Crossroad Café (VF)

Chapitre 2 : Le Crossroad Café

Vieux Al’ sortit de la voiture et en fit le tour pour ouvrir la porte de Bianca. Il se pencha vers Rosy puis la prit dans ses bras avant de marcher tranquillement vers le café.

Bianca sortit presque en sautant de la voiture en voyant la bâtisse. Elle était émerveillée par la devanture du Crossroad Café. Le bâtiment était un chalet impressionnant de trois étages entièrement construit en bois. On pouvait voir qu’il était parfaitement entretenu grâce à l’absence totale de poussière sur la peinture blanche des murs. D’énormes vitres étaient, quant à elles, habillées de gravures de loups, de lierres, d’étoiles et de lunes.

Le café portait un grand panneau. C’était la silhouette d’un loup noir hurlant à la lune avec écrit « Crossroad Café » en un jaune fluo. Elle se demandait quel lien il pouvait bien y avoir entre un loup et un carrefour (=Crossroads en anglais). Le logo n’avait pas de sens pour elle.

Vieux Al’ se racla la gorge et elle réalisa qu’elle n’avait pas fait un pas depuis qu'elle était descendue de la voiture. Elle avait été complètement absorbée dans l’observation de l’incroyable bâtiment. Elle se dépêcha de les rejoindre lorsque le vieil homme ouvrit l’une des deux lourdes portes. Bianca ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement lorsqu’une douce atmosphère chaleureuse les accueillit.

Elle se retrouva à nouveau complètement captivée par l’intérieur du Crossroad Café. Il possédait tout ce qu’elle aimait : une décoration rustique avec de grosses pièces de bois et un bar énorme avec une sélection impressionnante de boissons. Le bois brut donnait un parfum particulier à la pièce et Bianca était pleinement reconnaissante d'avoir été conduite dans un tel lieu.

Sur sa droite, elle vit une magnifique cheminée en pierre dont l'encadrement avait été habillée de grandes pièces de bois. De grands canapés noirs avaient été posés autour et des couvertures épaisses aux couleurs chatoyantes avaient été mises à même le sol. Elle réalisa à quel point elle était épuisée et qu’elle adorerait pouvoir se blottir dans le confort d’un des fauteuils. Elle s'imaginait parfaitement sirotant un café, un livre à la main allongée dans un des canapés, pendant que Rosy jouerait par terre ou dormirait près d'elle. Ce lieu la faisait rêver et était si accueillant et chaleureux qu'elle aurait voulu pouvoir y venir tous les jours.

Vieux Al’ posa Rosy délicatement sur le bar. Elle était toujours endormie et Bianca était surprise de la facilité avec laquelle la petite avait accordé sa confiance au vieil homme. Rosy était habituellement craintive devant les inconnus et le fait qu'elle n'ait pas pleuré lorsque le Vieux Al l'avait porté la première fois, avait, pour ainsi dire, fait baisser la garde la jeune femme. Le vieil homme sembla chercher quelque chose, puis se pencha et utilisa une petite cloche que Bianca n’avait pas remarquée en entrant.

Un jeune homme apparut de nulle part, surprenant Bianca au plus haut point.

« _ Salut, Vieux Al’, commença-t-il avant de s’arrêter brusquement lorsque ses yeux se posèrent sur Rosy. Hé, Vieux Al’, tu nous as fait un bébé derrière notre dos, hein ? »

Vieux Al’ se contenta de le regarder sans émotion et répondit :

« _ Apporte-moi du lait chaud pour la petite, Mat… et que souhaitez-vous boire Bianca ? »

Mat poussa un cri étranglé lorsqu’il remarqua enfin la jeune femme.

« _ Alo… sérieusement ? Une… étrangère ? Ici ? »

Le vieux Al’ se contenta de hausser les épaules :

« _ C’est le Crossroad Café, non ? »

Mat approuva silencieusement et commença à réchauffer le lait pour Rosy. Il s’adressa à voix haute à ces clients tardifs :

« _ Vous avez de la chance, les gars. J’avais un vieux biberon qui traînait dans l’arrière-boutique et que j’ai nettoyé pas plus tard qu’hier. Je voulais le donner à ma sœur … Elle va bientôt devenir maman, vous savez.

_ Que voulez-vous boire, Bianca ? Demanda le vieil homme à nouveau.

_ Vous pouvez me tutoyer, Vieux Al’.

_ Bien, mais seulement si tu me tutoies aussi.

Bianca fit un sourire au vieil homme puis s’adressa à Mat :

_ Une tasse de café serait fantastique, s’il vous plaît.

_ Ah ! Si tu tutoies le vieil Al’, il faut que tu fasses pareil avec moi, répondit joyeusement Mat.

_ Un café, s'il te plaît. »

Elle se rapprocha du comptoir du bar et Vieux Al’ lui tendit Rosy, qui s’était à nouveau endormie.

« _ Allez vous installer sur le canapé près de la cheminée… Vous avez besoin de vous réchauffer… c’est vraiment une sacrée nuit… »

Bianca se contenta de hocher la tête et prit place sur le canapé se trouvant pile devant le foyer de la cheminée. Elle put observer les sculptures et les petites statuettes de loups qui ornaient l’âtre. Elle pensa « le propriétaire doit vraiment aimer les loups. C’est tellement beau… l’artisan qui les a réalisés a vraiment du talent… »

« _ Et voilà pour vous… » Mat interrompit la rêverie dans laquelle Bianca s’était plongée et posa un plateau sur la table basse qui se trouvait devant elle. « Je ne savais pas si tu voulais du sucre ou du lait dans ton café alors je t’ai mis un peu de tout. J’ai ajouté un sandwich BLT (Bacon Laitue Tomate), cadeau de bienvenue de la maison !

