons pas la relâcher sur la base de simples suppositions. L'arme du crime portait bel et bien les empreintes de cette femme et cela suffisait pour en juger qu'elle était bien l'auteur du crime. De plus, lorsqu'on l'avait arrêté, ses mains étaient tachetées de sang. Le votre ! — Puisque je vous dis qu'elle ne m'a pas tiré dessus, s'agaça Damon. Lorsque cette femme m'a vu agoniser sur la route, elle a accouru pour tenter désespérément d'arrêter l'hémorragie. Je ne comprends pas comment diable ses empreintes ont pu se retrouver sur l'arme. Le juge réfléchit quelques instants avant de poser une question cruciale. — Et qui est donc le véritable coupable selon vous ? Damon prit une grande inspiration avant de répondre. — Mickaël Blake, lâcha-t-il en se frottant le front. Le juge leva un sourcil interrogateur. Il le fixa avec étonnement, ne s'attendant pas à une telle accusation de la part de Damon. — Vous êtes sûr ? Fit le juge qui avait du mal à le croire. Vous faites sûrement erreur, non ? Après tout, vous avez passé plusieurs mois dans le coma et cela pourrait affecter… — Une partie de mes souvenirs ? Compléta Damon d'une voix sarcastique. Damon était en colère contre le juge qui doutait de ses affirmations. — Je me souvient très des évènements de cette nuit et je peux vous assurer que c'était lui qui m'avait tiré dessus. Rendez-vous compte que cette femme paye pour le crime de ce fils de p**e ? Maintenant que vous connaissez l'auteur du crime, j'espère que vous aviez vite pour le mettre derrière les barreaux. Et cette femme bénéficiera des dédommagements pour chaque jour passé en prison. Je veillerai à ce qu'elle en reçoive bien plus. Damon se sentait responsable du sort de cette femme qui avait été injustement emprisonnée à cause de lui. Il ne pouvait pas rester les bras croisés, alors qu'elle subissait une lourde peine. Le juge exprima ses doutes quant à la possibilité de libérer cette femme, car il n'y avait aucune preuve contre Michaël Blake et sa parole seule ne suffisait pas. Il souligna également que pour la libérer, il faudrait que le fils du député avoue son crime, ce qui était peu probable. Damon lâcha un soupir d'irritation. La main plaquée contre son front. Il fit les cents pas de la pièce tout en réfléchissant. Le juge avait raison. C'était sa parole contre la sienne et il est certain que Mickaël n'avouera jamais son crime. Ce qui rendra la tâche bien plus difficile. — Vous êtes bien le juge, non ? Lâcha-t-il subitement. Vous avez le pouvoir de faire la justice et de défaire l'injustice. — M. Sinclair… — Combien voulez-vous pour faire libérer McKenzie Sawyer ? Le juge leva les sourcils, surpris par la question de Damon. — M. Sinclair, je ne suis pas corrompu, je ne peux pas accepter de l'argent pour changer une décision de justice. Je suis ici pour suivre les règles et les procédures légales, et rendre une décision équitable et juste. Damon savait que la libération de McKenzie Sawyer était une tâche difficile, mais il ne pouvait pas abandonner. — Je ne suis sûrement pas le premier à vous proposer de l'argent pour un service, et je ne serai pas non plus le dernier. J'espère que cette somme vous motivera pour que vous engagez des procédures pour la libération de cette femme. Le plus tôt possible sera le mieux, car je ne supporterai pas qu'elle passe un jour de plus dans cet endroit miteux. Le juge posa un regard déconcerté sur le papier rectangulaire que lui tendit Damon. — Non, je ne peux pas l'accepter. — Écoutez ! Cette femme n'a pas demandé à être dans cette situation. En voulant m'aider, elle n'avait eu aucune idée de ce qui allait suivre. Elle a perdu son honneur, son travail, sa liberté à cause de moi. Que feriez-vous si c'était l'un de vos proches qui payait pour le crime de quelqu'un d'autre ? — Ce que je ferais si cela arrivait à l'un de mes proches… Je suivrais toujours les règles et les lois en tant que juge, c'est mon rôle. Je comprends votre frustration, mais je ne peux pas être influencé par des sentiments personnels ou de la pitié. Ce n'est pas ce qui doit guider mes décisions. Ne voulant entendre raison, Damon posa le chèque sur son bureau. — Je suis bien déterminer à rendre la liberté à cette pauvre femme, alors écoutez-moi bien. Vous allez prendre ce chèque et engager les procédures pour sa libération. La décision finale est entre vos mains.