NATI
C'est toute épuisée que je revois avec les différents chargés de rayons les inventaires des différents produits. J'aimerais finir avec rapidement puis j'irai prendre Lucia à l'école.
Moi: Erica je pourrais avoir le rapport sur les ventes de la semaine passée. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche cette semaine.
Elle: Je me le disais également. Je fais le point et je te l'apporte.
Moi: Ok et pour ce qui est des pénuries ? Je voudrais passer de nouvelles commandes. Tu pourrais voir ça Paul ?
Lui: Bien-sûr !
Pendant que je règle les derniers détails, je reçois un appel de Rose. Depuis son mariage on ne s'est pas parlé. Enfin, je lui ai laissé un message pour lui dire que j'étais désolée d'être partie avant même son arrivée. Je ne suis pas vraiment entrée dans les détails. Donc, j'imagine que c'est de ça qu'elle va me parler.
Moi (aux employés): Je crois qu'on a fait le tour. Erica j'attends le rapport. Vous pouvez disposer. (je prends ensuite l'appel de Rose) bonjour ma belle !
Elle: Ah non madame, je ne suis pas ta belle. Comment t'es partie avant même que la cérémonie ne commence et dans ton message même tu ne te justifies pas rien du tout. Je croyais qu'on était amies ? Oui ce n'est plus comme avant mais c'est toi qui a pris tes distances et...
Moi (la coupant): Luc...
Elle: Il a fait quoi Luc ?
Moi: Je ne savais pas que c'était ton beau-père...
Elle: J'ai oublié de le mentionner. En quoi est-ce important ? De toutes les façons il ne t'a vu que quelques heures ce soir-là, il se souvient à peine de toi.
Moi: Rose je... Enfin, ce soir là je ne t'ai pas dit la vérité...
Je lui raconte tout jusqu'à ma rencontre avec Luc à son mariage.
Elle: Nati mais pourquoi tu ne m'as rien dit ?
Moi: J'avais honte et puis toi et moi ce n'était pas comme Clara et toi ? J'avais peur que tu me juges ou que tu te moques.
Elle: C'est vrai que c'était idiot ce que tu as fait mais jamais je ne t'aurais jugée loin de là... Je suis vraiment désolée.
Moi: C'est passé ! Et puis je dirais que cette histoire m'a rendu plus responsable.
Elle: Ce n'est pas moi qui dirait le contraire... Alors comme ça j'ai une petite filleule ?
Moi: Apparemment hahaha
Elle: J'espère qu'elle n'a pas déjà une marraine hein... Tu me dois bien ça !
Moi: Maintenant que tu en parles, je crois que je dois penser à la baptiser. Je ne sais même pas pourquoi jusque là, je ne l'ai jamais fait.
Elle: Tu m'attendais (rire). Dès que je rentre de lune de miel, je passe vous voir. Tu m'indiqueras la maison.
Moi: Pas de soucis et puis tu me raconteras comment tu fais pour devenir la fille de Luc.
Elle: Une histoire passionnante.
Moi: J'imagine... Sinon ça se passe bien ta lune de miel ?
Elle: Oui oui, c'est juste super.
Moi: Cool ! Bon je te laisse profiter. On se capte à ton retour.
Elle: Oki, un bisou à ma filleule.
Oh mince j'avais oublié que je devais aller la chercher à l'école.
Elle: Eh t'es là ?
Moi: Oui, sauf que j'ai oublié d'aller chercher ta filleule. Faut que je file.
Elle: Oki, on s'appelle plus tard.
Moi: Ok !
Elle raccroche alors que je range rapidement mes affaires. Déjà que tout à l'heure j'étais en retard, là je n'imagine même pas. C'est la première fois que je vais la chercher aussi tard.
Lorsque je sors de mon bureau, je reçois un appel d'un numéro inconnu. Je me demande bien qui ça peut être. Certainement la maîtresse de Lucia.
Moi: Allô ?
: Euh bonjour madame, en fait, euh... Je suis désolée mais votre fille a eu un accident...
Moi: Quoi ? Ma fille d'abord qui êtes-vous et comment ma fille a-t-elle fait pour avoir un accident.
