I - Paris vu de près-1
I
Paris vu de prèsFigurez-vous maintenant le jeune homme que vous savez, avec son âme impressionnable ouverte à toutes les passions fougueuses, et qui cependant en a déjà fini, – il le croit du moins, – avec les rêves de la plus invincible de toutes, de l’amour qui nous guette tous tant que nous sommes pour nous saisir et nous tourmenter au seuil de la vie, pour ainsi dire, alors que la vie est intelligente et capable de s’abandonner à des sensations dont l’avenir paraît sans terme ;
Avec son imagination ardente et créatrice, cherchant incessamment où se prendre pour lui bâtir d’autres illusions qui remplacent celles dont il s’est amèrement joué, et qu’il a jetées au vent, hardi coureur d’émotions qu’il a été !
Avec son esprit imprévoyant qui, tenant peu compte du positif des choses, n’en saisit que le côté poétique ;
Avec sa vanité qui le rend toujours prêt à donner un audacieux démenti à la raison, à nier effrontément la pierre contre laquelle il s’est heurté, et l’ornière d’où il n’a retiré son pied que souillé de fange ; et qui lui fait croire, – le s*t ! – qu’il vivrait et mourrait à l’étroit en province ?
Oui, figurez-vous ce jeune homme, ainsi fait, libre de ses actions et de sa fortune, et roulant de sa province vers Paris, comme d’une montagne à un gouffre, et quelles que soient les folles pensées qui aient tourbillonné dans sa pauvre tête, vous n’en serez point étonné ; vous comprendrez tout ce qui est en lui, tout ce qui vient de lui : – et ses éclairs de gaîté, et son rire, et ses gestes animés, et sa parole pressée et pittoresque sous les images colorées dont il l’habille ; et puis, aux heures des relais ou des repas, son oreille attentive aux discours des voyageurs pour saisir au passage quelques récits de ce Paris miraculeux d’où ils viennent et où il va ; et ses regards envieux jetés sur ces gens qui ont goûté un bonheur qui lui est encore inconnu, et alors son impatience de se remettre en route, et ses apostrophes aux postillons qui ne vont pas assez vite, lors même qu’ils crèveraient les chevaux de poste, – si des postillons crevaient jamais des chevaux de poste.
Oui, vous comprendrez tout cela.
C’est que, voyez-vous, pour l’enfant de la province, – qu’il soit sorti d’un lycée ou d’un collège, bourré de grec et de latin, nivelé par le grand monopole universitaire pour tenir ce qu’on appelle un rang dans le monde, – ou que, le sac sur le dos, n’ayant pour toute fortune que ses deux bras façonnés à un rude métier, il parte, escorté jusqu’aux portes de sa ville natale par les compagnons, pour faire son tour de France, – Paris est l’objet de ses vœux, la terre promise qu’il a vue dans ses songes, la ville des prodiges, la ville des illusions, la merveille du monde.
Tout ce qu’il connaît des villes de l’antiquité, des palais magiques élevés par les fées, des cités de l’Orient si magnifiques dans les contes des Mille et une Nuits ; tout ce qu’il a bâti en idée, de beau, de joyeux, d’aimable, de gigantesque : Thèbes avec ses cent portes, Athènes avec son Parthenon, Rome avec ses temples et ses amphithéâtres, la ville de Tyr avec son négoce et les voiles de ses mille vaisseaux, Bagdad avec ses palmiers et ses minarets dont l’or reluit au soleil, Naples avec ses palais de marbre et ses orangers toujours verts, Venise avec les chants de ses mariniers, et ses amours dans les gondoles ;
Tout cela dans sa pensée, tout cela, vous dis-je, c’est Paris.
Mais ce n’est encore là que le Paris des yeux, le Paris des sens, le Paris de plâtre et de pierre, le Paris de la matière.
À lui encore le Paris de l’intelligence ; – Paris lui apparaissant comme une fournaise où tombe, filtre, s’amasse et bout incessamment tout ce qui constitue une grande nation : arts, industrie, pensée, et où ne remonte à la surface que ce qui est sève, vie et âme, ce qui est or pur.
