Vous est-il jamais arrivé de battre une plaine, dix heures durant, sous un soleil d’août, sans faire lever la moindre compagnie ni le plus modeste levraut ? Vous rentrez bredouille en maugréant contre le braconnage qui dépeuple votre canton comme les neuf dixièmes de la France. Les braconniers vous sont connus, et le recéleur aussi ; vous savez pertinemment que l’auberge du Lion d’Argent regorgeait de gibier quinze jours avant l’ouverture, et qu’on servait des perdreaux à la table d’hôte de MM. les magistrats. Mais comme vous n’êtes rien qu’un individu isolé, votre pouvoir se réduit à quelques criailleries intimes et stériles. Supposez au contraire que tous les chasseurs de France se réunissent en société pour la protection du gibier. On se cotise ; on vote un budget consacré spécialement