Lui: En fait, je rentrais et sans le vouloir je l'ai renversé et...
Moi (manquant de tomber): Vous l'avez quoi ?
Je mets à lui crier dessus, je crois que je délire même déjà. Il me donne l'adresse de l'hôpital, je m'y rends sans perdre du temps. Pendant tout le trajet je ne peux m'empêcher de maudire cet homme et de me maudire moi-même d'avoir été aussi négligente. Mais qu'est-ce qui m'a pris même ? Je n'arrête pas de doser ma tête sur le klaxon tellement je suis énervée et puis avec ces feux qui ne veulent pas passer au vert. Je crois que je vais vraiment péter un câble.
Je n'arrête pas de prier pour qu'il ne lui soit rien arrivé de grave. Je ne sais pas ce que je ferai si... Non Nati tu ne dois pas penser au pire. Lucia est forte, je sais que c'est rien. Oui il n'y a rien. Sniff mon bébé mais pourquoi.
Enfin ce feu passe au vert. Je démarre en trombe jusqu'à l'hôpital. Je rappelle le monsieur de tout à l'heure pour connaître sa position. Lorsqu'il m'indique et que j'arrive aux urgences, je suis surprise de voir cet homme de la dernière fois. Je continue ma course et une fois à son niveau, il n'a même pas le temps de parler que déjà il a reçu une belle gifle. Il ne réagit pas alors je me mets à lui crier dessus.
Lui: Je suis vraiment désolé !
Moi: Vous pouvez l'être ! Comment pouvez-vous être aussi irresponsable ?
Lui: Je m'en veux vraiment ! Je suis vraiment désolé !
Je ne fais même pas attention à ses excuses, je continue de lui crier dessus et l'insulter.
Lui (à bout): J'ai dit que j'étais désolé ! Vous le traitez moi d'irresponsable ? Ce n'est pas moi qui ai laissé une petite fille en route toute seule...
Sa remarque le met vraiment mal à l'aise d'autant plus qu'il n'a pas tort. Tout est vraiment de ma faute.
En voyant ma mine déconfite, je crois qu'il comprend qu'il vient réellement de me blesser.
Lui (s'approchant): Je suis vraiment dé...
Moi: Ne me touchez pas !
Au même moment, le docteur sort de la salle d'urgence.
Lui: Ah vous êtes les parents de la petite fille ?
On se regarde tous les deux confus. Je me reprends rapidement.
Moi: Non enfin moi je suis sa mère et lui c'est celui qui l'a renversé.
Je le toise au passage alors qu'il affiche une mine triste.
Doc: Renversé ? Elle n'a subi aucun choc. Elle s'est juste évanouie. Elle n'a rien de grave. D'ailleurs elle est réveillée. Vous voulez la voir ?
Moi: Oui docteur, je peux ?
Doc: Bien-sûr ! Venez avec moi. (À l'autre) vous voulez venir aussi ?
(Au même moment) Lui: Oui/ Moi: Non
On s'affronte du regard et je crois qu'il comprend que je ne compte pas le laisser entrer.
Lui: Euh non !
Moi: Et vous pouvez partir, je crois que vous n'avez plus rien à faire ici.
Je suis le docteur jusque dans la chambre de Lucia.
Elle: Maman !
Entendre sa petite voix me soulage tellement. Je vais la prendre dans mes bras.
Moi: Oui mon bébé, maman est là. Sniff tu m'as fait très peur tu sais ?
Elle: Je suis désolée maman. Je ne voulais pas aller dans la rue toute seule mais ils étaient tous partis mes camarades et puis je ne me sentais pas très bien.
Moi: Je suis désolée mon bébé. Je te promets que ça n'arrivera plus jamais.
Elle: On rentre ?
Doc: Euh je peux vous voir un instant ?
Moi: Euh oui, ok...
On va vers la fenêtre...
Lui: En fait, la petite ne peut pas rentrer aujourd'hui. Elle n'a rien eu suite à cet accident. En fait elle avait déjà une forte montée de fièvre. C'est d'ailleurs ce qui a provoqué son évanouissement. Heureusement que le monsieur l'a emmené à temps, on a rapidement baissé la fièvre. Ça aurait pu être pire. Elle va devoir rester cette nuit en observation et vous pourrez rentrer demain matin.
