Chapitre 2

3343 Words
Mon corps entier me lance lorsque je sors lentement de mon évanouissement. Petit à petit, l'environnement se précise autour de moi; je suis allongée dans un lit d'hôpital, la lumière du jour me piquant les yeux. Confuse, je tente de me redresser maladroitement. Alors que je commence à reprendre mes esprits, Dev entre dans la chambre. Lorsqu'il m'aperçoit éveillée, il se précipite vers moi et m'enlace. L'étreinte me fait grimacer de douleur, et il s'écarte immédiatement. — Comment tu te sens ? me demande-t-il, une note de préoccupation dans la voix. Je tente de sourire, essayant de détendre l'atmosphère. — J'avoue que ce n'est pas le réveil le plus agréable... Dev ne semble pas réceptif à ma tentative d'humour. Soudain, des souvenirs de l'accident me submergent : la voiture, le corps de papa au sol. Un sentiment de panique me saisit. — Comment va papa ? Ganesh est avec lui, n'est-ce pas ? Dev prend une profonde inspiration et me regarde, sérieux. — Ganesh est à l'accueil, il... remplit des formulaires. Il prend ma main et, d'un geste lent, m'attire vers lui. Son expression grave fait accélérer le battement de mon cœur. — Gita... Ses blessures étaient plus graves que les tiennes. Je sens mon souffle se couper, une peur indicible me serrant la gorge. — Les médecins ont fait tout ce qu'ils pouvaient, mais ils n'ont pas pu le sauver. Les larmes envahissent mes yeux en un instant. La réalité, aussi irréelle qu'elle soit, me frappe de plein fouet. Je m'effondre dans les bras de mon frère, cherchant un peu de réconfort dans cette étreinte, malgré la douleur et la tristesse qui m'envahissent. *** La journée commence sous un ciel éclatant, sans un nuage à l'horizon. Des flocons de neige tombent lentement, se posant délicatement sur le sol gelé. Les funérailles de mon père touchent à leur fin. Je ne suis pas surprise de voir le peu de monde présent. Mon père n'a pas toujours été facile à vivre. Ganesh, un papier en main, s'avance vers nous. Il déplie sa feuille, l'air un peu hésitant, avant de commencer son discours. — Papa... Tous ceux qui t'ont aimé sont ici aujourd'hui pour te rendre un dernier hommage. Tu as été un exemple, un homme ambitieux, déterminé. Tu étais quelqu'un de bien, et sache que tu seras regretté... Je détourne les yeux alors que mon frère termine, déposant une poignée de neige sur le cercueil. Puis c'est au tour de Dev, et enfin, de moi. Je laisse échapper ma poignée de neige, mes mains tremblant légèrement, avant de me retirer sur le côté. Je jette un coup d'œil à Dev, qui semble renfermé, presque impatient que tout soit terminé. Ganesh nous attend près de la voiture. Nate s'approche de Dev et pose une main amicale sur son épaule, un geste qui semble chercher à apporter un peu de réconfort. Mais rien ne semble apaiser l'air lourd qui plane autour de nous. Dev et moi rejoignons Ganesh, qui nous attendait. Il se tourne vers nous, l'air grave. — C'est le moment de rentrer, vous deux, dit-il, une note d'autorité dans la voix. Dev secoue la tête, agacé. — Je ne rentre pas tout de suite. J'ai d'autres projets pour aujourd'hui. Ganesh fronce les sourcils, visiblement contrarié. — Tu n'as pas le choix, Dev. On rentre ensemble. Dev, exaspéré, répond d'un ton plus sec. — Tu ne me donnes pas d'ordres. Je vais où je veux. Sans un regard pour notre frère, Dev se tourne et s'éloigne avec Nate, prenant la direction opposée. Ganesh, furieux, se précipite vers lui et lui attrape violemment le bras. — T'es sérieux là ?! lance Ganesh, la voix tremblante de colère. Dev le dévisage un instant, puis, sans avertir, lui frappe violemment le visage. Ganesh s'effondre, un cri de douleur échappant à ses lèvres. Je me précipite pour l'aider à se relever. — Tu es fou ?! dis-je, paniquée, en tendant la main pour l'aider à se redresser. Nate intervient rapidement, saisissant