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Woodstock

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Extrait : "Il y a une belle église paroissiale dans la ville de Woodstock , – on me l'a dit du moins, car je ne l'ai jamais vue ; à peine, lorsque j'y allai, si j'eus le temps de visiter le magnifique château de Blenheim, ses salles décorées par la peinture, et les riches tapisseries de ses appartements."

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Préface
PréfaceCe n’est pas mon intention d’apprendre à mes lecteurs comment les manuscrits de ce célèbre antiquaire, le révérend J.A. Rochecliffe, D.D., tombèrent entre mes mains. Ces sortes de choses arrivent de mille manières, et il suffira de dire qu’ils échappèrent à un sort indigne, et que ce fut par des voies honnêtes que j’en devins possesseur. Quant à l’authenticité des anecdotes que j’ai tirées des écrits de ce savant homme, et que j’ai arrangées avec cette facilité sans pareille qui me caractérise, le nom du docteur Rochecliffe sera une garantie suffisante pour tout homme de qui ce nom sera connu. Toute personne qui a lu connaît parfaitement son histoire ; et pour les autres, nous pouvons les envoyer à l’honnête Anthony Wood qui le regardait comme une colonne de l’Église, et qui en fait un éloge magnifique dans l’Athenæ Oxonienses, quoique le docteur eût été élevé à Cambridge, – le second œil de l’Angleterre. On sait que le docteur Rochecliffe obtint de bonne heure de l’avancement dans l’Église, en récompense de la part active qu’il prit à la controverse contre les puritains ; et que son ouvrage intitulé Malleus Hæresis fut regardé comme un coup décisif par tout le monde, excepté par ceux qui en furent atteints. Ce fut cet ouvrage qui le fit nommer, dès l’âge de trente ans, Recteur de Woodstock, et qui plus tard lui assura une place dans le catalogue du célèbre Century White ; – mais ce qui fut bien pis que d’avoir été compris par ce fanatique dans la liste des prêtres scandaleux et méchants, pourvus de bénéfices par les prélats, ses opinions lui firent perdre son rectorat de Woodstock lorsque les presbytériens eurent le dessus. Pendant la plus grande partie de la guerre civile, il fut aumônier du régiment de sir Henry Lee, levé pour le service du roi Charles, et l’on dit qu’il paya de sa personne dans plus d’une affaire. Ce qui est certain, c’est qu’à plusieurs reprises le docteur Rochecliffe courut de grands dangers, comme on le verra dans plus d’un passage de cette histoire, où il parle de ses exploits, comme César, à la troisième personne. Je soupçonne néanmoins quelque commentateur presbytérien de s’être permis d’interpoler deux ou trois passages ; d’autant plus que le manuscrit resta longtemps entre les mains des Éverard, célèbre famille presbytérienne. Pendant l’usurpation, le docteur Rochecliffe prit constamment part à toutes les tentatives qui furent faites pour le rétablissement de la monarchie ; et telles étaient son audace, sa présence d’esprit, et la profondeur de ses vues, qu’il était regardé comme l’un des plus intrépides partisans du roi dans ces temps d’agitation. Il n’y avait qu’un léger inconvénient, c’est que les complots dans lesquels il entrait étaient presque constamment découverts. On alla même jusqu’à soupçonner que Cromwell lui suggérait quelquefois les intrigues qu’il tramait, et que par ce moyen le rusé Protecteur mettait à l’épreuve la fidélité des amis dont il n’était point sûr, et parvenait à découvrir les complots de ses ennemis déclarés, qu’il trouvait plus facile de déconcerter et de prévenir que de punir rigoureusement. À la restauration, le docteur Rochecliffe reprit possession de son rectorat de Woodstock ; il fut promu à de nouvelles dignités dans l’Église, et il abandonna la polémique et les intrigues politiques pour la philosophie. Il fut un des membres constituants de la Société Royale, et ce fut par son entremise que Charles demanda à ce corps savant la