III Le secrétaire intimeJe ne sais comment cela s’était fait, mais j’en étais peu à peu venu à ne plus m’absenter de l’hôtel de mademoiselle de Ligny qu’aux heures où décemment ma présence n’était plus permise. J’étais devenu son cavalier servant, son ombre. Elle me présentait à tous, me conduisait partout, à la messe, aux sermons, aux théâtres, dans les grandes soirées du monde et des ministres ; elle me fit même inviter à un bal de la cour. Dans les premiers temps cela me plut assez, j’étais enlevé dans le tourbillon, et je ne regardais ni à droite ni à gauche, ni devant ni derrière, pour reposer mes idées sur des objets qui auraient pu en changer la route. Je voyais peu Gustave, qui, lancé dans un autre cercle que le mien, cercle de plaisirs et de folies, me faisait envie avec sa bonne