Dev par les épaules et le forçant à reculer. — Lâche-le, Dev, c'est pas le moment, dit Nate d'un ton froid. Ils s'éloignent alors, marchant d'un pas décidé, tandis que je regarde Ganesh se remettre péniblement de la gifle, le visage marqué par l'impact. Je lève les yeux vers Dev, qui s'éloigne sans se retourner. Ganesh grogne, enragé, avant de proférer quelques insultes. — Il est complètement perdu, celui-là. Il faut qu'il grandisse. *** Ganesh et moi sommes assis en silence à la table du salon. Il fixe sa tasse de thé, l'air complètement perdu, comme si cette journée l'avait vidé de toute énergie. Je jette un regard furtif à l'horloge accrochée au mur : 23 heures. Dev n'est toujours pas rentré. Je pose doucement ma main sur celle de Ganesh. — Tu devrais essayer de dormir un peu, murmuré-je. Il détourne enfin les yeux de sa tasse pour me regarder. Je lui offre un sourire réconfortant, mais je sais qu'il voit clair dans mon jeu. — Toi aussi, Gita. Tu as l'air épuisée, répond-il d'une voix basse, presque brisée. — Bonne nuit, dis-je simplement. Il hoche la tête, mais son regard retourne aussitôt à la tasse qu'il tient entre ses mains, comme s'il y cherchait des réponses. Je quitte le salon et referme doucement la porte de ma chambre derrière moi. Une fois seule, mes jambes cèdent sous moi, et je m'effondre en silence sur le sol. Toutes les émotions que j'ai refoulées tout au long de la journée me submergent d'un coup. Les larmes que je m'étais interdites aux funérailles jaillissent, incontrôlables. Tremblante, je sors machinalement mon téléphone de ma poche. Mes doigts glissent jusqu'à un nom familier; Nate. Mon cœur se serre. Autrefois, il avait ce don de me calmer, de chasser mes angoisses en un instant. Mais ce temps-là semble si loin... À présent, je suis seule. Je laisse tomber le téléphone sur le sol et me glisse sous ma couette. Mes sanglots s'estompent peu à peu, remplacés par un vide écrasant. Je me roule en boule, cherchant un semblant de réconfort dans la chaleur du lit, et finis par m'endormir d'une traite. Je revois le corps de mon père gisant sur le sol, ses traits figés dans une immobilité terrifiante. Le froid de cette nuit me transperce encore. La voiture surgit dans mes souvenirs, ses phares aveuglants se rapprochant à une vitesse vertigineuse. Un éclat scintillant sur le rétroviseur attire mon attention, mais avant que je puisse comprendre, tout disparaît dans une lumière éblouissante. Le bruit strident des pneus, les cris des témoins horrifiés... puis plus rien. Je me réveille en sursaut, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Le silence de ma chambre contraste violemment avec le chaos de mon cauchemar. Je passe une main tremblante sur mon visage. Des éclats de voix agitées me parviennent depuis l'autre côté de ma porte. Je me redresse, alerte. Dev est rentré. Encore une dispute, à en juger par les tons rauques et tendus. Je sors de ma chambre et les découvre dans le couloir. Ganesh, les yeux flamboyants de colère, bloque l'entrée de la chambre de Dev. — Tu crois que c'est une heure pour rentrer ? Tu te fiches de tout le monde ou quoi ?! hurle-t-il. Dev, visiblement ivre ou épuisé, vacille légèrement, mais son ton reste provocateur. — T'es pas mon père, Ganesh ! Lâche-moi avec tes leçons ! — Peut-être que si tu l'avais écouté un peu plus quand il était en vie, on n'en serait pas là ! rétorque Ganesh, sa voix tremblante de rage. Je m'approche doucement, hésitante. — Ça suffit, tous les deux ! lancé-je d'une voix forte. Ils se tournent vers moi, surpris, mais aucun ne recule. Ganesh serre les poings. — Il rentre à pas d'heure, Gita ! Et après, il se demande pourquoi personne ne lui fait confiance ! — Tu veux vraiment parler de confiance, Ganesh ? réplique Dev, amer. Parce que toi, t'es tellement parfait, hein ? Toujours à juger les autres