LUCIA
Je reste figée comme si je venais de voir un fantôme. Je retire rapidement ma main en dessous de celle de Luc ce qui attire son attention. Je ne veux même pas imaginer ce qui se passe dans sa tête en ce moment. J'ai juste envie de courir vers lui et lui dire que ce n'est pas ce qu'il pense mais à quoi bon... Je le supplie du regard mais il semble si dégoûté. Il continue son chemin jusqu'à une table où il retrouve un monsieur. J'ai envie de pleurer mais je dois me reprendre. Il m'a déjà vu à quoi bon me morfondre ou jouer les victimes. Je suis déjà complètement tremper autant mieux continuer.
Luc: C'est votre fiancé si je me souviens bien ! Euh j'espère que ça ne vous posera pas de problème le fait qu'ils nous ait vus.
J'avale une bonne dose de vin rouge pour me reprendre.
Moi: Comme je vous disais tout à l'heure, c'est à vous de voir: on peut gâcher ce moment en parlant de lui ou le mettre de côté et simplement en profiter !
Lui (levant son verre): Je veux en profiter bien évidemment. À nous !
J'en fais de même en lui gratifiant d'un sourire. Oliver ressort quelques minutes après alors que j'essaye de contenir toute la vague d'émotions qui m'anime. Me pardonnera-t-il un jour ou juste me comprendra-t-il ? Je n'en sais trop rien.
Luc: Je vous sens un peu ailleurs !
Moi: Je repensais à une affaire qui me tracasse l'esprit.
Lui: Puis-je vous être d'une aide que ce soit ?
Moi: Non ce n'est pas la peine, je saurai la gérer. Mais je vous remercie pour votre proposition !
Lui: Je serai prêt à tout pour vous !
Moi: Vraiment !
Lui (tenant ma main): Je n'ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. Depuis que vous avez quitté mon bureau la dernière je n'ai de cesse de penser à vous. Vous troubler mon esprit Lucia. Mon coeur a besoin de vous.
Moi: Excusez mon indiscrétion mais pourquoi n'êtes-vous pas marié ?
Lui: Je n'ai pas trouvé la bonne apparemment !
Moi: Donc vous ne l'avez jamais été ?
Lui: Si mais nous avons divorcé !
Moi: Si je peux me permettre... Pourquoi ?
Lui: On était pas compatible... On pourrait parler de nous ? Juste de nous ?
Moi: Bien-évidemment !
Il me baratine encore une bonne demi-heure puis je décide de rentrer à l'hôtel pour me reposer.
Moi: Je commence à me sentir fatiguée !
Lui: Bien, je demanderai au chauffeur de vous raccompagner à l'hôtel mais avant permettez-moi de vous offrir (il sort une boîte de sa poche et l'ouvre) ceci...
Je joue la fille émerveillée par ce cadeau mais il faut le dire il est vraiment beau ce collier d'argent.
Moi: Mais c'est trop Luc... Vraiment vous n'auriez pas dû vous donner la peine !
Lui: Rien n'est assez pour une reine telle que vous. Donnez-moi juste l'occasion et je vous mettrai au rang qui vous mérite.
Moi: Merci pour ce beau cadeau. Je le mettrai peut-être bien pour une prochaine sortie.
Lui: Je suis ravie que vous envisagiez une prochaine sortie avec moi.
Je lui réponds d'un sourire !
Moi: Je crois qu'il faut vraiment que j'y aille !
Lui: Je vous accompagne jusqu'à la voiture.
Moi: Ok !
Il pose sa main sur ma hanche en souriant alors que moi j'ai juste envie de vomir.
Une fois dehors, il me b***e la joue puis m'ouvre la portière en me souhaitant une bonne nuit. Pfff comment pourrais-je bien dormir ?
(...)
À peine j'arrive dans ma chambre d'hôtel que je me précipite sur mon portable pour appeler Oliver mais son numéro sonne dans le vide. Je lui laisse des messages auxquels il ne réagit pas. Je suis vraiment mal là.
