– J’ai à vous parler, dit-elle. – Moi aussi, j’ai à te parler, répliqua Isidore avec vivacité en attirant la jeune fille sur la chaise posée en face de la sienne au coin de l’âtre, dont il ranima la flamme à demi éteinte. – Et d’abord, fit-il avec un emportement presque farouche, m’aimes-tu, seulement, toi ? Es-tu bien sûre de m’aimer ? Pourquoi m’aimerais-tu ? Je ne suis pas beau, je n’ai pas d’esprit ; je suis lourd, brutal, je ne sais ni chanter, ni danser. Je n’aime pas à rire, ni à causer. Je sais ce que toutes les filles du pays disent de moi, et ce qu’elles disent tu dois le penser. Pris subitement d’un doute sur la sincérité de l’attachement de sa maîtresse, Isidore, qui, dans le dialogue, ignorait l’art des nuances et des transitions, posait les questions comme on donne un coup