Chapitre IV-1

3016 Words
Chapitre IVe sentier de gazon Conduit en serpentant sous un beau pavillon ; Ton pied si délicat peut y marcher sans crainte ; D’un caillou raboteux ne crains donc pas l’atteinte. Tu seras à l’abri de la pluie et du vent : – Mais est-ce dans ce lieu que le Devoir t’attend ? Non, il est sur ce roc. D’amarantes ornée Ne vois-tu pas vers toi sa baguette tournée ? C’est là qu’il faut gravir ; pour cela, que ta tête Apprenne à supporter l’effort de la tempête. Il te faudra souffrir le froid, le chaud, la faim ; Mais il te guidera dans ce noble chemin. Lorsque sur le sommet tu seras assurée, Tu te croiras alors enfant de l’empyrée ; La terre et tous ses biens sous tes pieds étendus, Perdant tous les attraits, de leur grandeur déchus, Ne te paraîtront plus qu’un néant méprisable. Anonyme. Le lecteur ne peut avoir oublié qu’après son combat avec le soldat de la république, sir Henry Lee était parti avec sa fille pour aller chercher un abri dans la chaumière du vigoureux garde forestier Jocelin Joliffe. Ils marchaient à pas lents, comme auparavant ; car le vieux chevalier était doublement accablé par l’idée de voir les derniers restes de la royauté tomber entre les mains des républicains, et par le souvenir de sa propre défaite toute récente. Il s’arrêtait de temps en temps, et croisant les bras sur sa poitrine, il réfléchissait sur toutes les circonstances qui accompagnaient son expulsion d’un château qui avait été son domicile pendant tant d’années. Il lui semblait que, comme les champions des romans, il s’éloignait d’un poste qu’il était de son devoir de garder, défait par un chevalier païen à qui le destin avait réservé de mettre à fin cette aventure. Alice, de son côté, avait aussi des souvenirs pénibles, et sa dernière conversation avec son père avait roulé sur un sujet trop peu agréable pour qu’elle cherchât à la renouer avant qu’il eût le temps de reprendre un peu plus de calme. Sir Henry avait un excellent caractère, et il aimait tendrement sa fille, mais l’âge, et le malheur qui depuis quelques années l’avait frappé coup sur coup, avaient donné à son humeur une irritabilité capricieuse. Sa fille et un ou deux serviteurs fidèles encore attachés à sa fortune supportaient cette faiblesse sans autre sentiment qu’une compassion sincère. Il se passa quelque temps avant qu’il parlât, et ce fut pour rappeler un incident que nous avons déjà mentionné. – Il est étrange, dit-il, que Bevis soit resté avec Jocelin et ce drôle au lieu de me suivre. – Soyez bien sûr, mon père, dit Alice, que sa sagacité lui a fait voir en cet homme un étranger qu’il a cru devoir surveiller, et que c’est pour cela qu’il est resté avec Jocelin. – Non, non, Alice. Il m’abandonne parce que la fortune m’a abandonné. Il y a dans la nature quelque chose qui apprend à fuir le malheur, quelque chose qui agit même sur l’instinct, comme on l’appelle, des animaux dépourvus de raison. Le daim tourne son bois contre le daim de son propre troupeau qu’il voit malade ou blessé ; estropiez un chien, et tout le chenil tombera sur lui ; le poisson atteint d’un coup de javeline est dévoré par les autres ; et le corbeau à qui l’on a coupé une aile ou cassé une patte est tourmenté par ses semblables jusqu’à ce que la mort le délivre. – Cela peut être vrai des animaux sauvages, dont toute la vie est presque une guerre perpétuelle, mon père ; mais le chien abandonne sa propre espèce pour s’attacher à l’homme ; il oublie pour son maître la nourriture, les plaisirs et la compagnie de ses semblables ; et certainement l’attachement d’un serviteur aussi dévoué que Bevis, pour ne parler que de lui en ce moment, ne doit pas être légèrement suspecté. – Je n’en veux pas à Bevis, Alice, mais je suis fâché de ce que je vois. J’ai lu dans des chroniques véridiques que, lorsque Richard II et Henry de