Je me débarrasse de mes vêtements pour aller laver toute cette saleté que je ressens en moi. Si seulement l'eau pouvait laver la conscience. Je me passe l'eau sur le visage et le regard d'Oliver revient dans mon esprit. Il ne m'avait jamais regardé ainsi auparavant ; son regard était plein de haine et de dégoût j'ai juste envie de pleurer en y pensant. Peut-être faudrait que j'arrête tout. Sniff ! J'étais si bien et si calme dans ma vie mais il a fallu que je me retrouve face à cet homme. Cette image de lui pointant Son arme sur ma mère en la menaçant de la tuer et mon papa qui arrive et se prend une balle le revient à chaque fois. Comment oublier cela ? Quand je pense que papa en garde des séquelles jusqu'à ce jour mais monsieur lui se la joue douce il au Cameroun au lieu d'être au Bénin et en prison.
Il ne mérite pas cette vie tranquille qu'il a. Je compte bien lui faire payer quoi que cela m'en coûte.
**********
Je me suis réveillée ce matin très fatiguée. J'ai à peine fermé l'oeil de la nuit.
C'est le bruit de la porte qui me sort de mon lit. Ça doit être les femmes de ménage.
Je vais ouvrir mais tombe sur chariot contenant tout un buffet avec différentes saveurs que les serveurs s'empressent de faire entrer à l'intérieur avant de s'en aller.
Il y a un petit mot posé sur le plateau. Je l'ouvre et le lis: "Un petit déjeuner royal pour la plus belle des reines. Bonjour ma douce. Luc"
J'ai presque envie de rire tellement il est ridicule c'est pas possible. Après je dois avouer que tout ça, ça a l'air délicieux mais pour le moment je n'ai pas vraiment l'appétit.
J'essaye à nouveau de joindre Oliver mais cette fois ça ne passe pas. À coup sûr, il m'évite. Je me demande bien jusqu'à quand ça va durer.
Je crois que le mieux pour le moment c'est que je rentre ainsi je pourrais tout lui expliquer.
Je vais prendre une douche rapide puis je bouffe deux trois petits trucs pour ne pas avoir le vertige. Je m'habille et fais mon sac mais avant je vais trouver Luc dans son bureau. Il faut bien que je dise "au revoir".
J'arrive dans son bureau et le trouve au téléphone. Il me fait signe d'entrer ce que je fais. Je vais m'asseoir en face de lui jusqu'à ce qu'il finisse son appel.
Lui: Vraiment désolé de t'avoir fait attendre !
Moi: Ce n'est rien ! En fait je venais vous remercier pour toute votre attention à mon égard mais je pense qu'il est temps pour moi de partir.
Lui: Ai-je fait ou dit quelque chose de mal ?
Moi: Mais non ! Vous, vous avez été parfait le problème c'est moi. Je dois me remettre au boulot et j'ai besoin d'être dans un espace "à moi" en fait !
Lui: Je comprends ! As-tu un endroit en tête ?
Moi: Pour le moment mes affaires sont chez mon... Enfin mon ex donc je vais passer les prendre et très vite me renseigner sur des appartements à louer.
Lui: Moi j'ai des appartements. Ça ne me dérangerait pas de vous prêter un !
Moi: Mais non, vous en avez assez fait je vous assure. Déjà que je ne sais même pas encore comment vous remercier déjà pour tout cela, vous n'allez pas encore en rajouter (rire)
Lui: Eh bien remercie-moi en acceptant mon aide.
Moi: Ok mais à condition que je le loue !
Lui: Non je ne peux l'accepter. Allez, fais-moi cette faveur s'il te plaît !
Moi: Ok ok !
Lui: Bien, je donne donc des instructions au chauffeur. Il saura quoi faire.
Moi: Ok, je vous remercie une fois de plus !
Lui: Tu peux me tutoyer tu sais...
Moi: Euh ok !
Je vais dans ma chambre récupérer mes affaires puis je vais à l'extérieur où m'attend la fameuse voiture. Je suis entrain de réfléchir à un moyen de contourner. Il ne doit quand même pas voir que je vis dans une cité sinon il ira tout de suite le raconter à Luc. Ce qui pourrait attirer son attention.