comme si t'étais irréprochable. Le silence s'abat un instant, lourd et pesant. Ganesh, à bout de nerfs, finit par tourner les talons et s'enferme dans sa chambre en claquant violemment la porte. Je me tourne vers Dev, qui évite mon regard. — Qu'est-ce que tu fais, Dev ? demandé-je doucement. — J'essaie juste de respirer, Gita, murmure-t-il, avant de disparaître dans sa chambre. Je reste seule dans le couloir, le poids des tensions familiales s'abattant sur mes épaules. Après quelques minutes, Dev ressort de sa chambre avec son sac. — Où est-ce que tu vas, Dev ? — demandé-je doucement. — On va juste traîner un peu avec Nate, marmonne-t-il. — Où ça ? insisté-je, en jetant un coup d'œil à Nate attendant dans l'embrasure de la porte. Nate baisse les yeux, mal à l'aise. — Chez moi, murmure-t-il enfin. Je réfléchis un instant, puis lance : — Ok... Je peux venir ? Ma question les prend de court. Dev et Nate restent bouche bée. — C'est hors de question. Je hausse les épaules, feignant l'indifférence. — Si vous ne faites rien de mal, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas venir. Moi aussi, j'ai besoin de me changer les idées. Un silence tendu s'installe. Dev semble hésiter, mais Nate évite toujours mon regard. — Très bien, finit par dire Dev, brisant le silence. Nate me jette un regard réprobateur, mais je l'ignore. Je sens que quelque chose ne tourne pas rond, mais pour l'instant, je préfère être près de Dev que de rester en dehors de tout ça. *** Nous arrivons devant une grande maison illuminée. La musique, si forte, semble déjà vibrer dans mes côtes. Dev ne perd pas une seconde. Il avance sans même un regard pour moi, disparaissant rapidement dans l'embrasure de la porte. Je reste immobile un instant, fixant l'entrée. Nate s'arrête à mes côtés, les mains dans les poches, l'air inquiet. — Tu es sûre que ça va aller ? demande-t-il, la voix basse, presque hésitante. — Oui. Ça fait deux mois, je vais bien. Il fronce les sourcils, comme s'il voulait répondre, mais il se contente de soupirer. Ce soupir m'agace. Que cherche-t-il à dire ? Que deux mois, ce n'est pas suffisant pour "aller bien" ? Je serre la mâchoire et m'avance brusquement. Une fois à l'intérieur, la chaleur et le bruit m'enveloppent aussitôt. Les rires, les conversations à moitié couvertes par la musique... Tout est un peu flou, étouffant. Je me faufile entre les corps dansants, les têtes penchées autour de verres, jusqu'à atteindre la cuisine. Là, le chaos semble s'être dissipé. Seule face au comptoir, mon regard tombe sur une bouteille d'alcool fort. Sans réfléchir, je l'attrape et bois une longue gorgée au goulot. — Gita ! Je sursaute. Nate m'a rejointe, et en un mouvement rapide, il me retire la bouteille des mains. — Qu'est-ce que tu fais ? lâche-t-il, visiblement agacé. Je le dévisage, furieuse. — De quoi tu te mêles, Nate ? Va voir ton meilleur ami et fiche-moi la paix ! Je lui arrache la bouteille des mains, mais il ne la lâche pas. Sa poigne reste ferme, et nos regards se croisent, chargés d'une tension que ni lui ni moi ne voulons nommer. — Gita... murmure-t-il, presque suppliant. Je détourne le regard. Dev pourrait entrer à tout moment, et il ne sait rien. Absolument rien. Je finis par lâcher la bouteille, ma main tremblante de frustration. Mais avant que Nate ne dise quoi que ce soit, j'en attrape une autre sur le comptoir. Son regard furieux me suit, mais je ne lui laisse pas le temps d'intervenir. Je porte la bouteille à mes lèvres, prenant une autre gorgée tout en le défiant du regard. — Sérieusement, Gita ? lâche-t-il, mais je fais comme si je ne l'avais pas entendu. Un jeune homme titubant fait soudain irruption à mes côtés, un grand sourire idiot aux lèvres. Il tend son verre vers moi sans même demander, et je l'attrape pour le remplir. Il avale d'un trait avant de me fixer, ses