À lui donc le Paris du génie et de la parole, à éclairer son siècle, à soulever un monde ;
À lui le Paris des projets ambitieux, à être chamarré d’or et de cordons, ou à se faire un nom que répète la foule.
Et c’était là mon Paris à moi, Charles Didier, tel que je l’avais toujours rêvé, tel surtout qu’il passait dans ma tête, quand la puissance palingénésique de ma pensée me remettait en mémoire les grands hommes dont il avait été et dont il était encore la patrie ou le séjour ; les élévations subites dont il avait été le témoin ; les évènements dont il avait été le foyer ou le théâtre.
Aussi quand, répétant le cri du postillon, Gustave Darbois me frappa sur l’épaule, et m’arracha à mes rêveries, en criant : Voilà Paris ! je sentis le sang gonfler mes artères et bourdonner à mes tempes, mon cœur battit fort et vite, et mes yeux furent grands ouverts comme ceux d’un homme qui, après une longue attente, veut voir, veut toucher l’objet de ses vœux qu’on lui dit être devant lui, sous sa main…
J’avais abandonné la ligne la plus droite, j’avais pris le chemin le plus long pour entrer à Paris par la barrière d’Enfer, car je m’étais fait une haute idée de cette barrière qui, d’après tout ce que j’en avais entendu dire, me semblait le versant le plus abondant de la France, celui qui, à lui seul, aurait suffi pour gonfler le grand puits de la civilisation, et qu’à ce titre je croyais avoir quelque chose de monumental et d’harmonisé avec sa destination ; il me semblait que tout d’abord et rien qu’à la voir, un étranger amené là sans renseignements antérieurs devait deviner qu’il entrait dans la première capitale du monde.
Déception !
À droite et à gauche deux bâtiments parallèles et écrasés, dont quatre piliers de pierre carrés – deux fois hauts comme le soldat en faction qui s’appuie contre l’un d’eux, – supportent un fronton badigeonné qui laisse lire en grosses lettres à son soubassement du côté droit ces mots : Corps de garde ; de l’autre ceux-ci : Octroi municipal.
En face, une large grille de fer qui ne laisse qu’une étroite ouverture au flux et au reflux de la grande cité ; à l’un des battants de cette porte se tient le douanier dont l’œil inquisiteur sonde l’intérieur des voitures et vous regarde effrontément sous le nez, tandis que charrettes et équipages, groupés, entassés et nombreux n’entrent qu’un à un et à la file, comptés, pour ainsi dire, par la longue baguette de fer d’un commis, comme les moutons par la houlette du berger, lorsque le berger, placé devant la porte du bercail, n’en ouvre juste que ce qu’il faut pour qu’il ne passe qu’un mouton à la fois.
Oui, si, même deux heures avant mon arrivée, un homme fût venu à moi sur la grande route et m’eût dit : Voilà une des mille pierres qui pavent la rue d’Enfer… je l’aurais achetée, je l’aurais fait mettre sous verre, j’en aurais fait tailler un fragment que j’aurais enchâssé dans de l’or, je l’aurais attaché à ma chemise comme une épingle, ou pendu à ma chaîne de montre comme un cachet ; car, à cette époque, la rue d’Enfer était devenue le séjour de la plupart de nos célébrités contemporaines, – célébrités pour le temps du moins, car depuis, la plupart de ces géants sont devenus des pygmées. Le flot populaire les a rongés, et il n’a pas été nécessaire que le tombeau se fût refermé sur leur cadavre pour que l’oubli eût passé sur leurs noms et sur leurs œuvres. Un seul excepté, un seul qui a eu une influence marquée sur quelques années de son siècle ; quelques années seulement, entendez-vous bien ? à l’heure où j’écris, pour avoir consenti à traîner sa noble vieillesse dans les querelles des partis, pour avoir mis son beau génie à la suite du contenu d’un pourpoint royal ou d’un cotillon qui vient d’amasser de la fange, il a perdu, le grand homme, tout l’ascendant que devait donner une noble résignation après de sublimes adieux. Il lui fallait la retraite après avoir parcouru le théâtre dans toute sa force, et voilà qu’il y est revenu avec une voix chevrotante, des bras qui ne peuvent plus ébranler des colonnes, des jarrets détendus et des pieds qui n’impriment plus leur trace ; il s’expose à se heurter le front contre le manteau d’arlequin, à disparaître dans le trou du souffleur qu’il ne distingue plus, et à voir la jeunesse moqueuse railler le vieillard de ses airs de jeune homme.
