Mal à l'aise, Kenzie marchait en long et en large dans la pièce depuis une quinzaine de minutes, se demandant comment elle devrait se comporter avec Damon lors du dîner. Après ce qui venait de se passer, elle manquait de courage pour descendre malgré les encouragements qu'elle s'était donnés pour calmer son embarras et sa tension.
Elle s'imaginait déjà en train de fuir son regard, le ventre noué, les joues en feu. Elle se scruta dans le miroir tout en envisageant divers scénarios pour le dîner. Pourquoi avait-elle été si négligente ? Si elle avait bien fermé cette maudite porte, elle n'aurait pas eu à affronter ce malaise. Le regard qu'il avait posé sur elle lui revint en mémoire, la faisant rougir à nouveau. Elle savait qu'elle ne pourrait pas supporter sa présence alors qu'elle avait encore en tête les images de ce moment étrange.
Elle se mordit la lèvre, consciente du temps qui passait sans qu'elle ne descende. Elle imaginait qu'il devait être impatient, ce qui la frustra davantage...
Soudain, un coup à la porte la fit sursauter. Elle se retourna brusquement en espérant intérieurement qu'il ne l'ouvre pas. Elle ne serait pas capable de le regarder.
— Mademoiselle Sawyer ? Tout va bien ? demanda une voix derrière la porte.
Kenzie soupira de soulagement en reconnaissant la voix de la gouvernante plutôt que celle de Damon.
— Non, madame Cydia. Je ne me sens pas bien du tout. Pouvez-vous dire à Damon que je ne pourrai pas descendre ce soir ? supplia-t-elle. Je ne me sens vraiment pas bien.
— Devrais-je appeler un médecin ? s'inquiéta Cydia.
— Non, ce ne sera pas nécessaire. J'aurais juste besoin de me reposer et peut-être que demain, ça ira mieux. Veuillez présenter mes excuses à Damon et, s'il vous plaît, assurez-vous qu'on ne me dérange pas. J'ai vraiment besoin de me reposer.
— Je comprends, mademoiselle. Passez une bonne soirée.
Kenzie soupira de soulagement alors que la gouvernante s'éloignait. Elle se sentait presque reconnaissante de cette excuse providentielle qui lui permettait d'éviter un dîner gênant avec Damon. Elle avait bien besoin de temps pour digérer ce qui s'était passé et pour retrouver son calme.
Kenzie se dirigea lentement vers le lit, s'effondra dessus et ferma les yeux. Elle se sentait épuisée, non seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. Les événements de la journée l'avaient complètement ébranlée.
Elle se blottit dans les draps doux et se promit de confronter Damon le lendemain. Peut-être que d'ici là, le souvenir embarrassant de cet instant s'estomperait, et elle pourrait aborder la situation avec plus de sérénité.
Damon se tendit immédiatement lorsque Cydia lui annonça que Kenzie ne pourrait pas le rejoindre pour le dîner. Il était évident qu'elle avait inventé une excuse pour l'éviter, et il était certain qu'elle devait se sentir tout aussi gênée que lui. Il jeta un regard furieux à son assiette, puis mangea en silence, l'esprit encombré de pensées confuses. Avait-elle l'intention de l'éviter continuellement ? Ce serait vraiment absurde si elle prenait cette initiative. Il devait absolument trouver un moyen de rétablir une certaine normalité entre eux. Elle pouvait décider de quitter sa propriété, alors qu'il s'était engagé à veiller sur elle et à réparer tout ce qu'elle avait perdu à cause de lui.
***
Le lendemain matin, Kenzie se réveilla avec un mélange d'anxiété. Elle savait qu'elle ne pouvait plus éviter Damon. Malgré sa gêne persistante, elle se sentait prête à faire face à la situation.
Après avoir pris une profonde inspiration, Kenzie se leva de son lit et décida de se préparer pour la journée. Elle prit une longue douche pour se rafraîchir et se sentir plus en confiance. Pendant ce temps, elle réfléchissait à ce qu'elle dirait à Damon.
De son côté, Damon était aussi en train de se préparer pour la journée, mais son esprit était toujours hanté par la gêne de la veille. Il se demandait comment aborderait Kenzie la situation et s'il devait s'excuser en premier pour son comportement indiscret.
