XII Triomphe de l’innocence Joesse, Pythias, Lisias JOESSE Tu me dédaignes, Lysias, et je l’ai bien mérité ; car jamais je ne t’ai demandé d’argent, jamais je ne t’ai fermé ma porte sous prétexte que j’avais du monde. Jamais je ne t’ai engagé à tromper ton père ou à dérober quelque bijou à ta mère pour me l’apporter, comme font toutes les autres courtisanes ; mais dès l’instant que je t’ai connu, je t’ai reçu sans exiger rien, sans te faire payer ta dépense. Tu sais combien d’amants j’ai refusés pour toi : Étoclès, qui est aujourd’hui prytane, Pasion le patron de vaisseau, le jeune Mélissus, ton camarade, et que la mort de son père vient de rendre maître d’une fortune considérable. Toi seul a toujours été mon Phaon, je n’avais d’yeux pour nul autre, je n’ai ouvert ma porte qu’à toi ; c