VLes quinze jours qui s’écoulèrent entre ces dernières scènes et la soirée de monsieur Servais, furent pour Ernestine un perpétuel supplice. Son caractère énergique et fier, le dégoût que lui inspiraient l’artifice et le mensonge, rendaient sa situation plus cruelle, et ajoutaient à ses souffrances par la nécessité de les dissimuler. Sa répulsion croissante pour monsieur Servais devenait presque de l’horreur et de la haine. Elle reconnaissait aisément dans les romans qu’elle lisait le type de ce mari égoïste, dur et aveuglé, se passionnant pour ce qui devait le perdre, se méfiant de ce qui pouvait le sauver, regardant sa femme comme sa chose, et ne l’ayant épousée que pour se faire honneur de sa beauté comme d’un beau tableau ou d’un bel attelage : ces comparaisons trop faciles amenaient,