Bolingbroke étaient au château de Berkeley, un chien de même espèce, qui avait toujours été fidèlement attaché au roi, l’abandonna pour suivre Henry, qu’il voyait alors pour la première fois, et que la désertion de son chien favori fit prévoir à Richard sa déposition prochaine. Ce chien fut ensuite placé à Woodstock, et l’on dit que Bevis est de sa race, qui a été conservée avec soin. Je ne puis deviner quels nouveaux malheurs sa désertion doit me faire prévoir ; mais un je ne sais quoi m’assure qu’elle ne présage rien de bon. En ce moment on entendit un bruit éloigné dans les feuilles tombées qui jonchaient la terre ; quelque animal semblait courir dans les broussailles ; et presque au même instant Bevis arriva en bondissant près de son maître. – Hâte-toi de comparaître, mon vieil ami, dit Alice avec un ton de gaieté, et viens défendre ta réputation, qui court des risques en ton absence. Mais le chien ne fit qu’un acte de politesse en gambadant un instant autour de son maître, et, retournant sur ses pas au grand galop, il disparut. – Comment, drôle ! s’écria le chevalier, tu as sûrement été trop bien dressé pour te mettre à chasser sans ordre ! Quelques minutes de plus firent apercevoir Phœbé Mayflower ; et, malgré le panier dont elle était chargée, elle marchait d’un pas si leste, qu’elle rejoignit son maître et sa jeune maîtresse à l’instant où ils arrivaient devant la chaumière qui était le but de leur voyage. Bevis, après avoir fait une course en avant pour rendre visite à sir Henry, l’avait quitté pour retourner à son devoir, qui était d’escorter Phœbé et les provisions qu’elle apportait. Toute la compagnie se trouvait alors réunie devant la porte de la chaumière. Dans des temps plus heureux, une maison construite en pierre offrait en ce lieu une habitation convenable pour un garde d’une forêt royale. Une belle fontaine en était voisine, et tout autour étaient différentes cours avec des bâtiments servant de chenil et de fauconnerie ; mais dans quelques-unes des escarmouches si fréquentes dans tout le pays pendant les guerres civiles, ce petit bâtiment rural avait été attaqué, défendu, emporté et incendié. Un propriétaire du voisinage, qui avait pris parti pour le parlement, avait profité de l’absence de sir Henry Lee, alors dans le camp de Charles, et du mauvais état des affaires du roi, pour s’emparer sans cérémonie des pierres et des autres débris que le feu avait épargnés, et qu’il fit servir à réparer sa maison. Le garde, notre ami Jocelin Joliffe, avait donc reconstruit en quelques jours, à l’aide de quelques voisins, une chaumière pour s’y loger avec la vieille femme qu’il appelait sa dame. Les murs, formés de terre et d’osier, en avaient été badigeonnés avec soin ; ils étaient tapissés de vignes et d’autres arbrisseaux ; le toit était bien couvert en chaume ; en un mot, quoique ce ne fût qu’une hutte, l’extérieur en avait été si bien soigné par l’industrieux Joliffe, que le garde d’une forêt royale pouvait y demeurer sans déroger. Le chevalier s’avança pour entrer : la porte n’était close que d’une claie d’osier très serrée ; mais Jocelin, à défaut d’un meilleur service, avait imaginé une manière de la fermer à l’intérieur par le moyen d’une cheville qui empêchait qu’on ne pût soulever le loquet en dehors ; cet obstacle que le chevalier rencontra lui fit présumer que c’était une précaution prise par la vieille dame de Joliffe, dont il connaissait la surdité : il appela donc à grands cris, mais inutilement. Irrité de ce délai, il poussa la porte des pieds et des mains, la barrière fragile ne put résister à ses efforts, elle céda sur-le-champ ; et le chevalier entra ainsi de vive force dans la cuisine ou appartement extérieur de Jocelin. Au milieu de la salle, et dans une attitude qui indiquait de l’embarras, était un étranger enveloppé dans un grand