Me voilà donc dans la rue d’Enfer par une matinée de novembre de l’an 1825, sombre et brumeuse, et rien, rien qui m’annonce l’habitation de cet homme de génie, qu’une simple lettre déposée sur son bureau par ordre du ministre gascon, avait renvoyé comme un commis du ministère des affaires étrangères. Point d’équipages à sa porte, pas un courtisan de son infortune, à lui qui a été le courtisan de si hautes infortunes ; absente, cette foule de disciples dont marchaient entourés les philosophes de l’antiquité, les savants même du Moyen Âge, – oui, absente de chez lui qui pourtant a fait école. Rien ne me dit : là demeure Chateaubriand. Non, rien, si ce n’est une table de marbre noir sur laquelle sont gravés ces mots : Hospice de Marie-Thérèse. C’est bien cela : hospice et génie, deux mots qui se sont trouvés souvent accouplés.
Et la voiture, roulant à travers une double haie de maisons hautes et grises, fait jaillir sous ses roues une boue infecte et noire, et mêle son bruit à tout ce bruit qui dominerait même le cri du malheureux qu’on écraserait en passant et du mendiant qui vous dirait j’ai faim. Je sens que déjà l’air manque à mes poumons habitués à se dilater à l’air vif de nos plaines, et le soleil à mes yeux pour lesquels il n’était point d’horizon, et qui aujourd’hui ont peine à percer la brume grisâtre qui semble s’épaissir à mesure que je suis emporté dans le dédale de la grande ville.
– Gustave ! – m’écriai-je aussitôt que je fus entré dans l’appartement de l’hôtel auquel notre postillon nous avait conduits, rue de Richelieu.
– Gustave, c’est donc là Paris ?
Des rues sales et tortueuses, des maisons en pierre et des baraques en bois, peintes en rouge ou en vert jusqu’au premier étage, des viandes qui pendent aux étalages des bouchers et dans des chariots lancés au galop à travers la foule, des marchands de vin à tous les coins de rue, des étoffes bariolées qui serpentent en festons sur les devants des magasins dont elles obscurcissent l’intérieur, des chandelles et des saucissons de bois rouge et blanc qui tournoient et se heurtent au vent, imitant la cliquette des lépreux ou le bruissement des os des suppliciés aux fourches patibulaires ; des chevaux efflanqués attelés à des voitures malpropres et conduits par des cochers en guenille, dont le fouet, qui tombe incessamment noueux et sifflant sur ces pauvres bêtes, devance de quelques jours la besogne de l’équarrisseur qui les attend. Quoi ! c’est là Paris ; Paris, ma ville de Grèce, ma ville d’Italie, ma ville d’Orient !
Je me sentis saisi au cœur par un découragement profond, et prêt à pleurer sur mes illusions déçues.
– Enfant que tu es !
Ce fut toute la réponse, toute la consolation que j’obtins ; car mon jovial compagnon avait plus envie de me rire au nez que de rebâtir un à un des rêves sur lesquels on voyait bien qu’il était homme à prendre son parti, s’il n’avait pas déjà compté avec eux.
– Enfant tant que tu voudras ; mais, avant la fin du jour, je veux savoir à quoi m’en tenir ; je veux parcourir Paris, je veux le voir en détail, je veux aller à la recherche de ce qu’il a de beau au milieu de tout ce qu’il renferme de laid ; j’établirai la balance, et, si je ne trouve pas mon compte, ma foi ! je repars demain.
