CHAPITRE IVMarie de MerckheimÀ la Mazurie, la neige est tombée ; elle a changé tout le décor du ciel, des arbres et de la terre ; chaque nervure des branches est marquée d’un trait blanc, chaque motte de gazon ouatée d’une couche givrée ; les tons s’accusent et se contredisent, et les prairies drapent un tapis farineux jusqu’au lacis confus du taillis qui forme une nue claire évaporée dans la brume. Le ciel est bas, épais, mais point sombre parce qu’il reflète toutes les blancheurs de la terre. Toute la matinée, Riette a couru dans la tombée des flocons ; ils se sont pressés, accumulés sur sa veste de loutre qui semble maintenant faite avec des plumes de cygne ; ses petits sabots ont à loisir creusé des trous dans les nappes intactes de la terrasse et tracé les pistes de son vagabondage,