Erreur Judiciaire

Chapitre 5

Derrick lui serra le poignet avec une poigne ferme, sa main chaude enveloppant délicatement sa peau. Il s'approcha encore plus près d'elle, si près qu'elle pouvait sentir sa respiration irrégulière et le parfum subtil de son après-rasage. Ses yeux, d'un bleu profond et intense, la sondèrent du regard comme s'il cherchait à percer les mystères les plus profonds de son âme, comme s'il voulait découvrir une vérité cachée depuis longtemps.

Kenzie sentit son pouls s'accélérer sous la poigne de Derrick. Sachant qu'elle devait rester calme malgré son impulsion de se dégager de son emprise, elle lui lança un regard résolu.

— Ça ne te regarde pas, Derrick, répondit-elle d'une voix tendue. Et pourquoi tu te préoccupes soudainement de ma vie ? Tu ne m'as pas déjà causé assez de peines ?

Derrick semblait hésitant, comme s'il cherchait ses propres réponses à ces questions. Il retira lentement sa main de son poignet, mais son regard perçant ne la quittait pas.

— Je suis ici pour une raison, Kenzie, murmura-t-il en baissant légèrement la voix, comme s'il craignait d'être entendu. Reviens vers moi, reprenons à zéro, ajouta-t-il tout en affichant un regard désespéré.

Interloquée, Kenzie le foudroya du regard ne sachant plus quoi penser de ses attitudes. Comment osait-il lui proposer de revenir vers lui ? La croyait-il naïve au point de tout oublier et de repartir comme si rien ne s'était passé ? Les émotions tourbillonnaient en elle. Une série de sentiments la submergeait autant qu'elle dû faire violence pour ne pas flancher. Elle le détestait encore plus.

— Je ne commettrai plus l'erreur de faire partie de la vie d'un homme qui m'a cru capable d'assassiner un homme de sang froid. Que se passerait-il la prochaine fois où on m'accuserait encore de quelque chose d'aussi grave ? Tu vas encore m'abandonner n'est-ce pas ? Tu tiens tellement à ta réputation que tu n'hésiterais même pas à m'abandonner de nouveau, cracha-t-elle d'une voix remplie d'amertume. Je n'aurai plus la force de revivre ça alors s'il te plaît fiche-moi la paix et oublie moi.

Abattue par le choc, elle quitta la cabine d'essayage, luttant pour retenir ses larmes. L'idée de continuer à faire ses achats lui était devenue insupportable, alors elle se hâta vers la sortie.

Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues, alors qu'elle se précipita sur la route. Ignorant la foule qui s'était attroupée à la voiture de Damon, elle se mit à marcher rapidement, cherchant un endroit tranquille pour se calmer. Elle avait besoin de prendre quelques instants pour reprendre ses esprits après cette confrontation inattendue avec Derrick. Retrouver sa sérénité après cette maudite confrontation s'annonçait comme un défi de taille tandis que des souvenirs de cette nuit, dans cette salle d'interrogation la revenait aussi brusquement.

Chacune de ces émotions était encore gravée vivement dans sa mémoire. Elle se souvenait distinctement du moment où il avait délicatement retiré l'alliance de fiançailles de son doigt, geste symbolique marquant la fin de leur union. Chaque détail de ce moment était ancré dans sa mémoire, depuis la manière dont il avait tenu la bague jusqu'à la lueur froide de ses yeux lorsqu'il avait prononcé ces paroles sans la moindre émotion, juste avant de refermer la porte derrière lui. Cette phrase, à la fois cinglante et glaçante, résonnait encore dans son esprit comme un écho douloureux du passé.

« Ce serait une insulte pour moi et à ma famille de partager notre nom avec toi,» avait-il lâché, comme si chaque mot était chargé de mépris. Ces paroles cruelles résonnaient encore dans son esprit, réveillant le mélange de tristesse, de colère et de chagrin qu'elle avait ressenti à ce moment-là.

Après son départ, elle avait été laissée seule, confrontée à l'accusation terrible qui pesait sur elle, celle d'avoir tenté d'assassiner un homme. Il ne pouvait pas supporter le poids d'une telle accusation, même si elle était fausse. Dans son esprit, il avait cru préserver sa réputation et celle de sa famille en la laissant derrière lui. Elle avait donc été confrontée à la fois à la perte de l'homme qu'elle aimait et à une bataille juridique acharnée pour prouver son innocence.

