XVI Un instant, Muller se crut persiflé. Chacune des questions que lui adressait Spiegel contrastait si douloureusement avec la réalité, chaque phrase ressemblait si bien à un reproche indirect ou à une raillerie, que Franz, en achevant la lecture de cette lettre, ne put se défendre d’un mouvement d’humeur et presque de colère. Tout dans cette lettre l’humiliait, l’offensait ; pas un mot qui ne fût un coup de poignard. À son insu, sans s’expliquer pourquoi, il souffrait de l’éloge qu’Édith avait fait de Frédéric : le germe d’un mal qu’il n’avait jamais ressenti venait de se glisser dans son cœur. En songeant que Spiegel avait vendu ses tableaux, et que ce n’était pas lui, Muller, lui, son frère, qui les avait achetés ; en se disant que Spiegel avait acquis du prix de son talent la maison