Finalement, Kenzie descendit dans la salle à manger, où Damon était déjà assis à la table, apparemment perdu dans ses pensées. Ils échangèrent un regard tendu, puis Kenzie prit la parole d'une voix hésitante :
— Damon, nous devons parler de ce qui s'est passé hier soir.
— Et si on faisait comme si rien ne s'était passé Kenzie. Oublions tout ça, voulez-vous bien ?J'admets que c'était une situation embarrassante, mais nous pouvons mettre cela derrière nous et avancer, proposa Damon, espérant apaiser la tension qui planait entre eux.
Kenzie parrut soudainement apaisé. Oui il avait raison. Il serait trop ridicule de s'éterniser sur cet incident.
— Vous avez raison. Oublions tout ça.
— Parfait ! Déclara-t-il en reposant le magazine qu'il tenait sur la table.
Son regard scrutateur se posa ensuite sur Kenzie, remarquant qu'elle arborait toujours les mêmes vêtements qu'hier. Cette observation ne lui échappa pas, et Kenzie, consciente de ce regard scrutateur, réalisa qu'elle n'avait pas encore eu l'opportunité de se changer depuis la veille. Une légère rougeur monta à ses joues alors qu'elle baissait les yeux, et elle admit d'une voix gênée :
— Je n'ai pas eu l'occasion de récupérer mes vêtements après ma sortie du pénitencier. Tout était passé si vite.
— Je comprends tout à fait, Kenzie. Ce n'est pas un problème, répondit Damon, voulant apaiser sa gêne. Vous devez les récupérer où ?
Face à cette question, Kenzie sentit une tension monter en elle. Elle réalisa soudain que ses vêtements étaient restés dans l'ancien appartement de Derrick. Celui-ci avait quitté cet endroit trois mois après son incarcération, et elle ignorait totalement ce qu'il avait pu faire de ses affaires.
Cette réalisation la plongea dans un état de perplexité. Elle se demandait si Derrick avait jeté ses vêtements, les avait donnés ou les avait simplement laissés à l'abandon dans l'appartement. Une bouffée d'angoisse l'envahit à l'idée de devoir affronter Derrick pour récupérer ses affaires, surtout après tout ce qui s'était passé entre eux.
— Je ne pense pas que je pourrai les récupérer de sitôt. Je préfère me refaire une nouvelle garde robe, dit Kenzie avec une pointe de découragement dans la voix.
Elle était réticente à l'idée de replonger dans son passé en contactant Derrick, et elle avait besoin de tourner la page pour avancer dans sa nouvelle vie.
— Dans ce cas, finissons de petit-déjeuner et je vous accompagnerai ensuite faire les boutiques, proposa-t-il en l'incitant à prendre place.
Interloquée par sa soudaine proposition, Kenzie regarda Damon avec surprise. Elle connaissait sa renommée en tant que pianiste réputé, et elle se demandait pourquoi il perdrait son temps à l'accompagner pour faire du shopping. La situation semblait presque irréelle. Elle se souvenait des concerts prestigieux qu'il donnait dans le monde entier et du temps qu'il devait consacrer à sa carrière musicale. L'idée qu'il puisse prendre une journée pour faire du shopping avec elle, une femme ordinaire cherchant à reconstruire sa vie après une période difficile, la surprenait profondément.
Damon, remarquant son regard interrogateur, esquissa un sourire.
— Vous pensez que je ne suis pas du genre à passer du temps à faire les boutiques ? sourit Damon, devinant probablement ses pensées. Cela ne me dérange absolument pas Kenzie, ajouta-t-il avec un sourire chaleureux, ce qui la troubla davantage.
Kenzie sentit son cœur battre un peu plus vite à la douceur de son sourire et à l'amabilité qu'elle lisait dans ses yeux. Cette attention inattendue la troublait profondément, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir reconnaissante.
Après avoir terminé leur petit-déjeuner, Damon embarqua Kenzie dans sa voiture. Ils se dirigèrent vers un quartier chic de la ville, bien loin des foules et des paparazzis. Là, Damon la guida vers une petite boutique de vêtements de luxe, soigneusement choisie pour sa discrétion.
