IXIl y avait une heure que tout était rentré dans l’ordre, lorsqu’on découvrit deux individus qui s’étaient blottis derrière les encombrements de l’arrière :
« – Pardon ! disait l’un.
– Grâce ! disait l’autre.
– Je ne suis pour rien dans tout cela !
– Je suis étranger à tout ceci !
– Je partage complètement votre opinion !
– J’approuve tout à fait votre manière de voir !
– Je suis des vôtres !
– Je ne suis pas des leurs !
– Épargnez-moi !
– Accordez-moi la vie !
– Tout ce que j’ai vous appartient !
– Tout ce que je possède est à vous !
– Grâce !
– Pardon ! »
C’étaient Lavenette et le grand Flandrin qui s’imploraient mutuellement de la sorte.
Dès les premiers bruits de la bagarre ces deux poltrons s’étaient réfugiés dans ce pacifique asile, et là, se rencontrant sans se reconnaître, et se prenant réciproquement pour ennemis, ils s’étaient agenouillés l’un devant l’autre, joignant piteusement les mains, et se demandant merci à qui mieux mieux. On eut beaucoup de peine à les tirer de cette burlesque position.
Chapitre deuxièmeSuite de la suite à la suite de la suite de l’Histoire fantastique de mon cousin Laroutine, et de son grand voyage au fin fond de la Lune. – Les ménageries et les académies savantes de l’endroit. – Des étranges cancans dont mon cousin s’y voit l’objet, et de la vogue colossale dont il y jouit. – Véritable portraicture des habitants de la Lune et des animaux qui en font l’ornement. – De la grande dispute de mon cousin avec une puce gigantesque. – Comment on délibère dans la Lune, et de l’immense péril que font courir à mon cousin les lumineuses discussions de l’Académie des Sciences. – Halte ! – Sa Majesté Brrrrrr. – Mon cousin à la cour de ce puissant monarque. – Grand gala. – Remarquable entrevue de Laroutine et du vertueux et gras Brrrrrrr, un des plus puissants potentats de la localité.