V On peut croire que la visite du mystérieux étranger fut pendant longtemps le sujet des entretiens de Muller, d’Édith et de Spiegel. Naturellement ombrageux, jaloux en amitié comme on l’est en amour, car toutes les amitiés vraies sont nécessairement jalouses, Spiegel ne cachait pas son mécontentement. Il reprochait à Muller sa faiblesse, sa complaisance : comment Muller avait-il pu recevoir chez lui, garder près de lui pendant toute une soirée un homme dont il ne savait pas même le nom ? À coup sûr, cette folle condescendance ne lui promettait rien de bon. Qui savait, qui pouvait prévoir si cet hôte indiscret ne reviendrait pas bientôt ? Encouragé par l’accueil bienveillant qu’il avait reçu, n’essayerait-il pas de s’établir dans la famille ? Et alors que deviendrait l’intimité douce et p