En entrant dans la boutique, Kenzie fut émerveillée par la sélection élégante de vêtements. Cependant, elle ne put s'empêcher de se sentir un peu déplacée dans un endroit aussi chic, sachant que ces vêtements étaient bien au-delà de ses moyens actuels.
Kenzie déambulait dans la boutique, observant chaque vêtement avec curiosité. Ses doigts effleuraient délicatement les étoffes somptueuses, et ses yeux s'attardaient sur les détails sophistiqués des créations. Soudain, son regard se posa sur l'étiquette suspendue à une robe moulante de soie d'une élégance incontestable. Un battement rapide de son cœur trahit sa surprise lorsqu'elle lut le prix exorbitant inscrit en chiffres dorés.
Le souffle coupé, elle resta un moment interdite devant cette pièce de haute couture. Ses doigts se glissèrent nerveusement dans ses cheveux, et elle passa sa main sur sa bouche, comme pour contenir son inquiétude grandissante.
— Je ne pourrai jamais m'offrir les tenues d'ici, s'inquiéta-t-elle à voix basse, laissant échapper un soupir d'incertitude dans l'air feutré de la boutique.
Tout à coup, une voix douce brisa ses pensées. La vendeuse, habillée avec une élégance parfaite, s'approcha avec un sourire rassurant.
— Ne vous inquiétez pas du prix, Mademoiselle. Monsieur Sinclair souhaite prendre en charge vos achats, annonça-t-elle.
Alarmée par cette déclaration inattendue, Kenzie leva les yeux pour fixer la vendeuse, mélangeant surprise et refus dans son regard. Elle sentit une vague de panique la submerger. L'idée que Damon, un homme qu'elle venait de rencontrer et qui était bien au-delà de ses moyens, veuille payer pour des vêtements de haute couture lui semblait extravagante. Elle se mordit la lèvre, cherchant les mots pour refuser poliment cette offre généreuse.
— Je vous remercie infiniment, mais je ne peux pas accepter cela. Je ne suis pas habituée à ce genre de dépenses, expliqua-t-elle d'une voix sincèrement préoccupée.
Damon, qui avait observé leur échange en retrait, s'approcha avec un sourire chaleureux.
— Kenzie, je vous assure que cela ne me pose aucun problème. J'aimerais vraiment vous voir dans cette robe, insista-t-il gentiment.
Kenzie sentit son cœur s'accélérer alors que la vendeuse décrochait délicatement la robe de haute couture du cintre. Le tissu soyeux glissa entre les doigts de la vendeuse, captant la lumière de la boutique dans un éclat magnifique. La robe était un chef-d'œuvre de couture, avec des détails exquis et une coupe impeccable. Les cristaux scintillants incrustés dans le tissu semblaient briller de mille feux.
Ses yeux s'écarquillèrent devant tant de beauté, mais rapidement, une inquiétude grandissante l'envahit. Le prix de cette pièce était exorbitant. Ses doigts tremblèrent alors qu'elle passait une main dans ses cheveux, une habitude quand elle était nerveuse.
— Non ! Vous n'êtes pas obligé, s'exclama-t-elle. Je préférerais sincèrement que nous nous rendions dans un centre commercial. Nous ferons attention aux paparazzis, je vous le promets.
Elle avait du mal à cacher sa nervosité, mais son refus était catégorique. Accepter un tel cadeau, aussi tentant soit-il, remettait en question ses valeurs personnelles.
Damon fixa Kenzie avec un regard empli d'une douce déception. Bien qu'il ait été disposé à lui offrir toutes les tenues qui lui plaisaient dans cette boutique, il comprenait maintenant qu'elle avait ses propres valeurs et principes, ce qu'il respectait profondément. Il se résigna à abandonner l'idée d'acheter la robe de haute couture qui avait attiré leur attention.
— Je comprends, Kenzie. Je respecte totalement votre choix, déclara-t-il avec une douceur empreinte de respect.
Kenzie sentit un mélange d'appréciation et de gratitude envers Damon pour sa compréhension.
Damon se tourna ensuite vers la vendeuse qui les avait assistés tout au long de leur visite. Son visage affichait un air sincèrement désolé.
— Je m'excuse pour tout désagrément que cela aurait pu causer, déclara-t-il poliment à la vendeuse. Merci de nous avoir consacré votre temps.