Pendant ce temps, Damon était toujours entouré de ses fans à l'extérieur du centre commercial. Il signait des autographes et prenait des photos avec eux, mais il commençait à s'inquiéter du temps que Kenzie mettait dans le centre. Il demanda poliment à ses fans de se retirer, expliquant qu'il devait vérifier quelque chose à l'intérieur.

Damon pénétra à l'intérieur du centre commercial, anxieux de retrouver Kenzie. Il marcha rapidement dans les allées, cherchant des signes de sa présence. Finalement, il s'approcha d'une vendeuse dans l'un des magasins détaillant la description de Kenzie pour s'assurer qu'elle pourrait être identifiée facilement. La vendeuse, l'écouta attentivement la description de Kenzie avec une expression réfléchie. Après un moment de réflexion, elle dit à Damon :

— Oui, je me souviens d'elle. Elle est entrée il y a un certain temps, mais elle avait l'air bouleversée. Elle a regardé et essayé quelques vêtements, puis est partie en direction de la sortie du centre.

Damon remercia la vendeuse d'un signe de tête et se hâta vers la sortie, le cœur lourd d'inquiétude. Pourquoi n'était-elle pas revenue vers lui ? Serait-ce à cause de cette foule ?

La vendeuse avait dit qu'elle avait l'air bouleversée. Ce qui l'inquiétait encore plus. Il était à présent assailli par de flot de questions.

Il ne savait pas où Kenzie pouvait être ni ce qui l'avait conduite à quitter le centre commercial de cette manière. Il se sentait responsable de sa sécurité et il allait s'en vouloir énormément si jamais il lui était arrivé malheur.

Il prit son téléphone portable, les doigts tremblants légèrement, et composa rapidement son numéro. Chaque sonnerie non répondue lui serrait le cœur davantage, mais il persévéra dans l'espoir qu'elle décroche. Cependant, il n'obtint que sa messagerie vocale, et ses inquiétudes s'intensifièrent.

Son esprit était assailli par des pensées sombres. Pourquoi Kenzie avait-elle réagi ainsi en le quittant précipitamment ?

Damon scruta la foule, cherchant désespérément un signe de Kenzie. Les passants semblaient indifférents à sa détresse, continuant leur chemin sans prêter attention à son agitation. Il se tourna vers un agent de sécurité du centre commercial qui surveillait la sortie, espérant obtenir des informations.

— Vous n'auriez pas vu une jeune femme, environ la vingtaine, cheveux bruns, yeux verts, vêtue d'une robe bleue ? S'il vous plaît, c'est important, demanda-t-il d'une voix précipitée.

L'agent de sécurité hocha la tête, compatissant.

— Je suis désolé, monsieur, je n'ai rien remarqué de tel. Peut-être devriez-vous contacter la police si vous êtes inquiet pour sa disparition.

C'était ce que Damon redoutait d'entendre, mais il savait que c'était la seule option. Tremblant d'inquiétude, il prit son téléphone et composa le numéro d'urgence de la police locale. Ses doigts étaient fébriles alors qu'il expliquait la situation avec autant de détails que possible. La voix calme de l'opérateur lui donna un peu de réconfort, mais l'incertitude persistait. Damon attendit sur place, scrutant la rue, espérant que les autorités interviendraient rapidement pour aider à retrouver Kenzie.

L'attente pour Damon était angoissante. Chaque seconde qui passait lui semblait interminable, remplie d'inquiétude et d'impatience. Il se sentait impuissant, ne sachant pas où était Kenzie ni ce qui avait pu lui arriver. Les questions tourbillonnaient dans sa tête : avait-elle été victime d'un accident ? Était-elle en danger ? Ou avait-elle simplement décidé de s'éloigner de lui ?

Les gyrophares clignotants de la voiture de police qui se rapprochaient apportèrent un brin d'espoir à Damon. Les agents descendirent de leur véhicule et l'interrogèrent, prenant note de la description de Kenzie et de tous les détails qu'il pouvait fournir. Ils lui assurèrent qu'ils feraient de leur mieux pour la retrouver rapidement.

Damon se sentit soulagé que les autorités prennent la situation au sérieux, mais il ne pouvait s'empêcher de se blâmer pour ne pas avoir été plus attentif à Kenzie. Le temps passa tandis que les policiers se coordonnaient pour lancer une recherche.

Finalement, l'un des agents revint vers Damon avec une lueur d'espoir dans les yeux. Ils avaient retrouvé des images de vidéosurveillance montrant Kenzie sortant du centre commercial et se dirigeant vers une petite rue adjacente. Les policiers étaient en train de suivre cette piste et ils conseillèrent à Damon de rester sur place, au cas où Kenzie reviendrait.