On arrive dans mon quartier, je lui demande de garer dans une rue. Il y a des immeubles un peu partout il ne se doutera de rien
Je sors et prends une piste qui donne directement à la cité. Lorsque j'arrive là, tous mes angoisses refont surface. Je me demande comment il va m'accueillir. J'ai si peur.
Je vais frapper à sa porte une dizaine de fois il ne répond pas et pourtant je sais qu'il est là.
Moi: Je t'en prie Oli, ouvre-moi ! Ce n'est pas ce que tu penses je te jure il ne s'est rien passé. Je peux tout t'expliquer.
Il ne réagit pas. Je le supplie pendant dix bonnes minutes encore jusqu'à il y a des voisines qui sont sorties admirer le spectacle. Elles doivent se moquer de moi. Et puis qu'est-ce que j'en ai à foutre ?
Je continue de frapper en le suppliant de m'ouvrir et de me laisser une chance de m'expliquer mais il ne réagit pas. Finalement j'abandonne... Je veux partir lorsque la porte s'ouvre enfin... Quel soulagement !
Lorsque je le vois je veux commencer à parler mais il me stoppe net.
Lui: La prochaine fois, aies au moins la décence de faire tes rendez-vous ailleurs que dans les restaurants de ma mère.
Il termine sa phrase puis entre et me claque la porte au nez. Je crois que cette fois je l'ai vraiment perdu. Je ramasse le peu de dignité qu'il me reste et me dirige vers ma chambre pour ramasser toutes mes affaires. Je peux tout supporter mais que la seule personne qui compte pour moi ici m'ignore. C'est trop pour moi.
Je prends ma valise et met tout ce qu'il y a à mettre à l'intérieur puis je sors. Je veux aller cogner une fois de plus mais je me ravise. Il serait peut-être mieux que je le laisse pour le moment.
Je reprends la route que j'ai prise tout à l'heure pour aller retrouver le chauffeur qui m'emmène à mon nouveau "chez moi".
OLIVER
Je la regarde à travers la fenêtre traîner son sa valise pour s'en aller je ne sais où. J'ai envie de sortir et l'empêcher de s'en aller mais le peu de dignité qu'il me reste m'en défend. Peut-être aurais-je dû l'écouter mais qu'est-ce qui pourrait justifier qu'elle m'ait menti de la sorte. Si elle m'avait dit je vais chez mon père je ne pense pas que j'en aurais fait un plat mais pourquoi faire comme si il y avait autre chose et puis cette façon qu'elle avait de se tenir avec son soit disant père. Finalement je me dis que c'est moi le fou de l'histoire. J'aurais dû rester ce jour-là quand elle m'a demandé d'aller lui chercher ce médicament qui n'existe pas. Qu'est-ce qu'ils ont bien pu se dire ou faire ? Je ne peux m'empêcher de m'interroger.
Je n'ai même pas pu supporter de la voir à ce restaurant avec cet homme et elle qui ne s'est même pas gênée de ma présence. Tout au contraire elle a continué ses choses comme si je n'existais pas. J'ai été obligé de dire à mon père que je ne me sens pas bien et qu'il fallait que je parte.
Je la regarde partir en gonflant de rage. J'ai envie de tout casser. Voilà pourquoi je n'ai jamais voulu m'engager dans des relations sérieuses puisque à chaque fois ça finit mal.
Je me déteste de m'être fait avoir ainsi et je la déteste de s'être moquée de moi.
************
Je gonfle de rage en la voyant ce matin. J'avais presque oublié qu'on travaille ensemble.
Christ préside la réunion de ce matin en faisant le point sur la semaine dernière et nos objectifs de la nouvelle semaine.
Lucia et moi on l'écoute à peine. Ça se voit qu'il y a une tension forte entre nous.
Finalement je décide de me retirer.
Moi: Excusez-moi mais je ne me sens pas bien.
Je me lève et vais dans mon bureau en me passant la main sur le visage. Je me demande si je pourrais travailler avec elle dans ces conditions.
Quelques minutes après la porte s'ouvre sur elle et je ne sais vraiment pas comment réagir.
Elle: Oliver on ne peut pas travailler dans ces conditions.
Moi (d'un ton sec) : Ça c'est clair !
