Ce n’est pas du reste qu’en cherchant bien, à quelques années de distance dans le passé, alors que mademoiselle de Ligny était dans la première fraîcheur de sa jeunesse, en s’enquérant auprès des personnes qui formaient le cercle de ses connaissances, on ne pût soupçonner que ce cœur de femme ainsi devenu, avait été véritablement un cœur de femme avec ses passions et ses faiblesses, avec ses naïvetés, et ses croyances à tout ce qui est beau et vrai. À voir les soins assidus qu’elle donnait à une jeune orpheline placée auprès d’elle, on pouvait penser qu’il y avait dans son âme autre chose qu’une pitié d’apparat ; à voir ensuite comme à certains moments elle oubliait sur elle des regards où se peignaient la plus tendre sollicitude, on se serait surpris à croire pour l’instant qu’elle était