– À la bonne heure, voilà qui est parler. Eh bien ! va, trotte dans Paris ; gare-toi des filous ; saute lestement les ruisseaux ; ne te fais pas écraser contre une borne, et ce soir, quand tu reviendras, je t’aiderai à faire le bilan de la grande ville, et il faudra, je te jure, que tu sois terriblement de ton pays, si tu ne conviens pas que le plus mauvais arbre mort des boulevards vaut mieux que le plus beau pommier fleuri des jardins de Falaise.
Je sortis, en effet, la poitrine haletante, les yeux hagards, comme pour embrasser tout à la fois, ciel, murailles et foule ; vêtu de mes plus beaux habits, croyant qu’ils allaient me faire remarquer, et piqué au vif de ce qu’on passait auprès de moi sans y faire la moindre attention ; enfin, je n’avais pas fait vingt pas que la roue d’un cabriolet, me jetant de la boue au visage, m’éclaboussa de la tête aux pieds. Je lançai un gros juron, mais la voiture était déjà loin. Je crus que ma mésaventure exciterait la compassion ou le rire ; mais il en fut de cela comme de ma toilette, on n’y prit pas garde, et je trouvai là, du moins, un dédommagement pour ma fatuité.
Tout cheminant j’entrai à la Bibliothèque royale, l’une des plus belles, des plus riches du monde, à ce qu’on dit. Je n’avais pas achevé d’en parcourir les vastes salles que le froid avait engourdi mes membres.
Ce bazar ouvert à l’intelligence, me dis-je alors, à qui sert-il ? Ce n’est, en bonne conscience, qu’un guet-apens tendu aux hommes d’étude. C’est que, voyez-vous, on écrit mal quand on souffle dans ses doigts, et il y a de quoi être distrait quand on se sent exposé à geler sur des chaises de cuir.
J’arrive à la place Vendôme ; mon œil s’anime et parcourt la longue suite de victoires qui montent en spirale aux flancs de la colonne ; de la base il arrive au sommet, la colonne était décapitée ; la statue de Napoléon avait fait place au drapeau ramené par les étrangers. Ne pouvant arracher le grand empereur des pages de notre histoire, on s’était vengé en lui escamotant son piédestal ; parce qu’on avait chassé le dieu du temple, on croyait que le temple ne rappellerait pas le dieu ; parce qu’il ne dominait plus au faîte avec sa couronne et son manteau d’empereur, on avait espéré que la foule n’irait pas le chercher avec le petit chapeau et la redingote grise sur son cheval de bataille, quand il franchit le Saint-Bernard, ou au pont d’Arcole, quand il arbore les trois couleurs.
Enfin que vous dirais-je ?
Au pied de cette colonne où ne devraient revivre que des souvenirs d’honneur et de gloire, où on n’aurait dû prononcer que le nom des braves, d’où nos soldats n’auraient jamais dû partir que pour marcher à l’ennemi, eh bien ! au milieu d’un bataillon sous les armes, je vis dégrader un déserteur : en face d’un monument élevé au courage, proclamer la lâcheté et de là l’envoyer aux galères… c’est une profanation ! une ignoble profanation, entendez-vous ?
Et je me remis en marche.
Après avoir parcouru à travers le bruit, les voitures et la fange, des rues qui serpentent, se croisent, se mêlent, tournent en spirale, reviennent sur elles-mêmes, véritable écheveau où l’œil se perd, d’où l’expérience la plus consommée ne se débrouille qu’avec peine ; après avoir passé et repassé les ponts nombreux qui ressemblent à des amarres attachant des îles aux deux bras de la Seine, j’arrivai dans la Cité. – La Cité, grand navire enfoncé dans la vase et échoué au fil de l’eau, comme dit Sauval, lourd savant qui parfois a eu des bonnes fortunes d’image et de style qu’envierait, Dieu me pardonne, plus d’un paléographe moderne.
Oui, ma foi, voilà bien le vieux Paris dans toute sa laideur primitive, d’où lui vient son nom de Lutèce que Rousseau a paraphrasé en l’appelant ville de boue et de fumée. La paraphrase est encore de nos jours rigoureusement vraie, et elle le sera longtemps, je pense ; demandez à nos préfets de police.