Moi (confuse) Euh, ok ! Merci pour tout docteur.
Lui: Remerciez surtout le monsieur car grâce à lui, on a évité le pire.
Voilà que maintenant je me sens mal à l'aise face à ce type. Je crois qu'il va bien falloir que je lui présente mes excuses.
Moi: Ok d'accord !
Je vais retrouver Lucia qui semble très fatiguée. Je repense aux paroles du docteur et je me dis que si cet homme n'avait pas cru avoir cogné Lucia elle ne serait pas ici et on aurait pris soin d'elle à temps. Peut-être le pire serait arrivé. J'ai versé le tort sur lui alors que tout est de ma faute.
Lucia s'en dort finalement. Je décide d'aller lui chercher un truc à manger. Puisqu'on va passer la nuit ici, autant ne pas avoir le ventre vide. Lorsque je sors, je suis surprise de voir l'autre toujours là. Je comptais l'appeler demain pour lui présenter mes excuses mais puisque nous y sommes...
Malheureusement il me devance, lorsqu'il me voit arriver, il se lève et vient vers moi.
Lui: Je ne pouvais pas partir sans vous avoir vu. Je suis vraiment désolé et vous dire que vous êtes irresponsable n'était pas bienvenue de ma part. Je suis rassuré que votre fille aille mieux et j'espère que vous trouverez assez de force en vous pour me pardonner.
Moi: Je n'ai rien à vous pardonner. En fait c'est moi qui vous demande des excuses pour mon comportement.
Je lui raconte ce que le docteur m'a dit tout à l'heure et contre toute attente il ne semble pas en colère.
Lui: Vous avez réagi de façon normale. Toute personne dans votre situation aurait fait pareil alors, je n'ai rien à vous pardonner et si mon action a pu aider on dit merci à Dieu tout simplement.
Moi: Merci pour tout ! Malgré tout ce que vous venez de dire, je veux quand même m'excuser.
Lui: Vous êtes toute excusée. Bon je crois que je vais vous laisser.
Moi: Euh, vous faites quelque chose demain soir ? Je me disais que comme c'est le week-end, peut-être vous pourriez passer manger à la maison. J'y tiens vraiment. Enfin si ça ne posera pas problème à votre copine.
Il se contente juste de sourire et me lance un: ok, vous m'envoyez l'adresse par message.
Moi: Ok
Il s'en va et je suis un peu frustrée car il me laisse dans le doute. Pfff et puis ça me fait quoi même si il a une copine. En même temps je ne voudrais pas le voir débarquer chez moi avec sa copine comme j'ai vu dans un film il y a quelques jours.
***********
Lucia: Maman ? Qu'est-ce qu'on fête ?
Moi: Le fait que tu te sois rétablie mon bébé.
Elle: Avec autant de nourriture ?
Moi: J'ai invité un ami, il va manger avec nous. C'est lui qui t'a emmené à l'hôpital hier.
Elle: C'est ton copain ma petite maman ?
Moi: ? Euh non...
Elle: mais pourquoi tu n'as pas de copain ? Je voudrais bien avoir un papa moi ?
Je la regarde et je me sens si mal. C'est bien la première fois qu'elle éprouve le besoin d'avoir un père. Ou alors ça a toujours été le cas mais je ne m'en suis pas rendu compte ?
Moi: Je te traite mal ? ?
Elle: Non maman, juste que j'aimerais bien avoir un papa comme mes amis à l'école. Mon amie elle m'a demandé l'autre jour pourquoi mon papa ne vient jamais me chercher à l'école.
Pour réponse, je vais la prendre dans mes bras. J'ai juste envie de pleurer parce que je me rends compte qu'elle est triste. Elle a besoin d'un père et je ne peux même pas lui donner ça. Sniff ?
Elle: Maman, pourquoi tu pleures ? J'aime pas quand tu pleures. Je t'aime ma petite maman.
Moi: Je t'aime aussi mon amour. Tu viens on finit de tout apprêter avant que tonton Rayan arrive ?
