II Il était à peu près huit heures du soir ; Mlle Bruneville, assise au coin de son feu, attendait la visite de son ancienne amie. Son fauteuil était prêt, et sur le guéridon, à la portée de la main, un petit écran présentait son manche d’ébène. Rien ne troublait le recueillement dans ce salon situé pourtant à quelques pas des quartiers les plus mouvants de la ville. Mlle Bruneville avait choisi son appartement avec le tact exquis qu’elle mettait en toutes choses. Peu lui importait, à elle, moitié recluse et moitié femme du monde, que sa maison fît bonne figure sur la rue, qu’elle annonçât à tous l’aisance dont elle jouissait. Ce qu’elle voulait, c’était, avec le confort intérieur et la sécurité de la ville, l’air, le silence, la liberté, et elle avait trouvé tout cela. Dans une vaste mai