Épisode 3

1132 Words
- Quelle chance tu as", s'exclama Ashley lorsqu'il finit de raconter sa brève histoire. - Pourquoi penses-tu cela ? - Eh bien, tu peux te permettre de voyager autant que tu le souhaites, alors que moi, les seuls endroits où je suis allé sont des villes du Canada, la plupart du temps avec mes parents. Et enfin ici. Elle poursuivit en expliquant qu'après avoir étudié la communication, elle s'est rendu compte qu'elle était douée pour rendre service aux gens. Elle avait travaillé comme assistante de direction dans une société de stockage locale avant que son patron, un homme heureux en ménage et très gentil nommé Everest Hood, ne lui donne la chance de voir le monde en la faisant postuler pour ce poste d'assistante de communication à la succursale caribéenne de l'hôtel Jefferson, et après de longues discussions avec ses parents protecteurs, elle avait accepté. Elle était dans les îles chaudes depuis environ deux ans et n'avait jamais regretté sa décision. - Génial, remarqua finalement Rex lorsqu'elle eut elle aussi fini de dire ce qu'elle souhaitait révéler, évaluant la situation. Un serveur discret et compétent prit leur commande. Pour Rex, un plat de fruits de mer appelé pok pok mix et pour la jeune femme un canard rôti arrosé d'une sauce au miel. - Alors, pas d'aventure depuis votre arrivée ? Ashley rougit, malgré le ton détendu de Rex qui posait cette question quelque peu personnelle. - Non, du moins pas de mon point de vue. - Mais un homme a pensé le contraire. décida-t-elle d'ajouter, pour créer un peu de mystère. Parce qu'une femme ne donne jamais de réponse claire. Elle était comme ça. - Je sens la complication, remarqua Rex, le visage posé sur sa main. - On peut dire ça, sans doute. Mais restons-en là", imposa-t-elle d'un geste impérieux de la main. Et profitons de ce délicieux repas. Et pour bien faire comprendre qu'elle n'allait pas revenir sur ce sujet plutôt douloureux, elle entama sa viande tendre avec une belle vigueur. Son compagnon fit de même, mais ajouta avec une douceur suspecte, - Tu as raison, mais tu dois bien avoir compris que ce n'est pas vraiment le repas que j'apprécie. Ashley ne put s'empêcher de relever son visage pour le regarder à nouveau droit dans les yeux. Et elle comprit aussi, malgré son visage avenant, qu'il avait deviné ses sentiments. Mais ses derniers mots firent trembler son cœur comme une feuille bercée par la brise, tout comme son regard clair et perçant. - Vraiment ? dit-elle, heureuse mais prudente. - Oui, c'est vrai. Et pour te le prouver, j'aimerais t'inviter à te promener sur Paradise Island. Ainsi, je pourrai apprendre à te connaître parmi tous ces gens qui te protégeront de moi si les choses tournent mal. Il laissa entendre qu'elle se sentirait rassurée par leur première rencontre, entourée de personnes qui pourraient la protéger en cas de.... Mais de quoi ? D'une brutalité, d'une tentative d'agression de sa part ? C'était une réalité, mais qui semblait si éloignée de cette personne assise en face d'elle, dégustant ses délicieux plats comme s'ils étaient insipides. Et au fond d'elle, Ashley savait que Rex n'avait pas tort. Elle savait qu'elle aurait dû refuser, ou au moins faire preuve d'une certaine réserve. Mais face à cet homme somptueux et séduisant, Ashley avait perdu tout sens de la prudence. Elle avait oublié la façon distante et définitive dont elle avait toujours répondu aux avances des autres hommes. Comment s’y était-elle prise pour les repousser ? Comment refuser ce qu’elle désirait plus que tout ? Tout était vain. Quelque part, elle était déjà perdue. C'est ainsi que le samedi suivant, elle se retrouva sur l'un des nombreux bancs installés dans le gigantesque parc du célèbre hôtel Atlantis, à attendre un homme qu'elle ne connaît que de nom et avec qui elle veut entamer une relation. Et même si elle craignait que l'histoire qu'elle appelait de ses vœux ne démarre jamais, elle savait qu'elle ne le regretterait pas. Ce jour-là, Ashley avait opté pour une robe courte en denim bleu, imprimée de motifs noirs, cintrée à la taille par une ceinture qui soulignait la finesse de son corps, et des sandales en caoutchouc très confortables. Après mûre réflexion, elle avait opté pour une coiffure lâche, peignant seulement ses longs cheveux jusqu'à ce qu'ils brillent et cachant son visage excité avec de grandes lunettes de soleil. Elle savait que l'heure du rendez-vous était encore loin, mais elle avait pris soin d'arriver en avance pour ne pas rater leur rencontre, mais elle ne cessait de regarder sa montre comme si, par ce simple geste, elle pouvait faire avancer le temps plus vite. Son désir de revoir Rex était si grand qu'elle détestait presque son travail et les deux jours qui les avaient séparés. Et maintenant qu'elle allait enfin le revoir, le temps semblait s'être ralenti comme pour l'exaspérer. La jeune femme en était à son énième soupir d'impatience et de désir lorsqu'une voix s'exclama derrière elle avec amusement. - Eh bien, j'espère pouvoir remédier à une telle insatisfaction, Ashley. Le cœur serré de plaisir et de douleur, Ashley se leva immédiatement et se tourna vers l'objet de toutes ses pensées. Elle lui offrit un sourire si heureux que le jeune homme sentit pendant une seconde une onde inconnue le traverser, puis il répondit à ce sourire, avec hésitation et... sincérité. Heureusement que son visage était caché par ces énormes lunettes noires, pensa la jeune femme, il n'aurait pas vu qu'elle le dévorait littéralement des yeux et aurait voulu se jeter dans ses bras. Il faudrait tout de même qu'elle se contrôle un peu, ne serait-ce que par amour-propre, pensa-t-elle en tentant désespérément de reprendre le contrôle d’elle-même, les mains crispées pour s'empêcher d'avancer et de les passer dans ses cheveux de nuit ébouriffés par la brise. Il était si séduisant, si impressionnant avec son aura de virilité et de nonchalance majestueuse malgré sa tenue simple, une chemise vert d'eau retroussée aux manches, et un pantalon de flanelle gris, agrémenté de tongs en caoutchouc, qu'elle ne pouvait empêcher son cœur de se serrer d'émotions, toutes plus nouvelles et profondes les unes que les autres. Ashley n'était même pas capable de remarquer les regards masculins qui l'admiraient avec intensité, par contre, elle était parfaitement consciente de ceux des femmes qui regardaient son homme avec une avidité qu'elle comprenait mais qu'elle ne pardonnait pas. Il est à moi, pensait-elle avec une terrible possessivité qu'elle n'aurait jamais cru ressentir un jour. Quelques jours seulement après la rencontre fatidique ont suffi à ravager son esprit. C'était alarmant et probablement incurable. - Rex, elle ne pouvait le formuler qu'en s'approchant de lui. Ce dernier, un sourire aux lèvres, lui tendit nonchalamment la main. - On y va ? - On y va.
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