CHAPITRE VIII Au milieu des balles Ce jour-là, nous avions déjeuné de bonne heure, à cause de mon père, qui allait aux remparts ; comme nous sortions de table, Jules vint me prendre avec l’ordre de nous rendre immédiatement à Châtillon. Ma mère, que j’embrassai avant de partir, me dit : « Où vas-tu ? – À Châtillon. – Pourquoi faire ? – Il y aura des blessés à soigner. – On va donc s’y battre ? – On le croit. – Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! Mais c’est terrible, cela ! Surtout pas d’imprudence ! Ne va pas du côté des balles. » Mon père lui dit : « Tu sais bien qu’on ne tire jamais sur les ambulances. » Elle me fit d’interminables recommandations, puis me pressa contre elle avec un gros soupir, les yeux levés comme pour une courte et muette supplication. Et, quand je fus dehors, je