Eh oui, je sais maintenant comment il s'appelle. Lorsque je lui ai envoyé l'adresse hier soir, on a un peu fait connaissance et même si il ne l'a pas dit, je sais qu'il n'est pas en couple. Bon comme je le disais, qu'il le soit ou pas, je m'en fiche mais juste que je ne voulais pas le voir débarquer ici avec une copine.
(...)
Lucia: Tu es très belle maman
Moi: Merci mon bébé.
Sonnerie...
Je reçois un message au même moment: Celui De Rayan. J'ai donné des instructions au gardien de le laisser entrer.
Moi: Tu veux bien aller ouvrir ma puce ? ?
Elle: Oui oui... ?
Elle s'en va alors que je finis à peine de dresser la table. Elle revient toute souriante dans les bras de Rayan. Je crois que j'en connais une qui vient de se faire un ami.
Lucia: On est là maman ?
Moi: Je vois ça ! ?
Je vais faire une bise à Rayan pour lui souhaiter la bienvenue. Il est bien mis en plus il sent très bon. Ben quoi ? Quand c'est bien faut le dire ou bien ?
Moi: Je te sers un truc à boire ?
Lucia: Tonton, tu voudrais voir le dessin que j'ai fait à l'école ?
Lui: Oui je veux bien... (à moi) de l'eau ça ira !
Lucia s'en va dans sa chambre sans doute pour chercher ce dessin. Moi je file en cuisine pour lui chercher de l'eau.
Lorsque je reviens je les trouve tellement concentré que je m'arrête un moment pour les observer.
Lui: Là c'est maman, là la plus jolie petite fille de la planète mais là c'est qui ? ?
Elle: mon papa ? ?
Lui: Il est où ton papa ?
Elle: Je ne sais pas... (elle réfléchit un moment et puis) Tu veux bien être mon papa et venir me chercher à l'école comme le papa de mes amis ?
Là je me sens vraiment mal à l'aise. Je veux interrompre cette conversation mais la curiosité me pousse à rester planter là encore un moment. Qu'est-ce que j'attends qu'il dise au juste ? Que oui, je veux être ton papa ? Nati tu délires vraiment...
Lui: Oui je le veux bien. Je serais tellement heureux d'être ton papa et tu veux que je te dise un secret ? ?
Elle: Oui?
Lui: J'espérais que tu me le demandes et puis je pourrais bien épouser ta maman noh qu'est-ce que tu en penses ? ?
Elle: Trop cool !
Moi: Euh j'espère que je ne dérange pas ?
Lui: Euh non... Pas vraiment !
Moi Tiens, voilà ton eau j'espère que tu n'as pas trop attendu.
Lui: Je n'ai même pas vu le temps passé (rire)
Moi: Ma puce tu veux bien aller garder tes affaires ?
Elle: Oui maman !
Lorsqu'elle s'en va, Rayan n'attend pas pour commencer avec ses questions.
Lui: Et son père ?
Moi: Il est mort !
Lui: Oh désolé !
Moi: Ne le sois pas !
Lui (gêné): Je peux te demander un service ?
Moi: Euh oui !
Lui: Quand tu es occupée, je pourrais souvent aller chercher la petite. Enfin, je demande juste comme ça hein...
Moi: Oui !
Lui: Oui ?
Moi: Oui !
Je ne sais même pas ce qui m'a pris de lui dire ça. Je n'arrête pas de penser à sa conversation avec Lucia. Ça me fait tellement de la peine qu'elle se sente aussi mal de ne pas avoir de père. Si ça peut lui faire plaisir que Rayan aille la chercher alors ça ne me dérange pas du tout.
Lucia: Je suis là !
Moi: On passe à table ?
Tous les deux: Oui ! ?
On passe à table et on dîne je dirais pas dans le calme parce que Lucia a décidé de raconter l'histoire de ses ancêtres jusqu'à nos jours. Et Rayan qui l'écoute attentivement avec ses "Ah bon ? Vraiment ? Mais c'est intéressant ça... Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? " je crois qu'à cette allure elle va même lui parler de l'histoire d'Adam et Eve.
Je suis heureuse de la voir aussi épanouie en tout cas.