III
Gazette de la CaucasieCaucasipol, le 8 prairial 5001.
Daghestan nous écrit :
Caucasipol, le 7 prairial 5001.
« Mon ami, viens me voir. J’arrive à l’instant même à Caucasipol, et je ne prendrai aucun repos sans t’avoir embrassé. Mais je ne te dirai rien, car je n’ai rien à te dire de mon voyage. Toutes mes idées sont en déroute ; mon esprit n’est pas libre et il ne sait rien. Il n’y a plus chez moi pour l’instant qu’un immense sentiment qui m’absorbe tout entier. Le sentiment est un mauvais voyageur, un mauvais juge et un mauvais conteur. Tu ne lui demanderas rien. Plus tard, demain peut-être, nous pourrons repartir ensemble… tranquillement assis au coin de ma cheminée ou de la tienne, si mes douleurs me le permettent.
Adieu, mon ami ! je t’attends. »