solution de son curieux problème : – Pourquoi, si un vase est rempli d’eau jusqu’aux bords, et qu’on plonge dedans un gros poisson vivant, l’eau néanmoins ne déborde-t-elle point ? – La solution que le docteur Rochecliffe proposa de ce phénomène fut la plus ingénieuse et la plus savante de quatre qui furent présentées ; et il est hors de doute que le docteur n’eût remporté la victoire sans l’obstination d’un gentilhomme campagnard, homme simple et borné, qui insista pour qu’avant tout l’expérience fût faite publiquement. Il fallut bien se rendre à son avis, et l’évènement prouva qu’il y eût eu quelque témérité à admettre le fait exclusivement sur une autorité aussi imposante ; car, malgré les précautions infinies avec lesquelles on insinua le poisson dans son élément naturel, il fit voler de l’eau dans toute la salle ; et la réputation des quatre membres ingénieux qui s’étaient évertués sur ce problème souffrit beaucoup de cette expérience, ainsi qu’un beau tapis de Turquie. Le docteur Rochecliffe mourut, à ce qu’il paraîtrait, vers l’an 1685, laissant après lui beaucoup de manuscrits de différentes sortes, et surtout des recueils d’anecdotes secrètes infiniment précieux. C’est de ces recueils qu’ont été extraits les Mémoires suivants, sur lesquels nous ne dirons plus que quelques mots par forme d’éclaircissement. L’existence du Labyrinthe de Rosemonde, dont il est fait mention dans ces volumes, est attestée par Drayton, qui écrivait sous le règne d’Élisabeth : – « Les ruines du Labyrinthe de Rosemonde subsistent encore, ainsi que la fontaine qui est pavée au fond en pierre de taille, et la tour d’où partait le labyrinthe ; c’étaient des arcades voûtées, ayant des murs de pierre et de briques, qui se croisaient dans tous les sens, et au milieu desquelles il était fort difficile de se reconnaître, afin que, si la retraite de Rosemonde venait à être découverte par la reine, elle pût échapper aisément au premier péril, et aller prendre l’air au besoin, par des issues secrètes, à une assez grande distance autour de Woodstock, dans le comté d’Oxford. » Il est plus probable que les passages secrets et les retraites inaccessibles qui se trouvaient dans l’ancien Labyrinthe de Rosemonde, autour duquel plusieurs rois s’étaient occupés successivement à faire établir un parc pour la chasse, servirent à préparer un tour singulier de fantasmagorie qui fut joué aux commissaires du long parlement, envoyés, après la mort de Charles Ier, pour détruire et ravager Woodstock. Le docteur Plot, dans son Histoire naturelle du comté d’Oxford, a inséré une relation curieuse des tribulations éprouvées par ces honorables commissaires. Mais comme je n’ai pas le livre sous la main, je ne puis faire allusion qu’à l’ouvrage du célèbre Granville sur les Sorcières, dans lequel il cite des passages de cette relation, comme un exemple irrécusable d’interventions surnaturelles. Les lits des commissaires et ceux de leurs domestiques furent hissés en l’air au point d’être presque retournés sens dessus dessous, et de cette hauteur ils retombèrent si subitement à terre que ceux qui y reposaient manquèrent d’avoir les os brisés ; des bruits horribles et extraordinaires troublèrent ces sacrilèges qui avaient osé s’introduire dans un domaine royal. Une fois le diable leur apporta une bassinoire ; une autre fois il les assaillit à coups de pierres et d’os de cheval ; des bassins remplis d’eau furent vidés sur eux pendant qu’ils dormaient : enfin les tours du même genre se multiplièrent au point qu’ils se décidèrent à partir avant d’avoir consommé la spoliation méditée. Le bon sens du docteur Plot soupçonna que toutes ces prouesses n’étaient que le résultat de quelque complot secret, ce que Granville ne manque pas de chercher à réfuter de tout son pouvoir ; car on ne peut raisonnablement espérer que celui qui a trouvé une explication aussi commode que celle d’une intervention surnaturelle, et qui a le bonheur d’y