IV La Faunesse Aimer, mais aimer sans oser l’avouer, par timidité, par sotte crainte, sans pouvoir se rendre absolument raison de cela ; sentir dans sa poitrine une flamme incessante, cruelle, dévorante, qui ronge le cœur, et ne pouvoir l’éteindre ; – aimer comme on n’aime qu’une fois en sa vie avec toute la passion des vingt ans ; n’avoir pas une pensée, pas un battement de cœur, pas un tressaillement de l’âme qui ne soit pour la femme qu’on aime ; sentir ses lèvres frémir et balbutier quand on veut prononcer son nom… et ne pas oser ! Renfermer son amour, contenir cette lave, emprisonner sa pensée qui veut déborder… et ne pas oser !… n’est-ce pas un supplice plus affreux mille fois que les tourments promis par l’enfer ? Tel était le trouble de l’âme de Julien, un mois après, à l’égard