manteau. – C’est peut-être le dernier acte d’autorité que j’exercerai ici, dit le chevalier en saisissant l’étranger au collet ; mais pour cette nuit du moins je suis encore grand-maître de la capitainerie de Woodstock. – Que fais-tu ici ? – Qui es-tu ? L’étranger écarta le manteau qui lui couvrait le visage, et fléchit en même temps un genou en terre. – Votre pauvre neveu, dit-il, Markham Éverard, qui est venu ici par affection pour vous, quoiqu’il craigne bien que l’accueil qu’il recevra de vous ne témoigne pas une affection semblable. Sir Henry recula en tressaillant ; mais aussitôt, en homme qui se souvenait qu’il avait un rôle à jouer pour soutenir sa dignité, il redressa sa taille, et répondit avec un air de majesté : – Beau neveu, je suis charmé que vous soyez arrivé à Woodstock, précisément la première nuit qui, depuis bien des années, peut vous y promettre un accueil favorable et digne de vous. – Dieu veuille que cela soit et que je vous entende et comprenne bien ! s’écria le jeune homme tandis qu’Alice, muette, avait les yeux fixés sur le visage de son père, ne sachant si ce qu’il venait de dire devait s’interpréter favorablement pour Markham ; car la connaissance qu’elle avait du caractère du vieillard rendait pour elle cette supposition plus que douteuse. Le chevalier jeta un regard sardonique d’abord sur son neveu, ensuite sur sa fille, et continua : – Je présume que je n’ai pas besoin d’informer M. Markham Éverard que nous ne pouvons songer à le recevoir, ni même à le prier de s’asseoir dans cette misérable hutte. – Je vous accompagnerai bien volontiers à la Loge, répondit le jeune homme. Je croyais bien que le soir vous y avait déjà fait rentrer, et je n’osais m’y présenter de peur de vous déplaire. Mais si vous voulez me permettre de vous y accompagner, ainsi que ma cousine, parmi toutes les bontés que vous avez eues pour moi autrefois, il n’en est aucune qui puisse m’inspirer plus de reconnaissance. – Vous vous méprenez grandement, M. Markham Éverard, répliqua le chevalier. Notre intention n’est pas de retourner ce soir à la Loge. Non, de par Notre-Dame ! ni demain non plus. Je voulais seulement vous apprendre, en toute courtoisie, que vous trouverez à Woodstock une société qui vous convient, et dont vous recevrez certainement un accueil que je ne puis me permettre de faire à un homme de votre importance dans la retraite où vous nous voyez. – Pour l’amour du ciel, s’écria Markham en se tournant vers sa cousine, dites-moi comment je dois expliquer un langage si mystérieux. Alice, pour empêcher l’explosion de la colère comprimée de son père, fit un effort sur elle-même pour retrouver la parole, et elle n’y réussit pas sans difficulté. – Nous avons été chassés de la Loge par des soldats, lui dit-elle. – Chassés ! par des soldats ! s’écria Markham avec surprise. Ils n’ont pas de mandat légal pour cela. – Ils n’en ont point, dit le chevalier avec le ton d’ironie piquante qu’il avait pris dès le commencement de cet entretien ; mais ils en ont un aussi légitime qu’aucun de ceux qui ont été décernés en Angleterre depuis un an et plus. Vous vous occupez, je crois, ou du moins vous vous occupiez de l’étude des lois ; eh bien, monsieur, vous avez joui de votre profession aussi longtemps qu’un prodigue désire jouir de la vieille veuve qu’il épouse. Vous avez déjà survécu aux lois que vous étudiiez, et sans doute elles n’ont pas rendu le dernier soupir sans vous laisser quelque legs, quelque revenant-bon, quelque accroissement de grâce, pour me servir du langage du jour ; vous l’avez mérité doublement en portant le justaucorps de buffle et la bandoulière, et en maniant la plume ; car je ne sais pas encore si vous vous mêlez de prêcher. – Pensez de moi, dites de moi tout ce qu’il vous plaira, répondit le neveu d’un ton respectueux et soumis ; je ne me suis conduit, dans