IVJeudi, 13 décembre.
J’ai eu le plaisir de rencontrer ce matin au marché madame Renoncule, ma belle-mère, à peine changée ; ces quinze ans n’ont pour ainsi dire pas altéré les beaux restes que je lui connaissais, et nous nous sommes salués sans la moindre hésitation.
Elle a été on ne peut plus aimable, et m’a convié à un grand dîner, où je dois revoir quantité de belles-sœurs, de nièces et de cousines. En outre, elle m’a appris que sa fille, madame Chrysanthème, était très avantageusement établie, dans une ville voisine, mariée en justes noces à un M. Pinson, fabriquant de lanternes en gros ; toutefois le ciel se refuse, hélas ! à bénir cette union, qui demeure obstinément stérile, et c’est le seul nuage à ce bonheur.
Le dîner de famille, auquel je n’ai pas cru devoir refuser de prendre part, promet d’être nombreux et cordial. Mon fidèle serviteur Osman, que j’ai présenté comme un jeune cousin, y assistera aussi. Mais ma belle-mère qui, dans les situations les plus délicates, ne perd jamais le sentiment des nuances, a jugé plus convenable que monsieur et madame Pinson n’y fussent point conviés.