XVIIILettre du brigadier Michel Legrain à Nicolas Santereau, cavalier au 1er régiment de chasseurs d’Afrique. Mon cher enfant, Voici trois années passées que je ne t’ai vu, et ma femme et moi nous avons pleuré comme des enfants en recevant ta lettre. Ainsi donc, te voilà un beau et brave soldat, avec l’estime de tes chefs et l’amitié de tes camarades. Cristi ! comme vous y allez, vous autres ! Vous ne chômez guère sur cette terre d’Afrique, et les batailles courent l’une après l’autre, que ça fait plaisir ! Tu as bien fait d’aller à l’école du régiment, tandis que tu étais encore en France et d’apprendre à lire, car en campagne on n’en a guère le temps. Et il faut qu’un soldat sache lire, écrire et compter. On ne sait pas ce qui peut arriver, et quand, avec ça, on a du cœur et de la