VIOr donc, la route même que suivait mon cousin conduisait à la capitale du pays, à la superbe ville de Krrrrstvlmpfbchqdngzx. Des poteaux en acajou l’indiquaient de distance en distance pour empêcher le voyageur de s’égarer. Cette route était parfaitement entretenue, ainsi que tous les chemins vicinaux qui venaient y aboutir. Comme unique différence, elle était pavée de gros diamants et bordée d’un trottoir en porphyre, tandis que les chemins vicinaux étaient tout bonnement couverts d’un épais gravois de perles fines. Mais, à cela près, même propreté. Mon cousin n’en pouvait revenir, lui qui ne connaissait que la France, et il s’écriait très justement cette fois : « Ça ne s’est jamais vu ! »
La seule chose qui l’incommodât un peu, c’était la poussière d’or que soulevaient des voitures publiques traînées par de grosses fourmis. Sa vue effraya les fourmis en question, et il y en eut plusieurs qui prirent le mors-aux-dents.
Du reste, on jouissait sur cette route d’un spectacle fort agréable. Les champs voisins offraient l’aspect de la plus riche végétation. On y voyait des betteraves de cent soixante-cinq pieds de haut, du blé dont chaque épi eût dépassé la flèche de nos cathédrales ; des pommes de terre qui pesaient trois quintaux ; et aussi des concombres, des citrouilles et des potirons, dont il ne fallait pas moins de cinq minutes pour faire le tour. Les légumes, les fleurs et les fruits étaient en proportion.
« – Mais, juste ciel ! » s’écriait mon cousin, qui s’arrachait les cheveux d’étonnement, « quelle fertilité ! quelle sève ! quelle surabondance ! On sèmerait donc des boutons de culotte dans un pareil terroir, qu’il y pousserait des pantalons tout faits ? Mais c’est stupide ! mais ça ne s’est jamais vu ! »