La nuit commença à tomber, Damon impatient dans l'habitacle de sa bagnole demeurait plus inquiet que jamais. C'était vraiment long l'attente. La police devrait déjà retrouver Kenzie à son avis. Il n'en pouvait plus d'être enfermé dans sa voiture sans pouvoir rien faire et pire sans obtenir une nouvelle. Il rappela la police pour avoir plus d'informations au sujet des recherches.

L'agent au bout du fil lui expliqua qu'ils suivaient toujours la piste des images de vidéosurveillance et qu'ils avaient renforcé les effectifs pour accélérer les recherches. Ils lui demandèrent de rester en contact et de signaler toute information utile dès qu'il en aurait. Et qu'il serait préférable qu'il rentre dans sa propriété, attendant des nouvelles de leur part.

Il démarra sa voiture avec un soupir de frustration, naviguant habilement entre les véhicules sur la route. Une pointe de douleur lui traversa la poitrine, son visage exprimant une colère intérieure, une colère dirigée contre lui-même.

Il en avait été incapable de protéger Kenzie et il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser.

— Où que vous soyez Kenzie, je vous prie de me contacter, murmura-t-il d'une voix chargée d'espoir.

Il mit de longues minutes à rentrer chez lui. Lorsqu'il se retrouva dans sa propriété, il fut accueilli à l'entrée comme à l'accoutumée par Cydia.

— Je ne vais pas dîner ce soir, annonça-t-il précipitemment à la vieille dame avant de monter dans ses appartements.

Il retira sa cravate d'un geste rageux, laissant le tissu glisser entre ses doigts, tout en se dirigeant vers la grande fenêtre de sa chambre. Son cœur palpitait d'appréhension alors qu'il espérait apercevoir la silhouette de Kenzie se dessinant dans l'immense cour en contrebas.

Était-elle au moins en sécurité ?

Ne pas savoir, lui pesait sur l'âme.

Soudain, un mouvement dans l'obscurité attira son attention. Son cœur s'emballa encore plus. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'il distinguait enfin la silhouette familière de Kenzie, saine et sauve. Une vague de gratitude l'envahit, effaçant en un instant ses inquiétudes.

Il se précipita vers la salle de séjour tandis que Kenzie, le visage marqué par une profonde tristesse, pénétrait le hall. Les ombres dans la pièce semblaient danser autour d'eux, créant une atmosphère tendue. Lorsque cette dernière croisa Damon, elle se mordit la lèvre en avançant vers lui d'un pas lent. Son regard, empreint de contrition, rencontra le sien, et elle sentit un poids s'abattre sur ses épaules.

— Pardon, murmura-t-elle, sa voix à peine plus qu'un chuchotement, tout en baissant la tête.

— C'est un soulagement de vous retrouver indemne. Vous ne pouvez pas concevoir à quel point j'étais anxieux. La police avait déjà lancé une recherche à votre sujet.

— La police ? S'alarme Kenzie. Je suis vraiment désolée de vous avoir causé du souci. J'avais besoin de solitude. J'aurais dû vous prévenir, mais je n'y ai pas pensé sur le coup.

C'était vrai, la douleur l'avait fait oublier la présence de Damon à l'extérieur du centre commercial. Elle s'était laissée absorber par sa peine qu'elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle s'était éloignée.

— Vous avez l'air mélancolique, observa-t-il en s'approchant doucement d'elle. Est-ce que vous avez pleuré ? demanda-t-il en remarquant aussi ses yeux rougis.

— Damon, je suis désolée, souffla-t-elle avec un soupir de lassitude. La fatigue m'accable, et je n'ai vraiment pas la force d'en parler pour l'instant.

Damon hocha doucement la tête, comprenant la situation difficile dans laquelle elle avait été plongée.

— Je vais me reposer, annonça-t-elle en prenant les escaliers menant à la chambre qu'elle occupait.

Damon observa Kenzie s'en aller avec un mélange d'émotions intense : le soulagement de la retrouver saine et sauve, mais aussi une profonde inquiétude qui ne le quittait pas. Son esprit se remémorait les paroles de la vendeuse du centre commercial, cette expression bouleversée qu'elle avait remarqué sur son visage lorsqu'elle quittait le centre commercial. Damon ne pouvait s'empêcher de se demander quels événements avaient pu la secouer au point de l'amener à disparaître sans la moindre préavis. Cette question lancinante laissa Damon avec plus de mystères à résoudre que jamais.