croire, consente à abandonner une clef qui peut servir de passe-partout pour toutes les serrures, quelque compliquées qu’elles soient. Néanmoins il fut reconnu par la suite que le docteur Plot avait parfaitement raison, et que le seul démon qui opérait toutes ces merveilles était un royaliste déguisé, un nommé Trusty Joe, ou quelque nom semblable, qui avait été précédemment au service du gouverneur du parc, mais qui était passé à celui des commissaires pour avoir plus de facilité à dresser ses batteries. Je crois avoir vu quelque part un récit exact et véridique de toute l’affaire, ainsi que des moyens que le malin personnage employa pour opérer ses prodiges ; mais était-ce dans un livre, ou bien dans quelque pamphlet ; c’est ce que je ne saurais dire. Je me rappelle seulement une circonstance assez remarquable. Les commissaires étant convenus secrètement de ne pas comprendre dans le compte public qu’ils devaient rendre, quelques articles qui leur convenaient, avaient fait entre eux une sorte de contrat pour établir le partage des objets ainsi soustraits, et ce contrat ils l’avaient caché, pour plus de sûreté, au fond d’un grand vase. Mais voilà qu’un jour, au moment où de révérends ministres s’étaient assemblés avec les habitants les plus respectables des environs de Woodstock pour conjurer le démon supposé, Trusty Joe avait su préparer une pièce d’artifice avec tant d’adresse, qu’elle partit au milieu de l’exorcisme, fit sauter le vase, et, à la confusion des commissaires, lança le contrat secret au milieu de l’assemblée stupéfaite, qui apprit de cette manière leurs projets de concussion. Mais il est assez inutile que je fasse des efforts de mémoire pour rassembler des souvenirs vagues et imparfaits sur les scènes bizarres qui se passèrent à Woodstock, puisque les manuscrits du docteur Rochecliffe donnent des détails beaucoup plus circonstanciés que ne pourrait en fournir aucune des relations antérieures. J’aurais pu sans peine traiter bien plus à fond cette partie de mon sujet, car les matériaux ne me manquaient pas ; – mais, pour tout dire au lecteur, quelques critiques de mes amis ont pensé qu’ils rendaient l’histoire traînante, et je me suis décidé, d’après leurs avis, à être plus concis que je n’en avais l’intention. Le lecteur impatient m’accuse peut-être dans ce moment de lui cacher le soleil avec une chandelle. Cependant quand le soleil brillerait déjà de tout l’éclat qu’il répandra sans doute, et quand la malencontreuse chandelle jetterait une fumée encore dix fois plus épaisse, il faut qu’il consente à rester une minute de plus dans cette atmosphère, pour que je repousse le soupçon de braconner sur les terres d’autrui. C’est un de nos proverbes en Écosse que les faucons ne doivent point crever les yeux des faucons, ni se jeter sur la proie les uns des autres. Si donc j’avais pu prévoir que pour la date et pour les caractères, cette histoire aurait vraisemblablement du rapport avec celle que vient de publier un contemporain distingué, j’aurais, sans balancer, laissé reposer pour l’instant le manuscrit du docteur Rochecliffe. Mais avant que cette circonstance me fût connue, ce petit ouvrage était déjà plus d’à moitié imprimé, et il ne me restait d’autre alternative, pour éviter toute imitation, même involontaire, que de différer la lecture de l’ouvrage en question. Lorsque des productions du même genre ont été faites d’après le même désir d’offrir un tableau historique, et que les mêmes personnages y figurent, il est difficile qu’elles ne présentent pas quelques ressemblances accidentelles. S’il s’en trouve dans cette occasion, c’est moi sans, doute qui en souffrirai. Mais je puis du moins protester de la pureté de mes intentions, puisque, si je m’applaudis d’avoir terminé Woodstock, c’est surtout parce qu’il va m’être permis de lire BRAMBLETYE-HOUSE, plaisir que jusqu’à ce moment je m’étais scrupuleusement interdit.

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