Elle: On doit trouver un moyen de rester professionnels !
Moi: Ok !
Elle: Oli on ne peut pas continuer comme ça !
Moi (en colère): Premièrement tu ne m'appelle pas Oli et ensuite je te rappelle que c'est toi qui était là à jouer la p**e avec un autre qui serait soit disant ton père. Rien que te voir là, ça me dégoûte tellement. Tu me fais pitié même.
Son visage devient tout rouge et je sens ses larmes monter mais je ne décolère pas.
Moi: Mon seul regret dans cette vie c'est de t'avoir rencontré mais bon je me remettrai mais je dois dire merci à Dieu de m'avoir montré ton vrai visage à temps. Quand je pense que j'ai présenté une fille comme toi à ma mère. Franchement t'es la pire de toutes.
Elle: Sniff je suis désolée. Dit-elle avant de prendre la sortie. Finalement je crois que c'est mieux ainsi.
Je me passe la main au visage une fois de plus en bottant ma chaise. J'ai tellement la haine.
Christ (entrant): Qu'est-ce qui s'est passé ?
Moi: Rien !
Lui: Rien et Lucia vient de sortir d'ici en pleurant ? Elle a dit qu'elle démissionne.
Cette fois je le regarde surpris...
Moi: Comment ?
Lui: Comme tu as suivi là. Elle est partie. Mais qu'est-ce qui t'a pris de la faire pleurer ?
Moi: Elle le méritait !
Lui: Vraiment ? A-t-elle tué quelqu'un ? Qu'est-ce qui justifie le fait que tu puisses la mettre dans cet état Oliver. Non mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as vraiment merdé sur ce coup.
Il sort et s'en va alors que je ne décolère pas. De toutes les façons, elle n'a eu que ce qu'elle mérite.
*************
Voilà une semaine déjà que Lucia n'est pas venue travailler. Je crois qu'elle est vraiment partie. L'atmosphère est très bizarre ici sans elle et moi également. J'en suis à me demander si je n'ai pas vraiment exagéré en lui disant toutes ces choses. Et si elle avait vraiment une bonne raison de faire ce qu'elle a fait. Maintenant je suis là à lui trouver des raisons et pourtant la victime ici c'est moi.
Pour le moment j'ai juste envie de savoir comment elle va mais comment puisque son numéro ne passe pas. Depuis hier j'essaye dans le vide et je n'ai aucune idée d'où elle peut se trouver.
Soudain je repense à cet homme... Et si elle était dans son hotel ? Je sors rapidement prendre un taxi pour là-bas en exigeant de le voir. On va le prévenir de mon arrivée et il demande à ce qu'on me laisse entrer.
Il est là à me narguer avec son air hautain.
Lui: Que puis-je faire pour vous ?
Moi: Ne jouez pas à ça avec moi ! Elle est où Lucia ?
Lui: Euh attendez ! Laissez moi voir (faisant semblant de réfléchir) ah voilà quand je l'ai laissé ce matin, elle prenait à douche. Comme j'avais beaucoup à faire j'ai du m'avancer mais je crois qu'elle sera là d'un moment à l'autre.
Lui: Vous mentez et je le sais. Je connais Lucia. Elle ne pourrait rien à voir à faire à un vieux croûton comme vous.
Moi: Un vieux croûton qui fait du bon travail en tout cas. Je me base sur ses dires à elle.
Lui (gonflant de rage): C'est faux ! Je sais que vous mentez !!
Lucia (entrant): Bonjour Lu... (Elle s'arrête en m'apercevant)
Lui: Ah bonjour ma belle fleur, tu es là enfin. Il y a quelqu'un qui est venu te rendre visite !
Elle va se placer près de lui en m'affrontant du regard.
Moi: Lucia il faut qu'on parle !
Elle: Je n'ai rien à vous dire et si c'était tout vous pouvez disposer. Nous avons du travail ici ! (À Luc) J'y vais, il m'attend déjà !
Lui: Ok ma belle ! Je te fais confiance !
Elle sort alors que cet imbécile me nargue avec son sourire.
Je sors de là très en colère. Quand je pense que je suis venu en paix. Maintenant c'est elle qui joue les victimes.