yeux vacillants essayant de soutenir mon regard. — T'es... jolie, marmonne-t-il en s'approchant maladroitement, son visage bien trop près du mien. Je n'attends pas qu'il finisse sa phrase. Je l'embrasse. Pas pour lui. Pas parce que je le veux. Juste pour échapper à tout le reste. La magie s'efface en une seconde. Une main ferme attrape mon épaule, nous séparant brutalement. — Qu'est-ce que tu fous, Gita ? grogne Nate, son visage si proche qu'il pourrait me crier à l'oreille. — Dégage, Nate, répliqué-je sèchement. Je lui échappe et quitte la cuisine d'un pas rapide, mon cœur battant. Je traverse le couloir, poussant une porte au hasard, jusqu'à ce que le salon s'ouvre devant moi. La musique est encore plus forte ici. Les corps dansants se mêlent, ondulent, rient sans retenue. Exactement ce dont j'ai besoin. Je m'avance au milieu de la foule, la bouteille toujours à la main, et commence à danser sans aucune retenue. Les basses vibrent dans mon corps, rythmant chaque mouvement. Je penche la tête en arrière, un sourire fugace sur les lèvres, et prends une nouvelle gorgée. L'alcool brûle, mais cette fois, je n'y prête pas attention. Tout semble flou, lointain, comme si les soucis avaient cessé d'exister. Ici, dans ce chaos de musique et de lumière, je me sens légère. Libre. Je ferme les yeux, laissant la mélodie m'emporter. Peu importe Nate, Dev, ou cette maison pleine de souvenirs que je préférerais oublier. Peu importe les regards autour de moi, ni ce que je ressens vraiment. Juste moi, la musique, et cette illusion de paix. Les applaudissements retentissent autour de moi alors qu'une fille, perchée sur une table, se déhanche sous les acclamations. Je prends une énième gorgée et sans réfléchir, je monte sur la table à mon tour, un éclat de défi dans le regard. La musique pulse, et bientôt, nous dansons toutes les deux, nos corps suivant instinctivement le rythme. Une foule de garçons nous fixe, les yeux rivés sur chaque mouvement. Les rires fusent, les sifflements aussi, mais je m'en fiche. Ici, sous leurs regards, je me sens... invincible. Des garçons finissent par nous rejoindre, leurs mains tentant maladroitement de suivre le tempo. L'espace devient plus étroit, l'ambiance plus chaotique. Et soudain, sans prévenir, des bras puissants m'attrapent par la taille. — Hé ! protesté-je, à moitié amusée, à moitié confuse. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe. Je me retrouve basculée en arrière et hissée sur des épaules solides, ma bouteille toujours en main. La foule éclate de rire et de cris, et je lève la bouteille comme un trophée, le cœur battant à un rythme effréné. La musique devient un murmure lointain alors que je sens mes pieds quitter le sol. Quelques instants plus tard, je suis déposée sur un lit, l'esprit encore brumeux. Je me redresse lentement, et mon regard rencontre celui de Nate. Il est debout, au-dessus de moi, dans ce qui semble être une chambre fermée. — Qu'est-ce que tu fais ? lâché-je, ma voix empreinte de colère. Il recule légèrement, croisant les bras, son regard dur posé sur moi. — Tu ne supportes pas que je puisse me sentir bien ? ajouté-je, mordante. Il éclate, sa voix tranchante. — Te sentir bien ? C'est ça que tu appelles te sentir bien ? Te frotter à des inconnus au milieu d'une foule de types qui ne pensent qu'à une chose ? Un rire sec échappe à mes lèvres. — Oh, c'est toi qui dis ça ? Je le vois se raidir, ses mâchoires se serrer, ses yeux s'assombrir. Mais je ne m'arrête pas. — C'est à cause de toi que j'en suis là, Nate. Personne d'autre. Il cligne des yeux, déstabilisé. — De quoi tu parles ? Je secoue la tête, un rire amer m'échappant malgré moi. — Je t'ai tout donné, Nate. Absolument tout. Et toi... toi, tu... Ma voix se brise. Je sens les larmes monter, une boule douloureuse se former dans ma gorge. Mais je refuse. Je refuse de