ce malheureux temps, que d’après ma conscience et les ordres de mon père. – Oh ! si vous parlez de conscience, s’écria le vieux chevalier, – il faut que j’aie les yeux ouverts sur vous, comme le dit Hamlet. Jamais puritain ne trompe plus impudemment que lorsqu’il en appelle à sa conscience ; et quant à ton père… Il allait continuer sur le même ton d’invectives ; mais Markham l’interrompit. – Sir Henry Lee, lui dit-il d’un ton ferme, votre caractère a toujours passé pour noble. Dites de moi tout ce que vous voudrez, mais ne parlez pas de mon père en termes que l’oreille d’un fils ne peut endurer et que son bras ne peut punir. Me traiter ainsi, ce serait insulter un homme sans armes et battre un captif. Sir Henry se tut comme s’il eût été frappé de cette remarque. – Tu as dit la vérité en cela, Markham, dit-il enfin ; il faut que j’en convienne, quand tu serais le plus noir puritain que l’enfer ait jamais vomi pour déchirer un malheureux pays. – Pensez-en ce qu’il vous plaira, répondit le jeune Éverard ; mais ne restez pas dans ce misérable taudis. La nuit menace d’un orage ; permettez-moi de vous reconduire à la Loge, et d’en expulser ces intrus, qui, du moins quant à présent, ne peuvent avoir ordre d’agir comme ils le font. Je n’y resterai après eux que l’instant nécessaire pour vous faire part d’un message, de mon père. – Accordez-moi cette grâce, au nom de l’amitié que vous aviez autrefois pour moi. – Oui, Markham, répondit son oncle d’un ton douloureux, mais ferme ; tu dis la vérité, je t’aimais autrefois. – Cet enfant à cheveux bruns à qui j’apprenais à monter à cheval, à manier les armes, à chasser, – qui passait près de moi ses heures de plaisir après des travaux plus graves, – je chérissais cet enfant. – Oui, – et je suis assez faible pour chérir encore le souvenir de ce qu’il était. – Mais il n’existe plus, Markham, dit-il enfin ; il n’existe plus. – Je ne vois en sa place qu’un rebelle déterminé, en armes contre sa religion et contre son roi ; un rebelle d’autant plus détestable qu’il a obtenu des succès ; un rebelle dont l’infamie s’accroît de l’espoir qu’il a de dorer sa trahison par des richesses, fruit du vol et du pillage. – Mais je suis pauvre, penses-tu, et je devrais me taire, de peur de m’entendre dire : Silence, drôle ! parle quand on t’interrogera. – Sache pourtant que, tout pauvre que je suis, tout pillé que j’ai été, je me trouve déshonoré par un si long entretien avec un des instruments de l’usurpation. – Rends-toi à la Loge, si bon te semble ; – en voilà le chemin ; – mais ne pense pas que pour y rentrer, pour retrouver toutes les richesses que je possédais dans le temps de ma plus grande prospérité, je ferais volontairement trois pas avec toi sur ce tapis vert. – Si l’on doit me voir en ta compagnie, ce sera quand tes Habits-Rouges m’auront lié les bras derrière le dos, et attaché les jambes sous le ventre de mon cheval. Tu pourras être alors mon compagnon de route, si tu le veux, j’en conviens, mais pas avant. Alice, qui souffrait cruellement pendant ce dialogue, et qui savait bien que toute réplique ne ferait qu’irriter encore davantage le ressentiment du chevalier, se hasarda, dans son inquiétude, à faire signe à son cousin de rompre l’entretien et de se retirer, puisque son père le lui ordonnait avec tant de colère. Malheureusement sir Henry s’en aperçut, et concluant de ce qu’il voyait qu’il régnait une intelligence secrète entre le cousin et la cousine, il lui fallut le plus grand effort sur lui-même et le souvenir de ce qu’il devait à sa propre dignité pour voiler sa fureur croissante du même ton d’ironie qu’il avait pris au commencement de cette entrevue. – Si vous craignez, dit-il à son neveu, de parcourir les sentiers de nos forêts pendant la nuit, respectable étranger, que je dois peut-être respecter comme mon successeur