I Il y avait une fois un paysan qui avait trois fils : Pierre, Paul et Jean. Pierre était grand, gros, rouge et bête ; Paul était maigre, jaune, envieux et méchant ; Jean était pétri de malice et blanc comme une femme, mais si petit, si petit qu’il se serait caché dans les grandes bottes de son père ; aussi l’avait-on surnommé Poucinet. Pour toute richesse ici-bas le paysan n’avait que sa famille ; c’était fête au logis quand, par hasard, on y entrevoyait l’ombre d’un sou. Le seigle était cher, la vie rude ; aussi, dès que les trois enfants commencèrent à travailler, le bon père les engagea-t-il soir et matin à quitter la cabane où ils étaient nés, et à courir le monde pour y chercher fortune. – À l’étranger, leur disait-il, le pain n’est pas toujours facile à gagner, mais il y en a ; t