pleurer. Pas devant lui. Pas maintenant. Je détourne les yeux, serrant les poings pour m'ancrer, pour repousser cette douleur qui menace de me submerger. — Tu sais quoi ? T'es juste un abruti, Nate... Je me lève d'un bond, bien décidée à retourner à la soirée. Mais à peine ai-je fait un pas que Nate plaque une main ferme sur la porte. Je le fixe, furieuse, et tire sur la poignée de toutes mes forces, mais il ne bouge pas. — Je pense que tu as assez bu comme ça, dit-il calmement, sa voix agacée. — Va te faire foutre ! craché-je, ma colère éclatant comme une flamme. Je continue de tirer sur la porte, de m'acharner, mes mains glissant sur le bois. L'adrénaline pulse dans mes veines, et finalement, dans un geste de frustration, je donne un grand coup contre la porte. L'impact résonne dans la pièce. Je reste là, immobile, les poings serrés, respirant fort pour tenter de me calmer. Nate s'adosse doucement à la porte, croisant les bras, son expression soudain adoucie. — Je suis désolé, Gita, murmure-t-il, ses mots tombant comme une pierre dans le silence. Je me pince les lèvres, le cœur lourd. Ces mots... Je les ai attendus, tellement de fois. Mais ils arrivent trop tard. Bien trop tard. Pourtant, une partie de moi refuse de l'accepter. Une partie de moi... espère encore. Il baisse la tête un instant, puis lève à nouveau ses yeux vers moi, sincère et vulnérable. — Pour ce que je t'ai fait... Tu ne méritais pas ça. Sa voix tremble légèrement, et je sens mon cœur vaciller, malgré tout. Je croise son regard, et mon souffle se coupe. Il y a quelque chose dans ses yeux, un mélange de regret et de tendresse, qui brise mes dernières défenses. Avant même que je ne puisse y réfléchir, je comble l'espace entre nous et l'embrasse. Il répond à mon b****r sans hésiter. Cela fait tellement longtemps. Tellement longtemps que je n'osais même plus imaginer ce moment, et pourtant... c'est si naturel. Une évidence. Quand nos lèvres se retrouvent, le reste du monde disparaît. Il n'y a plus la colère, la douleur, ou les non-dits. Juste nous, comme si rien d'autre n'avait jamais compté. Je me hisse sur la pointe des pieds, cherchant à me rapprocher davantage de lui. Ses mains glissent sur ma taille, et sans prévenir, il me soulève comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Mon dos rencontre doucement la porte, et je m'accroche à lui, les battements de mon cœur résonnant comme une tempête dans ma poitrine. Chacun de ses baisers fait éclater quelque chose en moi, un mélange de désir et de soulagement. Plus rien n'existe, juste cette chaleur, cette connexion. Je ferme les yeux, laissant l'intensité de l'instant m'engloutir complètement. Ses lèvres quittent les miennes pour tracer un chemin le long de ma mâchoire, de mon cou. Mon souffle se fait plus court, et pourtant, tout semble ralentir autour de nous. Ses gestes sont doux, hésitants parfois, comme s'il craignait que tout cela ne soit qu'un rêve. Je sens ses mains me soutenir, me redescendre doucement au sol. Nos regards se croisent à nouveau, et je vois dans ses yeux tout ce qu'il n'a jamais dit. Pas de mots, juste une compréhension mutuelle, une évidence. Je l'attire vers le lit, nos gestes maladroits mais empreints d'une tendresse presque douloureuse. Chaque mouvement est un écho de ce que nous avons retenu trop longtemps. Il effleure ma joue, ses doigts traçant des lignes invisibles sur ma peau. Nous nous laissons emporter, lentement. Ce n'est pas parfait, c'est juste nous, vulnérables, mais sincères. Et quand enfin nous sommes l'un contre l'autre, c'est comme si tout ce qui s'était brisé en nous se réparait peu à peu. Il n'y a pas de place pour le regret ou la rancune. Juste un moment où le temps semble s'arrêter, où le poids du passé disparaît, ne laissant que nous deux, enfin.
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