_ Merci beaucoup, dit-elle reconnaissante.

_ Je suis Ayawamat, mais il faut croire que tout le monde est paresseux et se contente de m’appeler Mat. »

Le jeune homme tendit une main en avant et Bianca ne se fit pas prier pour la serrer.

« _ Je suis Bianca, heureuse de faire ta connaissance, Mat. »

Mat était un jeune homme amical, du genre charmant et toujours souriant. Il possédait des cheveux noirs ondulés et des yeux marron où la gentillesse brillait. Il portait un simple jean et un t-shirt noir sur lequel brillait en jaune fluo « Crossroad Café ». Le même logo que celui qui se trouvait à l’entrée, avec le loup hurlant à la lune.

Cependant, Mat ne relâcha pas tout de suite la main de Bianca, comme les normes sociales l’auraient voulu.

« _ Tu es vraiment une bonne âme, non ? »

Bianca leva un sourcil ne comprenant pas ce qu’il voulait dire.

« _ Une bonne âme ? »

Le vieux Al’ se racla la gorge.

Mat se rendit compte qu’il tenait toujours la main de Bianca et la relâcha avant de retourner derrière le Bar.

« _ Bien… Bon appétit, Bianca ! »

Bianca ne savait pas comment réagir à cet instant… « Ce doit être une expression américaine » murmura-t-elle pour elle-même. Elle donna le biberon à Rosy et ajouta deux sucres à son café. À la seconde où la boisson chaude toucha ses lèvres, elle ne put se retenir et recracha tout.

Le vieux Al’ et Mat partirent d’un fou rire. Leurs voix résonnèrent entre les murs du café alors que Bianca essayait de retrouver ses esprits.

« _ Oh la la, mais qu’est-ce que c’est que ça ? » Elle en avait les larmes aux yeux et l’amertume de la boisson était en train de la tuer.

Le vieux Al’ lui tendit un verre d’eau :

« _ Ici, on appelle ça de la pisse de vache…

_ Excusez-moi ! J’aime appeler ce café « la potion du sorcier » dit faussement vexé Mat. Je peux t’en faire un autre, Bianca, il pourrait être bon cette fois-ci… on ne sait jamais vraiment le goût qu’il aura.

_ Je pense que je vais me contenter de boire de l’eau… »

Le bruit soudain d’une porte qui claque interrompit la conversation et une ombre noire apparut.

Un homme colossal à moitié vêtu et trempé par la pluie battante au dehors, pénétra dans le café. Ses yeux rouges démoniaques semblaient balayer les lieux à la recherche de quelque chose… ou de quelqu’un.

Le Vieux Al’ s’approcha avec prudence de Bianca et de Rosy. Il murmura :

« _ Baisse la tête, ne le regarde surtout pas. »

Puis, il plaça sa main sur l’épaule de la jeune femme et s’adressa à l’étranger :

« _ C’est vraiment une sacrée nuit… qu’est-ce que tu fais ic…

_ Silence, vieil homme… »répondit une voix grave et rauque.

Bianca retint son souffle. Tout chez cet homme qu’elle avait à peine eu le temps d’apercevoir criait au danger. Elle s’inquiétait pour la sécurité de Rosy mais, une toute petite partie d’elle-même aurait voulu écouter cet homme parler pour l’éternité.

« _ Il y a une voiture laissée à l’abandon sur la route principale… avec une odeur… intéressante. Et c’est étrange la manière dont l’odeur a disparu puis est soudain réapparue ici… »

Mat répondit alors qu’il séchait un verre à whisky à l’aide d’un torchon :

« _ On ne voit pas de quoi vous parlez, Alpha… Il n’y a personne d’autre ici à part, vous, Vieux Al’ et moi. »

Un rugissement furieux fit soudainement écho dans le café et Bianca dut poser ses mains sur sa bouche pour ne pas crier. Grâce aux ombres sur le sol, elle put voir Mat être soulevé par la gorge.

« _ Essaierais-tu de mentir à un Alpha, clébard ? La voix était tellement menaçante que Bianca ne put s’empêcher de trembler.

_ Je n’essaie pas de vous mentir, Alpha… répondit Mat alors qu’il pensait intérieurement, c’est ce que je suis en train de faire.

_ C’est le Crossroad Café, ici, Alpha, coupa le Vieux Al’, n’importe qui peut aller et venir comme bon lui semble et personne n’a à obéir à personne. Il n’y a pas de hiérarchie, c’est pour cette raison que ce lieu existe. Tu as signé le traité en même temps que tout le monde. »

L’homme appelé Alpha relâcha Mat. Ce dernier s’effondra au sol en toussant pour tenter de respirer à nouveau.

« _ Et bien… tu as raison. Mais Vieux Al', tu passeras un message de ma part à « l’odeur intéressante ». Tu lui diras bien que j’ai toutes ses affaires en ma possession. Et que la personne devra venir sur mes terres, dans ma meute si elle souhaite les récupérer… »

Des bruits d’os se brisant et des grognements sonores résonnèrent dans le café. Puis, le BANG d'une porte claquant indiqua qu'Alpha était finalement sorti.

« _ Pu.tain, c’était intense ! S’exclama Mat, vous avez vu comment je lui ai tenu tête, les gars ?

_ Ah… oui, oui, tu l’as affronté comme un champion, répondit moqueusement Vieux Al’ en secouant la tête, puis il relâcha l’épaule de la jeune femme.

Bianca se leva et tourna la tête vers la porte maintenant fermée.

« _ C’était quoi ça ?

_ Ça, très chère Bianca, c’était Alpha Black… et je crois que tu te trouves à présent dans une situation bien compliquée. »