La vendeuse, bien que quelque peu déçue de perdre une vente, sourit professionnellement et répondit :
— Ce fut un plaisir de vous accueillir, Monsieur Sinclair. Si vous avez besoin de quoi que ce soit à l'avenir, n'hésitez pas à revenir.
Damon remercia la vendeuse d'un signe de tête, puis se tourna vers Kenzie. Ils quittèrent la boutique ensemble, marchant côte à côte. La journée se poursuivit dans un centre commercial moins prestigieux, où ils avaient moins de chances d'éviter l'attention des paparazzis. Kenzie se sentit beaucoup plus à l'aise dans cet environnement plus accessible, où elle pouvait dévaliser les magasins sans avoir à se soucier de la facture, se sentant enfin libre de faire du shopping sans contraintes financières.
Damon qui l'attendait dans la voiture, restait toujours impressionné par l'attitude de Kenzie. Il avait fréquenté des femmes qui n'avaient pas hésité à profiter de sa générosité dès qu'il leur avait proposé de payer la facture de leur innombrables achats. Kenzie se distinguait par son intégrité et son authenticité et il l'admirait pour ça. Mais il n'allait pas s'en tenir à ses principes. Il avait pris la décision de veiller à ce que Kenzie récupère tout ce qu'elle avait perdu à cause de cette erreur judiciaire. Damon était déterminé à rétablir son équilibre, à lui redonner une chance de vivre une vie normale après avoir été injustement incarcérée. C'était son moyen de se racheter pour ce qu'elle avait enduré à cause de lui.
Alors qu'il s'immergeait dans ses pensées, la voiture de Damon attira l'attention de quelques passants qui marchaient près du centre commercial. Des fans qui avaient aperçu le véhicule luxueux se rapprochèrent rapidement, excités à l'idée de rencontrer leur idole. Ils commencèrent à crier son nom avec enthousiasme.
— Damon ! Damon Sinclair !
La surprise se peignit sur le visage de Damon alors qu'il tournait la tête vers la fenêtre. Les cris et les appels se faisaient de plus en plus forts, et bientôt, une petite foule de fans s'était rassemblée autour de la voiture, tous désireux de voir leur pianiste préféré de plus près.
Damon baissa la vitre de la voiture et sourit aux fans qui l'entouraient.
— Bonjour à tous ! Je suis ravi de vous voir, déclara-t-il avec un enthousiasme sincère.
Les fans étaient aux anges, prenant des selfies, demandant des autographes, et exprimant leur amour pour la musique de Damon. Il répondit à leurs questions avec patience, prenant le temps de discuter avec chacun d'eux.
Pendant ce temps, Kenzie continuait à explorer les magasins du centre commercial, inconsciente de l'attention que suscitait la présence de Damon à l'extérieur. Elle finit par entrer dans une cabine d'essayage avec plusieurs vêtements qu'elle avait sélectionnés. Les miroirs qui l'entouraient reflétaient les différentes tenues qu'elle essayait, et elle se regardait avec attention pour évaluer son apparence dans chacune d'elles.
Alors qu'elle continuait son essayage, Kenzie fut soudainement interrompue par le bruit de la porte de la cabine qui s'ouvrit. Elle faillit pousser un cri de frayeur et se tut soudainement lorsqu'elle remarqua qu'il s'agissait de Derrick. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, et elle se sentit prise au dépourvu par sa présence inattendue.
La colère monta en elle face à cette intrusion inopportune.
— Tu me suis maintenant ? s'écria-t-elle d'un ton acerbe, lançant des éclairs de colère à Derrick.
— Comment se fait-il que tu sois dans la voiture de cet homme, Damon Sinclair, celui pour qui tu as été injustement accusée ? Je vous ai aperçus quand tu sortais de sa voiture.
Kenzie se sentit envahie par un mélange de frustration, de surprise et de colère envers Derrick. Elle avait espéré que leurs chemins ne se croiseraient plus jamais, mais voilà qu'il était là, devant elle, dans la cabine d'essayage. Ignorant ses interrogations, Derrick gardait un air de défi dans les yeux, laissant présager que cette rencontre inattendue ne serait que le début d'une série d'événements qui bouleverseraient leurs vies d'une manière qu'ils n'auraient jamais pu imaginer.
À suivre…