Je me crus perdu, suffoqué, manquant d’air et de jour dans ce chaos, dans cet étouffoir de hautes maisons qui, des deux côtés, se touchant presque par les combles avancés, ne laissent arriver l’air et le jour que par cette b***e lumineuse, longue, étroite, grisâtre qui sépare les toitures dans toute l’étendue de la rue, et devient de la sorte le seul passage donné aux exhalaisons du ruisseau infect placé parallèlement à cent pieds au-dessous.
Enfin, après des efforts inouïs, m’échappant de ces mille ruelles, j’arrivai dans l’une de celles qui se dégorgent sur la place du Parvis.
L’église de Notre-Dame était devant moi ! et me voilà en extase, contemplant l’imposante, la vieille, la sainte cathédrale dont Charlemagne avait posé, à la base, la première pierre, et Philippe-Auguste la dernière au sommet.
Sur chaque face, sur chaque pierre de cette sublime page architecturale, je lisais notre histoire depuis l’empereur d’Occident jusqu’au vainqueur de Bouvines, je suivais la marche, les progrès et les révolutions de l’art ; car il en est de ces monuments hybrides comme des institutions d’un peuple, c’est l’œuvre des siècles. Chaque siècle reprend l’édifice au point où l’a laissé le siècle précédent ; il lui donne son architecte qui, sur la partie déjà élevée, greffe l’art nouveau, ou le transforme avec ses variétés et ses progrès ; ainsi, souvent, sur la masse lourde et carrée de l’ère romane qui supporte le plein cintre, on a greffé les ogives et les frêles aiguilles gothiques ; sur celles-ci on a soudé les dentelures et les rosaces arabes ; puis est venu l’artiste qui, au milieu de ce riche habillement de ciselures, a fait courir et serpenter les entournements capricieux de la renaissance.
Oh ! je sais bien que telle que la voilà, notre grande cathédrale, ce n’est pas encore celle que nos pères ont vue. Je sais que le temps et les hommes l’ont ébréchée, défigurée, désharmonisée en plus d’un endroit ; que dans ces niches vides, il y avait des statues de saints, de vierges, de chevaliers et de rois de France ; que cette haute porte sculptée ne devait pas venir s’encadrer au milieu de ces riches arabesques ; qu’à l’intérieur, – à la place du maître-autel gothique écrasé sous le poids des châsses et des reliquaires, – Louis XIV, qui voulait toucher à tout, a fait élever des anges, des nuages tout blancs, tout marbre, comme s’ils attendaient les rayons de son soleil et sa devise fastueuse Nec pluribus impar.
Je sais bien encore que le jour arrive pâle et gris au sanctuaire, à travers des vitres froides et blanches, au lieu de s’assombrir, de se teindre en passant de la riche couleur des vitraux qui se dessinaient jadis en losanges et en étoiles bariolées à la belle rosace du grand portail, ou qui tournant autour du chœur et de la nef, retraçaient sur les fenêtres en ogive les grandes histoires de l’Écriture sainte, et la chute de nos premiers parents, et Marie donnée en épouse à Joseph, et la Vierge visitée par Élisabeth qui la bénit entre toutes les femmes, et Jésus chez Pilate, et tous les mystères de la rédemption…
Oui, vraiment, je sais tout cela.
Mais, depuis toutes ces mutilations, ces transformations, ces restaurations, la vieille église aura été respectée, j’espère ? nul artiste moderne, nul monsieur breveté, patenté, défrayé par l’état, ou par la cassette, ne sera venu y gâcher du plâtre, j’espère ?
Ah ! vous croyez que l’architecte du XIXe siècle ne viendra pas aussi mettre sa truelle au vieil édifice ? qu’il se gardera d’en restaurer l’intérieur de par le bon goût, comme l’ont fait le dix-septième siècle avec ses anges et ses marbres blancs, et le dix-huitième avec ses draperies, ses guirlandes et ses chicorées ? Il y vient bel et bien, parbleu !