II La mort d’un juste Deux années s’étaient écoulées depuis la mort de Yann. Anne était maintenant à la veille de prononcer ses vœux définitifs et d’être consacrée religieuse. Pierre travaillait toujours à Brest, et Jean vivait indépendant dans la forêt qui l’avait vu naître. À Paris, Joël le Mat et son enfant d’adoption étaient aussi heureux que cela leur était permis, séparés de ceux qu’ils aimaient, exilés dans l’immense ville, qui pourtant leur avait été hospitalière. Jeanne avait obtenu une première médaille de solfège, et elle était maintenant élève de la classe de violon. Ses succès dépassaient les espérances les plus hardies du vieux musicien, et chacun au Conservatoire s’intéressait à cette enfant si bien douée. Leur existence s’écoulait paisiblement, partagée entre le travai