38Pendant des jours entiers, Mikael refusa de se joindre aux autres pour travailler. Il ne dormait pas, ou au prix de cauchemars dont il se réveillait en hurlant. À l’aube, il prenait son arc et ses flèches, chargeait Harro sur ses épaules et pénétrait dans la forêt. Il allait jusqu’au couloir où il avait cueilli des coulemelles avec Eloisa, le jour où elle avait effleuré sa main. Il s’asseyait sur une souche où s’accrochaient des champignons coriaces. Harro se promenait avec bonheur dans les bois, glissant sa truffe dans les terriers de mulots, d’hermines et de belettes, flairant les traces de chevreuil ou de cerf, l’échine hérissée quand il tombait sur une trace de loup. Mikael le suivait un peu des yeux, mais son esprit revenait toujours aux horreurs du dimanche précédent. Aux cris dése