dans la garde de ce domaine, il me semble que voici une jeune fille modeste qui est disposée à vous accompagner et à vous servir de porte-bouclier. Seulement, par respect pour la mémoire de sa mère, qu’il se passe entre vous quelque légère formalité de mariage. Vous n’avez besoin ni de dispenses ni de prêtres dans cet heureux temps ; vous pouvez être accouplés comme des mendiants, dans un fossé, par quelque chaudronnier qui servira de prêtre, sous une haie dont les branches vous couvriront comme le toit d’une église. Mais je vous demande pardon de vous faire une requête si simple et si audacieuse : vous êtes peut-être un Ranter ; vous faites peut-être partie de la secte de Knipperdoling ou de Jacques de Leyde, ou vous appartenez à la famille de l’Amour, et vous regardez comme inutile toute cérémonie nuptiale. – Pour l’amour du ciel, mon père, s’écria Alice, cessez de plaisanter d’une manière si cruelle ! Et vous, Markham, retirez-vous, au nom de Dieu, et abandonnez-nous à notre destin. Votre présence fait perdre la raison à mon père. – Moi plaisanter ! dit sir Henry, je n’ai de ma vie parlé plus sérieusement. Perdre la raison ! jamais je n’en ai eu davantage. Je n’ai jamais pu souffrir que la fausseté m’approchât. Une fille ou une épée déshonorées ne peuvent rester à mon côté, et ce jour vient malheureusement de me prouver que l’une et l’autre peuvent faillir. – Sir Henry, dit le jeune Éverard, ne vous donnez pas le tort cruel de traiter votre fille avec tant d’injustice. Vous me l’avez refusée il y a longtemps, quand nous étions pauvres et que vous étiez puissant. Je me suis soumis à l’arrêt qui me défendait de la voir. Dieu sait ce qu’il m’en a coûté, mais je vous ai obéi. Ce n’est pas pour faire revivre mes prétentions que je suis venu ici et que j’ai cherché à lui parler, comme je le reconnais ; ce n’est pas même pour elle seule, c’est également pour vous. La destruction plane sur votre tête ; elle est prête à fermer ses ailes pour fondre sur vous ; elle prépare ses serres pour vous saisir. – Oui, monsieur, prenez un air de mépris si bon vous semble, le fait n’en est pas moins réel ; et c’est pour vous protéger, vous et elle, que vous me voyez ici. – Vous refusez donc mon don gratuit ? dit sir Henry Lee ; peut-être trouvez-vous que j’y mets des conditions trop dures. – Fi, sir Henry, fi ! dit Markham irrité à son tour ; vos préjugés politiques ont-ils assez complètement effacé vos sentiments de père pour que vous puissiez parler avec ironie et mépris de ce qui concerne l’honneur de votre propre fille ? Relevez la tête, belle Alice, et dites à votre père que son excessive loyauté politique lui fait oublier la nature. Apprenez, sir Henry, que quoique je préférasse la main de votre fille à tous les dons que le ciel pourrait m’accorder, je ne l’accepterais pas ; oui, ma conscience me défendrait de l’accepter si je savais la détourner de la ligne de ses devoirs envers vous. – Votre conscience est trop timorée, jeune homme, dit le vieux chevalier ; – consultez quelque rabbin de votre secte, un de ces gens qui prennent tout ce qui tombe dans leur filet ; il vous dira que c’est pécher contre la grâce que de refuser une bonne chose offerte volontairement. – Oui, répondit Markham, quand l’offre est franche et cordiale, mais non quand elle est faite avec insulte et ironie. – Adieu, Alice. – Si quelque chose pouvait me donner envie de profiter du désir dénaturé que montre votre père de vous éloigner de lui dans un moment où il s’abandonne à d’indignes soupçons, ce serait l’idée qu’en se livrant à de tels sentiments sir Henry Lee agit en tyran à l’égard de la créature qui a le plus besoin de son affection, – qui sent le plus cruellement sa sévérité, – et qu’il est le plus rigoureusement tenu de chérir et de protéger.
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