VIIIL’idée d’un prochain mariage entre Julien et Lucile remplissait le pauvre Anselme de douleur, d’effroi et même de jalousie, malgré tous les moyens employés pour le rassurer. Comme toutes les natures timides et tendres, Anselme était enclin à s’exagérer la supériorité des autres, et il lui semblait toujours qu’il ne devait pas recevoir en affection autant qu’il donnait. Julien, malgré leurs différences d’opinions et de caractères, l’avait constamment dominé. Tout en s’effrayant de ses tendances, il admirait son talent, sa vive intelligence, son éloquence naturelle, sa taille haute, l’expression de sa mâle figure ; il se demandait parfois si Lucile, sans se l’avouer, n’aurait pas quelque secret penchant pour cet autre compagnon de son enfance, si elle n’était pas attirée vers lui par ces